Ferroviaire : le challenger Railcoop va être liquidé

Après un an de bataille pour trouver des fonds et se relever d'un échec commercial dans le fret, la coopérative, et challenger de la SNCF, a annoncé ce mercredi sa prochaine liquidation.
La coopérative ferroviaire souhaitait notamment relier Bordeaux-Lyon via Roanne, Montluçon, Limoges, Périgueux en 7h30 environ.
La coopérative ferroviaire souhaitait notamment relier Bordeaux-Lyon via Roanne, Montluçon, Limoges, Périgueux en 7h30 environ. (Crédits : Railcoop)

La coopérative Railcoop, qui voulait relancer la liaison ferroviaire entre Bordeaux et Lyon pour les voyageurs, a annoncé mercredi « avec le plus grand regret » sa prochaine liquidation, après un jugement qui fait peser sur elle une dette « insoutenable ».

« Le schéma prévu pour sortir du redressement judiciaire est désormais caduc. En l'état, le tribunal de commerce de Cahors ne devrait pas avoir d'autre choix que de prononcer, le 15 avril 2024, la liquidation de notre coopérative », a indiqué Railcoop dans un message à ses sociétaires.

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L'ambitieux objectif d'une liaison Lyon-Bordeaux

Née en 2019, la coopérative aux 14.500 sociétaires, basée à Figeac dans le Lot, avait une belle ambition, mais pas assez de moyens. La coopérative ferroviaire souhaitait notamment relier Bordeaux-Lyon via Roanne, Montluçon, Limoges, Périgueux en 7h30 environ, avec des premiers trajets initialement prévus en 2022 puis plusieurs fois reportés. Elle avait finalement obtenu des sillons - créneaux de circulation- de SNCF Réseau pour assurer à partir du 15 décembre 2024 un aller-retour quotidien entre Bordeaux et Lyon — une liaison transversale délaissée par la SNCF en 2014 qu'elle entend relancer.

Bien partie pour se lancer, avec notamment deux autorails d'occasion, déjà acheté à travers l'accord signé avec SNCF Voyageurs et la région Auvergne-Rhône-Alpes, la compagnie a finalement cédé à des problèmes financiers.

Au bord de la cessation de paiement

Car Railcoop, au bord de la cessation de paiement depuis près d'un an, avait lancé en juin un appel à ses 14.500 sociétaires pour lever 500.000 euros avant le 30 septembre, afin de payer les salaires et régler les fournisseurs. Il lui manquait encore quelque 150.000 euros en septembre, selon son PDG Nicolas Debaisieux, contraignant l'entreprise à ouvrir une procédure collective devant le tribunal de commerce, compte tenu de son manque de fonds. Elle estimait alors, en septembre, ses besoins à 2,8 millions d'euros d'ici à l'été 2034 pour embaucher et former les personnels afin d'exploiter la ligne Bordeaux-Lyon. « Il y a un risque qu'on n'y arrive pas », avait d'ailleurs reconnu son PDG.

Finalement, Railcoop avait été placée en redressement judiciaire à la mi-octobre, ce qui ouvrait un délai de six mois pour trouver des capitaux afin de garantir la poursuite de son activité. La coopérative avait en particulier prévu de céder deux rames - rachetées d'occasion à la région Auvergne-Rhône-Alpes -, stockées par la société ACC M, spécialiste de la restauration de matériels ferroviaires, sur son site de Clermont-Ferrand, a-t-elle expliqué mercredi.

Mais ACC M « nous réclamait 880.000 euros de frais de garage, en sus des 350.000 euros déjà payés pour la réalisation de l'audit des rames (qui n'a pas été terminé) », a affirmé Railcoop. Dans ce contentieux, le tribunal de commerce de Clermont-Ferrand « vient de (...) donner raison le 21 mars » à ACC M. « Par cette décision, le tribunal nous empêche de procéder à la vente des deux rames (qui était signée), nous coupe toute source de financement de court terme, et nous fait porter une nouvelle dette, insoutenable », a remarqué Railcoop.

Un échec commercial dans le fret

La coopérative a aussi souffert d'un échec commercial. Après avoir lancé une liaison de trains de fret entre Viviez-Decazeville (Aveyron) et Saint-Jory (Haute-Garonne), en 2022, elle a finalement mis fin à son activité en avril après avoir perdu l'an dernier 4,7 millions d'euros dans ses activités de fret. Cet « échec commercial » lui a au moins permis de décrocher sa licence d'entreprise ferroviaire, fait remarquer le patron. « Le fret est trop consommateur de cash », soulignait alors Alexandra Debaisieux, la directrice générale adjointe.

Se voulant rassurante à l'égard de ses sociétaires, dans son communiqué, Railcoop confirmait vouloir « concentrer ses ressources sur le lancement de la ligne voyageurs Bordeaux-Lyon à l'été 2024 ». Une décision qui n'aura pas suffi à redresser la situation.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 28/03/2024 à 4:39
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Une entreprise vouée à l'échec des sa naissance, les pigeons crétins qui ont cru les belles paroles d'un pseudo entrepreneur n'ont à s'en prendre qu'à eux mêmes. Un tortillard Bordeaux Lyon à travers le Massif Central ne pouvait rivaliser avec un T...

le 28/03/2024 à 17:21
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Votre commentaire est sévère et lapidaire, mais hélas juste. Il est certain que pour le point à point, LYON-BORDEAUX leur liaison ne pouvait pas rivaliser avec le TGV et encore moins avec l'avion. Disons que pour les collectivités entre ces deux métr...

à écrit le 27/03/2024 à 20:58
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La viabilité de railcoop n'était pas économiquement réaliste les fonds investis , les aides publiques ni ont rien fait aucun autre investisseur n'a suivi .Cette activité demande trop de moyens financiers pour couvrir les frais de fonctionnement sans...

à écrit le 27/03/2024 à 20:27
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Dommage... Le rail c'est cher et le monopole SNCF n aide pas...

le 27/03/2024 à 20:53
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Le transport de fer peut pas être aux prix bas et c'est normal, parce que au contraire de transport low cost aerien, tous utilisent le même chemin ferreux

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