BreizhGo Express Sud : comment la Bretagne veut faire monter le train régional en puissance

La Région Bretagne et six intercommunalités de l’axe Vannes-Quimper ont jeté les bases d’un accord inédit, ouvrant la voie à un BreizhGo Express Sud. Ce projet de TER toutes les 30 minutes aux heures d’affluence entre Vannes et Quimper sera proposé aux assemblées délibérantes à la rentrée prochaine. Une manière « à la bretonne » de répondre à l’ambition gouvernementale de RER métropolitain.
En Bretagne Sud, la Région et six intercommunalités souhaitent proposer un « saut d'offre » des trains régionaux pour atteindre une augmentation du cadencement des TER, jusqu'à 21 circulations supplémentaires par jour, soit 47% d'arrêts en plus à horizon 2025.
En Bretagne Sud, la Région et six intercommunalités souhaitent proposer un « saut d'offre » des trains régionaux pour atteindre une augmentation du cadencement des TER, jusqu'à 21 circulations supplémentaires par jour, soit 47% d'arrêts en plus à horizon 2025. (Crédits : ©Vincent Meurzec - SNCF)

Proposer « un choc d'offre ferroviaire pour les usagers de Bretagne Sud » : telle est l'ambition d'un projet d'accord inédit qui ouvre la voie à la création d'un BreizhGo Express Sud. Réunies le 11 juillet à Rennes autour d'un protocole de coopération, la Région Bretagne et six intercommunalités (Vannes, Auray, Lorient, Quimperlé, Concarneau, Quimper) ont affiché la volonté de mettre sur les rails d'ici à la fin 2025 un service de TER fonctionnant toutes les 30 minutes aux heures de pointe entre Vannes et Quimper.

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Financé à 70% par la Région et 30% par les autres collectivités, ce projet sera proposé aux assemblées délibérantes à la rentrée prochaine. Surtout, il traduit une approche bretonne des mobilités et répond, en quelque sorte, à l'ambition gouvernementale de RER métropolitain qui, en Bretagne, ne concernerait que la seule métropole de Rennes.

En effet, au moment où démarre avec l'État ses négociations du Contrat de plan État-Région (CPER) pour le renouvellement du volet mobilités 2023-2027, la Bretagne a rappelé sa demande d'un service express métropolitain, à l'échelle des aires urbaines et pas spécifiquement à celle de Rennes. Sur le volet ferroviaire, elle estime que le CPER à venir et les suivants seront là pour concrétiser son ambition de doubler l'offre TER d'ici 2040.

Augmenter les cadences des TER de 47%

« Malgré des efforts importants, le territoire de Bretagne Sud a aujourd'hui besoin d'une nouvelle étape pour des mobilités durables, autour notamment de la ligne ferroviaire qui structure une bonne partie des déplacements dans les bassins de vie » a indiqué le Conseil régional dans un communiqué à l'issue de cette réunion des collectivités.

Plus largement, l'accord de coopération évoque le développement du TER, porté par la Région Bretagne, via un « saut d'offre », pour atteindre une augmentation du cadencement des trains, jusqu'à 21 circulations supplémentaires par jour, soit 47% d'arrêts TER en plus.

Cette montée en puissance du train régional sur un territoire qui compte 900.000 habitants, soit un quart de la population bretonne, ne concernera pas que les espaces urbains des agglomérations de Quimper à Vannes mais aussi les petites villes : Brandérion, Landévant, Bannalec, Gestel, Landaulou encore Rosporden.

 « Ceci à condition que l'État ouvre la voie, à son tour, à de nouveaux outils fiscaux pour financer ces engagements, les collectivités bretonnes y sont prêtes » ajoute la Région.

Trois rames supplémentaires, quel financement ?

Celle-ci demande entre autres à l'État de pouvoir lever le versement transport mobilité additionnel, la contribution que les employeurs versent pour financer les transports en commun, en le déplafonnant. Actuellement, seules les intercommunalités et les métropoles sont habilitées à le lever.

L'augmentation des cadences des TER nécessiterait l'achat de trois rames supplémentaires de type Regio2N pour un coût de 60 millions d'euros. Selon la presse locale, les intercommunalités contribueraient aussi à 30 % au financement du déficit d'exploitation généré par cette offre augmentée, chiffré à 4 millions d'euros par an. La Région verse déjà 110 millions d'euros par an à la SNCF pour équilibrer l'exploitation des trains express régionaux.

Actuellement, les ressources du Conseil régional dépendent principalement de la fiscalité carbone, notamment de la carte grise. Dans le cadre de son budget 2023, la Bretagne a d'ailleurs adapté sa stratégie financière pour conforter ses services publics, par l'augmentation de la taxe sur les cartes grises de 51 à 55 € le cheval-vapeur, devenant la plus chère de France.

Seul un amendement à la loi de finances 2024, qui sera votée en fin d'année, permettrait au projet d'un BreizhGo Express Sud de se concrétiser.

Création de Bretagne Mobilités en 2024

En matière de décentralisation, un tel développement porté par la Région en tant qu'autorité sur le TER constitue une étape : ce serait la première fois que des intercommunalités prévoient de cofinancer des rames de TER avec la Région et de piloter conjointement ces nouveaux services.

 Via le protocole de coopération établi le 11 juillet, les collectivités se sont aussi engagées à participer à la création, en septembre 2024, de Bretagne Mobilités, une nouvelle structure de gouvernance des mobilités qui permettra notamment de développer un titre unique en Bretagne.

 « Les enjeux actuels sur les mobilités renvoient à la nécessité de faire encore plus ensemble. L'approche doit être globale, les mobilités durables doivent être coordonnées et les actions portées par chaque collectivité doivent se combiner » affirment les sept partenaires.

Bus BreizhGo Express à l'étude pour le Centre Bretagne

Le projet breton BreizhGo Express concerne autant les trains que les cars. La Région étudie également la mise en service d'un bus rapide entre Rennes (Ille-et-Vilaine) et Chateaulin (Finistère).

Cette ligne de 202 kilomètres, dont la fréquence évoluerait dans la journée, pourrait être mise en place sur la RN164. Un bus partirait toutes les 30 minutes aux heures de pointe, en marquant plus ou moins d'arrêts dans les villes du trajet selon les moments de la journée.

Selon le Conseil régional, ce projet de bus pourrait être expérimenté ou se concrétiser lors de la renégociation des délégations de service public d'ici à 2024-2025. Des travaux de mise à 2 x 2 voies de la RN 164 sont en cours pour une fin de chantier prévue sous deux ans.

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