EasyJet survole l’été avec des réservations qui flambent

Johan Lundgren, PDG de la compagnie depuis 2017, mise sur une performance encore supérieure à celle de l’an passé.
Marie-Pierre Gröndahl
Le directeur général d’EasyJet, Johan Lundgren, à l’aéroport de Gatwick (Royaume-Uni).
Le directeur général d’EasyJet, Johan Lundgren, à l’aéroport de Gatwick (Royaume-Uni). (Crédits : LTD / TIM ANDERSON)

L'été 2024 devrait être le meilleur de toute l'histoire d'EasyJet. La compagnie low cost britannique, qui fêtera ses trente ans l'an prochain, l'espère et s'y prépare. Au siège de Luton, l'aéroport situé à moins d'une heure de Londres, son PDG, Johan Lundgren, s'apprête à inaugurer le tout nouveau centre des opérations, encore en travaux, dans une dizaine de jours. Mais une partie du bâtiment est déjà occupée par les équipes techniques chargées de veiller sur les 1 600 vols quotidiens, leur ponctualité et leur régularité, deux arguments au cœur du positionnement d'EasyJet, qui a versé en 2023 son premier dividende depuis la crise sanitaire. Et a réalisé un chiffre d'affaires en augmentation de 42 % lors de son dernier exercice, à 9,51 milliards d'euros.

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Pour ce Suédois de 57 ans, nommé à la tête de l'entreprise en décembre 2017, la période estivale - qui court d'avril à septembre dans le secteur aérien - sera l'occasion de confirmer la pertinence de ses choix stratégiques, après une année 2023 marquée par le redressement du transporteur et son désendettement. « Je suis très confiant, assure-t-il, d'autant que nos performances ont été phénoménales à Pâques. Nous attendons une hausse de 8 % des ventes cet été sur le court-courrier. Aucun de nos concurrents ne fera mieux. Les compagnies traditionnelles se situeront entre 2 % et 3 % d'augmentation, Ryanair à 7 %. »

Les réservations déjà enregistrées confirment son optimisme. Le nombre de passagers devrait atteindre ou dépasser le niveau de 2019, dernière année avant la crise sanitaire. Ses concurrents affrontent parallèlement des vents contraires. L'irlandais Ryanair, fondé en 1984, première compagnie européenne pour ce qui est du nombre de vols quotidiens (juste devant sa rivale britannique), pâtit du retard de livraison des Boeing 737 Max et a dû revoir ses prévisions de vols à la baisse en conséquence. Wizz Air, une autre low cost plus modeste, dispose bien d'une flotte d'Airbus, comme celle d'EasyJet, mais équipés de moteurs Pratt & Whitney (ceux d'EasyJet sont produits par CFM International) qui subissent des difficultés de fabrication.

« Le trafic mondial avait presque retrouvé son niveau pré-pandémie l'an dernier, avec 4,3 milliards de passagers transportés ; cette année, les prévisions d'Iata, l'Association du transport aérien international, atteignent 4,7 milliards », détaille Paul Chiambaretto, professeur à Montpellier Business School et directeur de la chaire Pégase, consacrée à l'économie du transport aérien. Si le contexte géopolitique demeure très tendu, notamment au Moyen-Orient, le modèle des low cost, plus fragile, « reste très adapté aux périodes de crise et d'incertitude », ajoute Paul Chiambaretto.

Les voyages en avion au mieux de leur forme

« Beaucoup d'experts avaient prédit le déclin des voyages en avion après le Covid, c'est l'inverse qui s'est produit : la demande n'a jamais été aussi forte malgré l'inflation et la pression sur le pouvoir d'achat », insiste Johan Lundgren. Avec un prix moyen d'environ 70 euros par billet, EasyJet est certes plus chère que Ryanair, entre autres parce que ses salariés sont employés sous contrats locaux, mais demeure bien plus abordable que les compagnies traditionnelles. Ce qui lui permet d'attirer de plus en plus de voyageurs d'affaires (11,3 millions en 2023), notamment en France sur les lignes Paris-Toulouse et Paris-Nice, grâce à son implantation dans les principaux aéroports.

