Corsair accélère sa métamorphose pour revenir rapidement dans le vert

Après la commande de trois Airbus A330 Neo en mai dernier, la compagnie française va commander d'ici à fin septembre deux A330-300 et deux A330-900 Neo pour renouveler et développer sa flotte. En mai 2021, après la sortie du dernier B747, la compagnie exploiteta 10 A330 et basculera dans le vert selon sa direction. La compagnie réorganise son réseau et compte se développer vers l'Amérique du Nord. Le 10 juin 2010, elle ouvrira Paris-New York. Alors qu'elle vise 13 avions en 2023, Corsair aura besoin de nouveaux créneaux horaires de décollage à Orly.
Fabrice Gliszczynski

Hasard du calendrier. Au lendemain de la liquidation d'Aigle Azur, Corsair a détaillé ce mardi 17 septembre son plan stratégique pour rester durablement dans le ciel français, avec l'ambition affichée par son PDG Pascal de Izaguirre "d'être un acteur significatif sur le long-courrier en France". Cet objectif accompagne un plan de développement très ambitieux décidé en mars par le nouvel actionnaire de référence, le groupe allemand Intro Aviation, lequel va tenter de faire de Corsair une entreprise rentable.

Nouvelle structure actionnariale

La compagnie est en plein renouveau. Depuis mars dernier, elle n'est plus sous l'aile du géant du tourisme TUI, un actionnaire aux poches profondes bien utile en cas de coup dur, mais dont la seule stratégie ces dernières années était de trouver un repreneur pour se désengager de cette compagnie aux pertes chroniques. Propriétaire à 100% depuis 17 ans, TUI a donc cédé en mars dernier 53% du capital à Intro Aviation et 20% aux salariés de Corsair, tout en restant dans le capital à hauteur 27% du capital pour une durée de trois ans.

Six mois après ce bouleversement actionnarial, la compagnie française met les bouchées doubles pour se métamorphoser avec deux objectifs : se développer rapidement et rationaliser sa flotte et son réseau, deux éléments indispensables pour avoir enfin une taille critique et mettre fin à cette aberration industrielle d'avoir deux types d'avions pour une flotte de sept appareils (4 A330 et 3 B747).

Doublement de la flotte

La flotte va quasiment doubler d'ici à quatre ans en passant de 7 appareils aujourd'hui à 10 en 2021 puis à 13 en 2023, et sera composée uniquement d'Airbus A330 (A330-300 et 900 Neo équipés de nouveaux moteurs) après la sortie des trois 3 Boeing 747-400 d'ici à avril 2021. Cette homogénéisation de la flotte est cruciale pour Corsair puisqu'elle fera automatiquement basculer les comptes de la compagnie dans le vert en 2021.

La rationalisation de la flotte permettra en effet d'améliorer l'exploitation de la compagnie et de générer des diminutions de coûts et des synergies considérables. Les gains estimés s'élèvent à de « plusieurs dizaines de millions d'euros », selon Pascal de Izaguirre.

« Corsair ne pouvait pas faire de miracle avec les outils qu'elle avait », a-t-il déclaré, lors d'une conférence de presse.

Le renouvellement de la flotte est même accéléré

Après avoir commandé trois A330-900 Neo en mai dernier (livrables entre août 2020 et avril 2021), la compagnie va commander d'ici à septembre quatre gros-porteurs supplémentaires. Deux A330-300 récents seront en effet livrés en janvier et avril 2020 et deux A330-900 Neo suivront en mai et décembre de la même année.

Les nouveaux avions seront équipés de nouveaux sièges pour poursuivre la montée en gamme initiée il y a quelques années. L'introduction, il y a plus d'un an, d'une classe affaires étant un succès, selon Pascal de Izaguirre, Corsair a décidé d'augmenter le nombre de sièges en classe affaires et en Premium Economy. Les A330 Neo disposeront de 20 sièges en classe affaires (contre 12 aujourd'hui) et 21 en classe Premium (contre 12 sur les A330 et 18 sur les 747).

Besoin de créneaux de décollage à Orly

Pour exploiter une flotte deux fois plus grosse d'ici à quatre ans,  Corsair aura besoin de créneaux horaires de décollage et d'atterrissage à l'aéroport d'Orly. Son portefeuille actuel permet l'exploitation de dix avions seulement. Et ce, en récupérant les créneaux prêtés à Vueling et TUIfly. Pascal de Izaguirre entend donc positionner Corsair sur toutes les nouvelles distributions de créneaux qui pourraient se constituer, comme celui d'Aigle Azur si tous ses créneaux, faute de repreneurs, étaient redistribués.

Le rationalisation de la flotte s'accompagne d'une rationalistation du réseau de destinations. Positionnée historiquement sur les Antilles et la Réunion, Corsair entend se diversifier vers d'autres marchés, et notamment l'Amérique du Nord. Après l'ouverture de Miami en juin dernier, et le développement de Montréal, Corsair ouvrira la ligne Paris-New York le 10 juin 2020, en même temps que son concurrent français French Bee. Cette ligne caractérise la stratégie de Corsair de se développer sur des lignes à fort trafic capable d'absorber un service quotidien comme le permettent les A330.

"Excellent niveau de trésorerie"

L'objectif est d'aller vite pour récolter le plus vite possible les fruits des investissements. Pour Pascal de Izaguirre, Corsair « a les moyens financiers pour réussir son développement ». « Notre trésorerie est d'un excellent niveau », a-t-il ajouté. Avant la cession de ses parts en mars, TUI a recapitalisé la compagnie à hauteur de 37 millions d'euros. En outre, Corsair possède des actifs, dont quatre avions qui vont sortir de la flotte et qui vont être vendus. Le premier, un A330-200, le sera en janvier. Suivront ensuite les trois B747, dont la valeur des moteurs permettra d'obtenir un chèque intéressant.

Fabrice Gliszczynski

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 18/09/2019 à 12:49
Signaler
"Après la commande de trois Airbus A330 Neo en mai dernier,"...on présume que la dernière rangée de sièges aura été supprimée avant livraison...afin de ne pas déséquilibrer l'avion...à l'identique du 320 Neo ; après le 737 Max, c'est vraiment très ra...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.