Elle n'aura duré que quelques heures, mais aura soufflé un vent de pagaille dans plusieurs gares européennes. La grève surprise des salariés français d'Eurotunnel, filiale du groupe Getlink qui exploite le tunnel sous la Manche, a pris fin jeudi et l'ouvrage a pu rouvrir dans la soirée.

Les trains Eurostar, reliant Londres à Paris et Bruxelles, circulent donc à nouveau ce vendredi. Contactée jeudi soir par l'AFP, la compagnie, filiale de la SNCF, avait confirmé qu'elle reprendrait ses rotations aux horaires normaux ce vendredi matin. Elle doit même ajouter six trains supplémentaires de vendredi à dimanche.

De leur côté, les trains de fret ferroviaire ont pu repartir dès jeudi soir. Tout comme les navettes ferroviaires emportant voitures et camions dans le tunnel - baptisées « LeShuttle » - et qui étaient aussi restées bloquées à leurs terminus, Calais et Folkestone. Mais la reprise de ces dernières était plutôt poussive, selon des témoignages d'automobilistes, las, postés sur le réseau social X (ex-Twitter).

Accord trouvé

À l'origine du mouvement social, une prime jugée trop faible par le personnel d'Eurotunnel, selon la direction. Celle-ci avait indiqué que les organisations syndicales réclamaient un triplement de la prime de 1.000 euros qui leur avait été promise. Les deux parties ont négocié jeudi et « sont parvenus à un accord », a indiqué l'entreprise dans un communiqué publié en fin de journée, en renouvelant « ses excuses » aux usagers.

« Si les salariés de l'entreprise retournent à leur travail, c'est que les négociations que nous avons âprement menées au cours de la journée auprès de la direction générale ont été porteuses de résultats qui nous satisfont », a déclaré Franck Herent, délégué FO, à l'issue d'une réunion avec la direction.

Aucune des deux parties n'a donné de détails sur cet accord. Selon Le Parisien, le ministre délégué aux Transports a fait pression pour que la direction lâche du lest. Clément Beaune avait appelé jeudi à trouver « immédiatement » une solution à cette grève, qu'il avait qualifiée d'« inacceptable ». « J'appelle chacun à la responsabilité, pour assurer la circulation et les départs en vacances dans de bonnes conditions », avait-il martelé sur X.

 Ce vendredi, il a salué « l'esprit de responsabilité de tous les acteurs ».

Un conflit qui couve depuis plusieurs mois

Reste que le problème serait plus profond que ce seul désaccord sur le montant de la prime. « Au-delà de l'argent, il y a d'autres choses et nos conditions ne sont plus ce qu'elles étaient. Qu'ils se rappellent que derrière les personnes en parka, il y a des petites gens », a confié à l'AFP Cathia Capon, coordinatrice sur le terminal fret lors d'un rassemblement de salariés à Coquelles. Comme d'autres employés, elle dénonce la dégradation des conditions de travail et un changement de mentalité dans l'entreprise.

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L'intersyndicale, qui regroupe les six syndicats d'Eurotunnel (FO, CGT, Sud-Rail, CFE-CGC, CFDT et SACDC), a fait part dans un communiqué d'un climat de tension avec la direction.

« Depuis plusieurs mois, toutes les organisations syndicales confondues ont alerté la direction générale sur la terrible dégradation du climat social », écrit-elle. « Cette forte mobilisation n'est pas une surprise », a-t-elle ajouté.

Sans présenter d'excuses, le délégué FO a reconnu que les salariés sont « bien conscients d'avoir provoqué quelques désordres ». « Nous retrouverons nos clients au cours des prochaines heures. Nous ferons le maximum pour les accueillir dans les meilleures conditions », a-t-il complété.

Vent de panique chez les voyageurs

Cette grève a, en effet, suscité une certaine panique jeudi, alors que les premiers départs en vacances de Noël commençaient. Tous les trains entre Paris et Bruxelles d'un côté et Londres de l'autre, ont été annulés en début d'après-midi. Selon une journaliste de l'AFP présente à la gare de St Pancras à Londres, les agents d'accueil et de sécurité de la gare - qui semblaient pris au dépourvu - ont même dû faire sortir les passagers qui avaient déjà passé les contrôles de sécurité et patientaient sur le quai.

Eurostar a ainsi annulé 30 trains sur la journée. La compagnie a indiqué qu'elle rembourserait tous les voyageurs qui n'ont pu prendre leur train comme prévu.

Dès l'annonce de l'annulation des trains, les nombreux voyageurs au départ de la capitale britannique se sont rué sur leurs téléphones avec l'objectif de tenter de changer leur billet pour le lendemain, ou réserver en catastrophe l'un des vols encore disponibles au départ de Londres. Des journalistes de l'AFP ont assisté à des scènes similaires à Paris et Lille.

Certains voyageurs envisageaient des alternatives plus compliquées, notamment d'embarquer à bord d'un ferry pour traverser la Manche. L'opérateur FlixBus, par exemple, avait profité de l'occasion pour mettre en avant ses services. « La plupart des voyages FlixBus étant opérés par Ferry sur ce trajet, les liaisons ne sont que très peu affectées », indiquait-il dans un communiqué, ajoutant que les réservations « [augmentaient] très vite » sur son site internet ce jeudi.

(Avec AFP)