Si les grèves surprises des contrôleurs aériens de l'été dernier en France avaient profondément perturbé la ponctualité des vols, la situation devrait s'améliorer cette année, en raison d'une absence de mouvements sociaux pendant les JO. Mais aussi grâce à l'avertissement, désormais obligatoire, de quarante-huit heures avant le déclenchement d'une grève. Une mesure réclamée par les compagnies pour pouvoir mieux anticiper le planning des vols.

EasyJet en chiffres

336 avions

1 024 lignes

155 aéroports dans 36 pays

16 000 salariés

1 600 à 2 000 vols par jour

82 millions de passagers en 2023

L'été prochain sera aussi pour Johan Lundgren l'occasion de surveiller le déploiement de la nouvelle filiale, EasyJet Holidays. Ancien numéro deux du tour-opérateur allemand TUI, le PDG de la compagnie souhaitait depuis plusieurs années déjà se diversifier sur le marché des vacances à forfait. Le lancement au Royaume-Uni a été retardé par la pandémie mais la filiale a fait ses preuves en 2023 avec un bénéfice de 142 millions d'euros, soit le quart de celui de la compagnie.

« Les marges du secteur aérien sont très faibles à cause d'une concurrence exacerbée sur les prix des billets d'avion, explique Paul Chiambaretto. Les compagnies misent donc sur des produits annexes, dont le paiement pour les bagages ou les suppléments à bord, ou encore les forfaits avec hôtels pour améliorer leurs bénéfices. » C'est bien le pari d'EasyJet Holidays, désormais accessible en France, en Allemagne et en Suisse, avec 5 000 hôtels quatre et cinq étoiles (3 000 en France pour l'instant) et 500 destinations au total. « Nous savions que 20 millions de nos passagers réservaient des hôtels indépendamment de leurs billets d'avion ; leur offrir ce service répond à une demande et à une stratégie commerciale », dit le dirigeant, qui fut guide touristique au début de sa carrière. Face au débat sur les effets négatifs du surtourisme, Johan Lundgren défend son positionnement : « Le tourisme est une source de revenus pour les communautés locales. Il faut un plan de développement responsable pour qu'elles puissent en bénéficier pleinement. »

Marie-Pierre Gröndahl

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Commentaires 7
à écrit le 15/04/2024 à 10:05
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Le magazine World's Travellers a procédé à une étude concernant la clientèle des compagnies aériennes low-cost. Selon celle-ci 75% des passagers jettent leurs déchets depuis leur automobile, 80% sont supporters d'une équipe de foot, 72% sont homopho...

le 15/04/2024 à 14:30
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"jettent leurs déchets depuis leur automobile" mais ne le font pas par les hublots, ouf ! L'aviation est sauvée. :-) Votre magazine a-t-il fait pareil pour la clientèle des compagnies aériennes high-cost ? Voire jet privé.

à écrit le 14/04/2024 à 23:31
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S il y a un autre conflit en orient Iran-Israel et des attentats aux Jo lui comme ryanair vont va vite déchanter ....

à écrit le 14/04/2024 à 20:14
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Air France a perdu son chance dans la categorie des vols low cost.Parce que les français avaient peur de faire qqchose sans demander d'allemands.Air France est presque en faillite, mais Lufthansa aussi.Les gars veulent pas voler avec des companies ae...

à écrit le 14/04/2024 à 10:00
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Il faut bien que les "ayatollahs de l'écologie" puissent s'envoler en se mettant au vert à l'abri des regards, puisque tous les sports estivaux polluants les attendent au programme.

à écrit le 14/04/2024 à 9:01
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Sans moi. En plus pour aller où ? Quelle destination est sûre.

à écrit le 14/04/2024 à 8:14
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Vu comme les pays soutiennent l'aviation privée ce monsieur n'a aucun mérite.

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