La RATP se lance dans la semaine de quatre jours pour attirer de nouveaux salariés

Trois syndicats ont signé un accord pour expérimenter la semaine de quatre jours, ce mercredi. La RATP tente d'innover pour rendre ses postes attractifs alors qu'elle fait face à un manque de personnel. Dans la même optique, le transporteur francilien assure avancer sur une revalorisation des salaires.
Confrontée à des problèmes d'effectifs affectant l'offre de bus et de métro, la RATP souhaite mettre en place la semaine de quatre jours pour rendre ses métiers plus attractifs.
Confrontée à des problèmes d'effectifs affectant l'offre de bus et de métro, la RATP souhaite mettre en place la semaine de quatre jours pour rendre ses métiers plus attractifs. (Crédits : Yves Herman)

Voilà l'une des dernières idées de la RATP pour attirer de nouveaux employés. Le groupe qui exploite une partie des transports en commun de Paris et de sa banlieue a annoncé ce mercredi avoir signé avec trois syndicats (FO, l'Unsa et la CFE-CGC) un accord « pour améliorer la qualité de vie au travail » et expérimenter la semaine de quatre jours afin de fidéliser les personnels de la Régie. L'expérimentation de la semaine de quatre jours a commencé le 18 janvier et concerne quatre lignes (5, 7 et 9 du métro et le RER B), sans diminution du temps de travail.

Le dispositif concerne les agents en station, mais pas les conducteurs. Il prévoit une organisation hebdomadaire pour les managers et les contrôleurs avec quatre jours travaillés et trois jours de repos, moyennant une augmentation du temps de travail quotidien d'une heure et quinze minutes. Les agents d'accueil en station et en gare travailleront sur un cycle de quatre jours suivis de deux jours de repos, sans augmentation du temps de travail quotidien.

Lire aussiParis 2024 : Jean Castex, le chef d'équipe de la RATP à l'épreuve olympique des transports

Pour le moment, 170 agents se sont portés volontaires pour tester le dispositif pendant une première phase de 42 jours, éventuellement renouvelable. Le dispositif donnera lieu ensuite à un retour d'expérience pour savoir s'il est étendu ou non. Cinq mille agents pourraient être concernés à terme.

La RATP veut se rendre plus attractive pour trouver des bras

Confrontée à des problèmes d'effectifs affectant l'offre de bus et de métro, la RATP souhaite donc mettre en place la semaine de quatre jours pour rendre ses métiers plus attractifs. Dans la même optique, l'accord signé ce mercredi comprend d'autres mesures pour favoriser « la fidélisation et l'attractivité de l'entreprise », selon la RATP.

Il prévoit une « augmentation significative de notre capacité à loger plus de salariés », a indiqué le directeur des ressources humaines du groupe Jean Agulhon. Pour réduire le temps de trajet entre le domicile et le lieu de travail et « compte tenu du prix de l'immobilier en région parisienne », la RATP se fixe l'objectif de loger 1.200 familles contre 860 aujourd'hui. Elle prévoit aussi de doubler le nombre de places proposées en crèche pour ses salariés, avec des horaires adaptés plus tôt le matin et plus tard le soir. Enfin, la Régie va investir dans 140 exosquelettes pour équiper douze de ses ateliers et assister les salariés occupant les postes les plus difficiles à la maintenance.

« La négociation a été longue et exigeante, ça fait plus d'un an qu'on était sur ces sujets, donc on est très satisfaits d'avoir pu conclure cet accord », a salué Jean Agulhon. Seule la CGT-RATP (premier syndicat du groupe) a refusé de signer. « Cet accord est une compilation de textes réglementaires obligatoires, auxquels la direction ne peut pas se soustraire. Le reste est une charrette de déclarations d'intentions », a réagi le syndicat dans un communiqué.

Bras de fer autour des salaires

L'autre question centrale autour de l'attractivité des métiers de la RATP est celle des salaires.

Mardi, deux syndicats de la RATP sur quatre ont accepté de signer l'accord sur les négociations annuelles obligatoires prévoyant une augmentation de salaire de 100 euros brut par mois pour tous les agents, a annoncé mardi la Régie. « Les organisations syndicales représentatives FO et UNSA ont signé la proposition de la direction générale », s'est réjouie dans un communiqué la RATP qui exploite une partie des transports en commun de Paris et de sa banlieue. « En 2024, l'augmentation moyenne des rémunérations des salariés s'élèvera ainsi à 4,2% », assure la Régie qui rappelle que les rémunérations avaient augmenté de 5,7% en 2023, après 5,2% en 2022. FO-RATP, deuxième syndicat du groupe mais premier à la conduite a aussi précisé que l'intéressement que devraient toucher les salariés en 2024, serait « d'un minimum de 1.100 euros ».

