Compagnies et aéroports s'écharpent sur le célèbre "droit du grand père" qui favorise les vols à vide

La déferlante du variant Omicron recrée des tensions entre compagnies aériennes et aéroports sur le niveau d'activité à maintenir pour ne pas perdre les précieux créneaux horaires de décollages et d'atterrissages dans les aéroports comme le prévoit le règlement européen. Fixé à

Pendant la crise sanitaire, l'opposition entre les aéroports et les compagnies aériennes ne concerne pas seulement le niveau des redevances facturé par les premiers aux seconds, il touche aussi le volume de créneaux horaires de décollages et d'atterrissages dans les aéroports (slots). En cause la règle du "use-it-or-lose-it" ("on s'en sert ou on le perd"), point clé du Règlement européen sur l'utilisation des créneaux. Avant la crise, cette règle exigeait des compagnies aériennes qu'elles utilisent leurs créneaux horaires à au moins 80% de leur capacité pour qu'elles puissent les conserver la saison suivante. C'est la règle du droit du grand-père, qui vise à optimiser l'utilisation des créneaux horaires, une denrée rare sur les aéroports congestionnés. Problème, en cas de dégringolade du trafic aérien, cette règle pousse les compagnies aériennes à maintenir leur activité même si les vols sont vides. Avec la crise sanitaire, le seuil a été abaissé comme ce fut le cas après le 11 septembre 2001, le SRAS en 2003 et la crise financière en 2009.

Seuil fixé à 50%

Plusieurs fois remanié depuis la crise sanitaire en raison de la chute du trafic, le seuil est aujourd'hui fixé à 50%. Le 15 décembre, Bruxelles a annoncé que ce seuil serait encore augmenté à 64% pour la prochaine saison d'été, du 28 mars au 29 octobre, provoquant la colère des compagnies aériennes qui estiment qu'il les pousse à voler à vide pour conserver les créneaux. Malgré nos demandes pressantes pour plus de flexibilité, l'UE a approuvé une règle d'utilisation de 50% (...) clairement irréaliste", a déclaré pour sa part mercredi à l'AFP un porte-parole de l'Association du transport aérien international (Iata), qui représente la grande majorité des compagnies. Fin décembre d'ailleurs Lufthansa a prévenu qu'il serait contraint d'effectuer "18.000 vols inutiles" durant l'hiver "uniquement pour conserver ses droits de décollage et d'atterrissage".

Consternation des aéroports

En réponse, l'association des aéroports européens, l'ACI Europe, a fait état de sa "consternation au sujet de l'escalade des déclarations" politiques et du secteur sur ce thème des "vols à vide" qui pour elle laissent entrevoir un "scénario de fin du monde (...) sans lien avec la réalité". Pour les aéroports qui ont intérêt à ce que les avions volent. Les compagnies aériennes peuvent bénéficier d'exemptions et "sont très bien protégées contre les incertitudes actuelles", notamment la vague du variant Omicron du Covid-19 qui a mis un coup de frein aux réservations. Les transporteurs peuvent en effet conserver leurs créneaux en faisant invoquer par leur régulateur national la clause de "non utilisation justifiée des créneaux". Celle-ci "couvre non seulement les interdictions de voyager pures et simples, mais aussi des restrictions de mouvement, des mesures de quarantaine ou d'isolement qui affectent la viabilité ou la possibilité de voyager, ou la demande sur certaines liaisons", selon l'organisation.

Bruxelles sous pression

En tout cas la Commission est sous pression. Le ministre belge de la Mobilité, Georges Gilkinet a écrit lundi à la commissaire aux Transports, Adina Valean, pour faire cesser une aberration économique et environnementale dénoncée par le secteur aérien.

Dans son courrier à la Commission,Georges Gilkinet réclame un nouvel abaissement de ce seuil, évoquant des circonstances exceptionnelles. Bruxelles explique sa fermeté par un impératif de concurrence. Un porte-parole de la Commission a invoqué mercredi "la nécessité de veiller à ce que la capacité aéroportuaire soit utilisée de manière concurrentielle au profit de tous les consommateurs". En effet, de telles règles barrent l'accès de certains aéroports à de nouveaux.

Lire aussi 8 mnWizz Air demande la fin du moratoire sur les "slots", un frein à son impressionnant développement pendant la crise

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Commentaires 7
à écrit le 09/01/2022 à 3:58
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Croire au politique quand on est adulte, c'est comme les enfants avec le pere noel. Grand naif.

à écrit le 08/01/2022 à 9:50
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Ce n'est pas le covid ni les écologistes qui nuisent au transport aérien ! Il était déjà mal en point en 2019, le covid l'a achevé en 2020. Les raisons ? Un modèle économique imbécile, le «bas-coût/bas-prix» (low-cost). Les prix des billets étant inf...

à écrit le 08/01/2022 à 9:47
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La pollution générée étant un moindre mal comparée au gaspillage d'argent public que ce secteur génère tandis que les politiciens nous ont massivement endetté depuis deux ans et demi. C'est la qu'est l'aberration totale, ces aéroports sont totalement...

à écrit le 08/01/2022 à 9:12
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Et on nous "emm....e" pour le moindre g de CO2 émis par nos habitudes de consommation ou nos besoins de déplacement et de chauffage ? Toutes nos zélites sont complètement délirantes

à écrit le 08/01/2022 à 9:06
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Le transport aérien de masse Low cost lié au tourisme de masse est un non sens écologique. L'économie prendra toujours le pas sur l'écologie et ce n'est qu'à la marge qu'elle sera prise en compte. Chacun en tirera ses propres conclusions.

le 08/01/2022 à 9:37
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stop avec vos ecolos des villes allez vivre a la campagne et svp silence vos fantasmes ont s'en tape avec vous plus de coq plus de cloche mais des motos qui petarade ou des quads le dimanche

à écrit le 08/01/2022 à 8:48
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c'est vraiment un monde ou l'ypocrisie regne en maitre qui sont ces personnes qui oblige les avions a voler a vide car il y a bien des responsables de tel idiotie qui doivent etre au chomage a vie et sans remuneration je croyais que le monde alle...

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