Eurostar est-elle menacée de faillite ? À cette question posée ce vendredi à l'occasion d'une rencontre avec l'association des journalistes des transports et des mobilités (AJTM), Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs n'a pas répondu par "oui" ou par "non". Mais il a partagé son inquiétude à l'égard de la société franco-britannique, détenue à 55% par la SNCF. Le reste du capital appartiel à 40% par le consortium Patina Rail (composé pour 30% de la Caisse de dépôt et placement du Québec et 10% du fonds britannique Hermes Infrastructure) et à 5% par la SNCB belge.
"Je suis extrêmement préoccupé par Eurostar. Eurostar est dans une situation critique, je dirais même très critique. C'est une entreprise qui est plus touchée que l'aérien", a-t-il dit.
Pas d'aides d'État
Déjà touchée par le Brexit, la société ferroviaire subit de plein fouet les restrictions de voyage drastiques liées à l'envolée de l'épidémie au Royaume-Uni. Eurostar a vu son trafic chuter de 85% et n'assure plus qu'un aller-retour par jour entre Londres et Paris.
"La société est sous perfusion", a indiqué Christophe Fanichet.
Problème, si elle bénéficie des mesures de chômage partiel en France, l'entreprise ne bénéficie pas d'aides d'État ni au Royaume-Uni, ni dans l'Hexagone.
"Eurostar a deux défauts, c'est une entreprise française en Angleterre et n'est donc pas aidée par l'Angleterre, et elle n'est pas aidée non plus par les Français parce qu'elle est basée en Angleterre (...). Eurostar se retrouve pleinement aidée par ses actionnaires ", a expliqué Christophe Fanichet.
Pour lui, les solutions viendront des aides qu'Eurostar "pourra obtenir " au-delà des aides de ses actionnaires. La direction négocie "des prêts d'État au Royaume-Uni", a-t-il dit, ajoutant qu'une recapitalisation était envisageable "si la situation perdurait".
L'autre solution viendra évidemment de l'évolution des conditions sanitaires.
Fusion avec Thalys
Dans ce contexte, la fusion avec Thalys (détenue à 60% et par la SNCB 40%) est plus que jamais d'actualité. Répondant au nom de code "GreenSpeed", ce projet lancé en 2019 vise à créer un opérateur européen, d'abord positionné sur les axes assurés aujourd'hui par Eurostar (Paris, Amsterdam, Bruxelles et Londres...) et Thalys (Paris, Bruxelles, Amsterdam, Cologne...), puis dans un second temps sur d'autres marchés européens.
Après avoir été mis entre parenthèses pendant le premier confinement, ce projet a été relancé au début de l'été dernier et doit être effectif en 2021.
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