De leur côté, la CFE-CGC et la CGT-RATP, premier syndicat du groupe, n'ont pas signé la proposition, que la CGT juge « trop loin des attentes des agents ». Le syndicat estime qu'avec l'échelonnement de la mesure, la hausse de salaire équivaut en réalité à 1,3% sur l'année 2024. La CGT a appelé à poursuivre les négociations. Fin janvier, elle a déposé un préavis courant du 5 février au 9 septembre, comprenant la période des Jeux olympiques et paralympiques, pour dénoncer des mesures salariales « insuffisantes ».

(Avec AFP)

La semaine de quatre jours a le vent en poupe en Europe

Le passage de cinq à quatre jours travaillés prend de l'ampleur dans de nombreux pays que ce soit dans le secteur privé mais aussi dans les administrations publiques. En Belgique par exemple, les salariés peuvent décider de faire leur semaine à temps complet sur quatre jours. En France, si environ 400 entreprises et 17.000 l'ont déjà testée.

Lire aussiLa semaine de quatre jours, une fausse bonne idée ?

Au Portugal, l'économiste Pedro Gomes, enseignant à l'université de Birbeck à Londres a accompagné le gouvernement pour l'expérimenter entre juin et septembre 2023. L'entreprise doit modifier « ses processus d'organisation en baissant la durée des réunions très chronophages, en adoptant des technologies », a-t-il affirmé lors d'une conférence en mai 2023. Selon l'économiste, la semaine de quatre jours permet plus de valeur ajoutée « en réduisant les coûts intermédiaires comme les factures d'énergie ou l'absentéisme ». En outre, cette organisation permet de « baisser l'épuisement professionnel et le stress ». Mais, il reconnaît que certaines entreprises comme certains salariés freinent des quatre fers. « La période de test est cruciale », souligne-t-il.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 11
à écrit le 22/02/2024 à 14:07
Signaler
Bonjour, bon qui veux travailler dans une entreprise, ou les groupuscule raciste ( antiblanc ) et islamistes ons pignon sur rue... Ou ils est devenu dangereux de faire correctement sont travail... agressions des controleurs, du personnel, ect... ...

à écrit le 22/02/2024 à 10:40
Signaler
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre formée, le rapport de force a changé. Entre des entreprises soumises à une forte concurrence pour attirer des salariés et de futurs employés dont les exigences sont de plus en plus fortes et de plus en plus...

à écrit le 22/02/2024 à 10:15
Signaler
Faut-il faire la danse de la séduction pour attirer ceux qui ne veulent pas s'engager outre mesure ? On n'a "pas le choix". Mais c'est une incongruité que de bâtir une "affectio sociatis" sur le rejet de l'entreprise et de la valeur travail. Entre l...

à écrit le 22/02/2024 à 10:12
Signaler
Oui, c'est un classique bien français que de proposer un temps de travail plus bas plutôt qu'augmenter les salaires, ce qui permet au patron de dire que les employés sont des fainéants pour occulter leur radinerie ou bien leur penchant à la forfanter...

à écrit le 22/02/2024 à 9:47
Signaler
Et il y aura des bus, des métros et des trams les 3 autres jours?

à écrit le 22/02/2024 à 8:37
Signaler
La semaine des 4 jours c'est une bonne solution au moins pour contenir la pollution et générer des transports en public homogène même si tant que le secteur privé ne fait aucun effort c'est mort. Une idée progressiste, un outil de qualité mais des re...

à écrit le 21/02/2024 à 20:23
Signaler
"pour expérimenter la semaine de quatre jours" Le problème est qui va travailler les 3 jours suivants.

le 21/02/2024 à 22:13
Signaler
Le problème n'est pas tant la durée de travail que l'efficacité du travail or mis à part stresser la vie des seniors sans inquiéter les jeunes fraudeurs des cités à l'insolvabilité organisée malgré les revenus sociaux accordés aux parents aux abon...

le 22/02/2024 à 10:51
Signaler
J'ai connu ou je bossais ,il y a quelques années un sondage que la direction avait mis en place pour demander aux salariés si ils souhaitaient travailler 4 jours ,93% des gens favorable pour bosser du lundi au jeudi ,oui, mais la boite bossait 7/7 jo...

à écrit le 21/02/2024 à 20:06
Signaler
Moi je me lancerai dans la semaine de 1 jour pour attirer encore plus de salariés 🤡🤣

le 22/02/2024 à 0:04
Signaler
@ raymond: pour votre info puisque vous ne connaissez rien à décès 2 boites : la ratp et la sncf ont depuis 3 ans un gros problème de recrutement sur les conducteurs de bus, de métro , de train ainsi que sur les métiers de maintenance . Voir Le Fi...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.