Dubaï : une taxe sur les passagers pour financer son nouvel aéroport colossal

L'émirat de Dubaï a décidé d'instaurer une redevance de 9,5 dollars par passager à partir du 30 juin pour financer le développement de ses aéroports. Depuis des années, des compagnies comme Air France considèrent la faiblesse des redevances aéroportuaires dans les pays du Golfe comme une subvention indirecte faite à leurs compagnies.
Fabrice Gliszczynski

C'est une décision que n'hésiteront pas à utiliser les partisans d'Emirates dans les débats accusant les compagnies du Golfe de bénéficier d'aides publiques.

Ce mercredi, l'émirat de Dubaï a décidé d'introduire à partir du 30 juin une redevance de 35 dirhams des Emirats arabes unis (8,41 euros) pour tous les passagers empruntant ses aéroports afin de financer leur extension, y compris ceux en correspondance. Jusqu'ici, l'aéroport appliquait une redevance de 75 dirhams (passenger service charge) qui ne s'appliquait qu'aux passagers voyageant au départ de Dubaï effectuant des vols dits de point-à-point.

Nouvel aéroport colossal

Cette nouvelle redevance va rapporter gros. Plus de 78 millions de passagers ont en effet transité en 2015 à l'aéroport international de Dubaï, aujourd'hui le numéro un mondial en termes de passagers internationaux devant Londres Heathrow. Cette année, l'aéroport table sur 85 millions de passagers. L'ouverture en février du hall D d'un coût de 1,2 milliard d'euros, porte sa capacité annuelle à 90 millions de passagers.

Surtout, si cette nouvelle redevance permettra de financer le développement de l'aéroport international de Dubaï et la rénovation des terminal 1, elle contribuera également à financer la construction du nouvel aéroport Al-Maktoum International (également appelé Dubai World Central, DWC).

Ouvert en 2010, cet aéroport qui doit atteindre une capacité de 120 millions de passagers par an vers 2022 (voire 200 millions en 2050), n'accueille aujourd'hui que quelques vols charter et low-cost ainsi que des vols cargo. Sa capacité actuelle est de 7 millions de passagers. En 2014, l'émirat avait validé un plan d'investissement de 32 milliards de dollars pour passer enfin à la vitesse supérieure.

La première phase du projet, qui devait s'étendre sur six à huit ans, prévoyait la construction de deux terminaux et cinq pistes parallèles suffisamment espacées les unes des autres pour être utilisées simultanément. Ces installations s'étendront sur une surface de 56 kilomètres carrés, et pourront notamment accueillir 100 Airbus A380 en même temps. Le transfert des activités d'Emirates dans ce nouvel aéroport n'est pas bien clair.

Le débat sur les aides publiques

L'aéroport assure rester parmi les grands aéroports les moins coûteux en termes de charges. Depuis des années, des compagnies européennes n'ont cessé de dénoncer la faiblesse des redevances aéroportuaires dont bénéficie Emirates à Dubaï. Pour elles, le financement des infrastructures par leur émirat-actionnaire constitue le principal soutien public accordé à la compagnie aérienne de Dubai. En 2010, Pierre Henri Gourgeon, alors directeur général d'Air France-KLM, affirmait que l'aéroport de Dubai était 7 fois moins cher que Roissy-Charles de Gaulle.

Lire ici : quand le Dg d'Air France)-KLM vide son sac

En 2015, dans un entretien accordé au Figaro, Frédéric Gagey, le Pdg d'Air France a même indiqué qu'"il est certain que si les compagnies européennes payaient peu de redevances aéroportuaires comme celles du Golfe, leurs problèmes seraient résolus".

"Chaque année, Air France et ses passagers versent quelque 500 millions d'euros à Aéroport de Paris", expliquait Frédéric Gagey, quand les compagnies du Golfe, selon lui, "bénéficient notamment de subventions indirectes importantes puisqu'elles s'acquittent de très faibles redevances aéroportuaires dans leur pays".

Avec cette redevance à Dubaï, Emirates devrait se rapprocher de ces sommes. Voire les dépasser. L'an dernier, la compagnie a transporté 50 millions de passagers.

Lire ici : redevances aéroportuaires, le PDG d'Air France critique les compagnies du Golfe

Fabrice Gliszczynski

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Commentaire 1
à écrit le 31/03/2016 à 21:06
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Moi je trouve ça bien de faire payer ces infrastructures de luxe destinées à une clientèle fortunée, par ceux qui les utilisent :dommage que les caciques politiciens de Nantes n'ait pas cette mentalité ! Eux, ils font payer le prix fort aux croquants...

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