Ferroviaire : Madrid s'inquiète d'une OPA hongroise sur Talgo, son champion industriel des trains

Si l'offre publique d'achat est « amicale », Madrid s'inquiète des liens unissant le consortium hongrois à l'origine de l'opération et Viktor Orban, Premier ministre conservateur de la Hongrie.
Un train à grande vitesse fabriqué par l'entreprise espagnole Talgo et destiné à l'Arabie saoudite (photo d'illustration)
Un train à grande vitesse fabriqué par l'entreprise espagnole Talgo et destiné à l'Arabie saoudite (photo d'illustration) (Crédits : Reuters)

L'Espagne veille au grain pour protéger ses champions industriels. Illustration ce vendredi où le gouvernement espagnol a déclaré qu'il serait « vigilant » sur l'avenir du constructeur ferroviaire Talgo, visé par une offre publique d'achat (OPA) du consortium hongrois Ganz Mavag Europe. Madrid juge en effet que l'activité du fabricant de train est « stratégique » pour l'Espagne.

« Nous allons analyser cette opération et nous allons travailler pour garantir la stabilité future de Talgo », a assuré le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, interrogé lors d'une conférence de presse à Santiago de Chile, aux côtés du président chilien Gabriel Boric. « Nous défendrons toujours les projets industriels stratégiques pour l'Espagne ainsi que les emplois », a ajouté le chef du gouvernement espagnol.

Dans une réaction transmise à l'AFP, le ministère de l'Economie a prévenu vendredi qu'il serait « vigilant sur cette opération », qui touche « un secteur stratégique », a détaillé le ministère, disant défendre une position d' « équilibre », afin que l'Espagne reste « attractive » pour les investisseurs.

Une OPA « amicale »

Dans un communiqué envoyé jeudi soir au gendarme boursier espagnol (CNMV), le fabricant de trains espagnol a annoncé faire l'objet d'une OPA à hauteur de « 100% » de son capital par Ganz Mavag Europe, consortium regroupant le groupe Magyar Vagon et le fonds public hongrois Corvinus Zrt.

Cette OPA, qui valoriserait l'entreprise à 619 millions d'euros, est « amicale », a précisé Talgo, en exprimant « un avis préliminaire favorable » à l'opération au regard du prix de cinq euros par action offert par le consortium hongrois. Celui-ci est jugé « attractif pour les actionnaires ».

Un lien entre l'actionnaire hongrois et Viktor Orban qui inquiète

Selon plusieurs médias espagnols, les inquiétudes de Madrid tiennent notamment aux liens qui unissent Ganz Mavag Europe et le gouvernement du Premier ministre hongrois Viktor Orban, considéré comme proche du président russe Vladimir Poutine.

Sans s'exprimer sur ce point, le ministère de l'Economie rappelle avoir renforcé depuis 2020 le contrôle des investissements étrangers dans les secteurs jugés stratégiques, notamment les « infrastructures critiques », la « santé » et la « sécurité ».

Instauré au début de la crise du Covid-19, ce dispositif, qualifié de « bouclier anti-OPA », oblige les groupes étrangers voulant acquérir plus de 10% d'une entreprise espagnole jugée prioritaire, à solliciter au préalable le feu vert de l'Etat, via le Conseil des ministres.

Champion du ferroviaire en Espagne

Fondé en 1942, le groupe Talgo est le principal fournisseur de trains de la compagnie ferroviaire espagnole Renfe. L'entreprise, dont le principal actionnaire est le fonds d'investissement Trilantica, exporte notamment en Allemagne, en Arabie saoudite, au Danemark, en Egypte et aux Etats-Unis.

Le fabricant ibérique de train a connu une année 2023 relativement bonne. La société a en effet enregistré un bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (Ebitda) de 76,5 millions d'euros en 2023, soit une augmentation de 55 % par rapport aux 49,3 millions d'euros de l'année précédente. Son bénéfice net a, quant à lui, atteint 12,2 millions d'euros. C'est huit fois plus que l'année précédente.

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De bons chiffres tirés par une activité industrielle en progression, avec un solide carnet de commandes de 4,2 milliards d'euros, en hausse de 54 % par rapport à 2022. Par ailleurs, Talgo a atteint un record historique de nouvelles commandes, qui ont dépassé les 2,1 milliards d'euros. Enfin, l'entreprise ferroviaire a vu ses contrats avec la Deutsche Bahn (DB) allemande et la Danske Statsbaner (DSB) danoise, prolongés.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 10/03/2024 à 17:06
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Orban est un protégé russe les hongarois sont des espions russes. Ils n'ont aucun travail en France et dans l'UE.

à écrit le 10/03/2024 à 0:50
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Não interessa o negócio... por isto e nada mais, vejam-se outros, a moral vem ao de cima. É fraco mesmo este "momento político".

à écrit le 10/03/2024 à 0:49
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Não interessa este o negócio por isto e nada mais vejam-se outros a moral vem ao de cima. É fraco mesmo este "momento político".

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