Coup de tonnerre : CMA CGM déboule dans le capital d'Air Caraïbes et French Bee

Fragilisé par la crise qui frappe le transport aérien, le groupe Dubreuil, actionnaire d'Air Caraïbes Atlantique (la partie long-courrier), Air Caraïbes régional (spécialisée sur l'arc antillais) et la compagnie low-cost long-courrier French Bee, ouvre le capital de son pôle aérien à CMA CGM, quatrième transporteur maritime mondial. Egalement très présent aux Antilles. l'armateur marseillais va prendre 30% du capital dans le cadre notamment d'une augmentation de capital de 50 millions d'euros.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Air Caraïbes – Harold Asencio)

La crise sans précédent que traverse le transport aérien chamboule le ciel français. Si elle n'a pas encore provoqué de disparition d'entreprises, elle entraîne en revanche une recomposition actionnariale de plusieurs grands noms du transport aérien tricolore.

Alors que Corsair finalise un plan de sauvetage avec la sortie des actionnaires actuels et qu'Air France-KLM prépare une augmentation de capital d'ici à fin mai, le groupe Dubreuil, actionnaire d'Air Caraïbes Atlantique (la partie long-courrier), Air Caraïbes régional (spécialisée sur l'arc antillais) et la compagnie low-cost long-courrier French Bee, ouvre le capital de ce pôle aérien à CMA CGM, quatrième transporteur maritime mondial, très présent aux Antilles. L'armateur français va prendre 30% du capital du pôle aérien (appelé Groupe Dubreuil Aéro) dans le cadre d'une augmentation de capital de 50 millions d'euros et d'une cession de titres.

CMA CGM a de la suite dans les idées. Il y a 17 ans, il avait examiné avec Virgin Express le dossier de la reprise d'Air Lib.

CMA CGM se développe dans la logistique

Avec cette opération, le groupe maritime veut développer un pôle d'expertise dans le transport et la logistique pour pousser ses pions dans le fret aérien. Depuis trois ans en effet, le groupe se développe de plus en plus vers la logistique comme l'a montré le rachat au printemps 2019 de Ceva Logistics. Une stratégie payante qui lui a permis de rester bénéficiaire malgré la baisse des volumes provoquée par la crise sanitaire.

"Nous abordons la crise en pleine forme" (Jean-Paul Dubreuil, fin mars)

Avec une petite quinzaine de gros-porteurs (14 dont 8 A350), le pôle aérien du groupe Dubreuil constitue la deuxième entité française après le groupe Air France. Bien géré, il a toujours dégagé des profits avant la crise sanitaire malgré une croissance très forte avec l'achat d'A350. Mais aujourd'hui, la donne a changé. Le groupe aérien est frappé comme l'ensemble du secteur par les conséquences de la crise sanitaire. Celle-ci est redoutable et a complètement chamboulé la vision de Jean-Paul Dubreuil, le président du groupe éponyme. Fin mars, il déclarait dans nos colonnes que cette crise n'était "pas la fin du monde" et que son groupe abordait la crise "en pleine forme" et qu'il comptait bien être une nouvelle fois bénéficiaire. Aujourd'hui, le groupe s'attend à une perte significative et doit de se placer sous l'aile d'un mastodonte du transport maritime, même s'il en garde le contrôle.

Lire aussi : Air Caraïbes et French Bee déplorent l'aide prévue par l'Etat à Air France

La reprise est extrêmement lente. Après avoir redémarré ses vols long-courriers fin juin, Air Caraïbes et French Bee ont enregistré cet été des résultats de trafic relativement satisfaisants au regard du contexte. Les vols étaient en effet remplis à plus de 80% en moyenne sur les Antilles. Si huit gros-porteurs ont été utilisés cet été, le groupe a réduit la voilure en septembre en entrant dans une période traditionnellement creuse qui l'est encore plus cette année. Seuls six appareils sont opérationnels. Air Caraïbes a resserré son réseau sur les Antilles et va rouvrir Paris-Punta Cana en octobre en raison des mesures sanitaires poussées prises par la République dominicaine.

Corsair finalise aussi un changement d'actionnaires

Cette opération capitalistique intervient également au moment où Corsair, concurrent d'Air Caraïbes et de French Bee, est en passe de boucler son plan de sauvetage dévoilé début en juin par La Tribune. Celui-ci passe par la cession des parts des actionnaires existants (Intro Aviation et TUI) à des investisseurs, mais aussi par une recapitalisation de TUI et d'un prêt de l'Etat. Selon Challenges, un consortium d'investisseurs antillais et le Département de Guadeloupe vont reprendre Corsair.

Lire aussi : Corsair négocie un incroyable plan de sauvetage

Fabrice Gliszczynski

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