Lille : Alstom devant la justice pour son retard pris dans les travaux de modernisation du métro

En novembre dernier, la Métropole de Lille a attaqué Alstom en justice, suite à de nombreux retards dans les travaux de modernisation de son métro, craignant pour la pérennité de ce dernier. Lors d'une audience, ce mardi, la Mel a donc demandé à l'industriel de mettre « tous les moyens possibles pour une livraison au plus vite des rames de 52 mètres » selon le contrat conclu en 2012.
Fin novembre, la Mel dénonçait déjà « un retard historique et catastrophique » pris par Alstom, à propos des travaux de modernisation du métro lillois.
Fin novembre, la Mel dénonçait déjà « un retard historique et catastrophique » pris par Alstom, à propos des travaux de modernisation du métro lillois. (Crédits : Reuters)

« Il est urgent d'avoir un planning réaliste » pour le doublement du métro lillois, a plaidé la Métropole européenne de Lille (Mel), mardi, devant le tribunal administratif, accusant Alstom de mettre à mal la pérennité de son réseau de transports par des retards de livraison.

Fin novembre, la Mel dénonçait déjà « un retard historique et catastrophique », à propos des travaux de modernisation du métro lillois et avait alors décidé d'attaquer en justice le géant des transports Alstom. Elle lui reproche d'être à l'origine d'un retard de 10 ans et réclame des mesures pour prévenir toute interruption du métro en 2025. Le tribunal doit rendre sa décision dans une dizaine de jours.

Pour rappel, le métro de Lille est le deuxième de France en termes de longueur, juste après Paris, et a la particularité d'être le premier au monde à avoir utilisé la technologie du pilotage automatique. En 2012, la ville a conclu avec Alstom, pour un montant de 266 millions d'euros, l'implantation d'un nouveau pilote automatique ainsi que l'acquisition de 27 nouvelles rames « de 52 mètres ». Le projet visait une mise en service en janvier 2016, le but étant de prévoir l'augmentation du trafic dans la région ainsi que l'arrivée des JO de 2024. Ces 27 nouvelles rames, destinées à la première des deux lignes du réseau lillois, doivent selon la Mel permettre de redéployer certaines rames actuelles de la ligne 1 sur la ligne 2, dont une partie du parc sera obsolète à partir d'août 2025.

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Une demande « complètement illusoire »

Mais les retards se sont accumulés pour l'entreprise et sont alors au cœur du débat. Il y a « urgence à ce qu'on mobilise tous les moyens possibles pour une livraison au plus vite des rames de 52 mètres » et à ce qu'Alstom « prenne les mesures pour éviter la chute » du trafic du métro lillois, a estimé Me Fréderic Marchand, avocat de la Mel, lors de l'audience mardi. Il a également demandé qu'Alstom déploie « deux ou trois rames » récentes supplémentaires pour assurer la pérennité du service avant la livraison de l'ensemble des nouvelles rames. Une demande que Me Louis De Gaulle, avocat d'Alstom a jugé « complètement illusoire » puisque l'entreprise « n'arrive déjà pas à fournir celles du marché ». « Il est urgent d'avoir un planning directeur réaliste », a-t-il martelé.

Concernant les retards, ils sont notamment dus, assure l'avocat, à la crise du Covid-19. « Les retards antérieurs à 2020 ont déjà été payés », a-t-il ensuite souligné, deux avenants ayant été signés pour adapter le calendrier. Et pour cause, Alstom a payé un total de 47 millions d'euros d'amendes relatives aux retards, a-t-il ajouté.

En outre, selon lui, la Mel « a contribué elle-même à l'urgence » alors qu'elle savait dès les premiers mois de la pandémie qu'elle ne recevrait pas ces nouvelles rames avant octobre 2023, et n'a pas prévu de solution alternative pour la ligne 2.

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Alstom en difficulté

Ce n'est pas la première fois qu'Alstom essuie des retards. De nombreux contrats sont dans le même cas : RER NG, TGV M ou encore Aventra au Royaume-Uni. De son côté, la Métropole de Lille a indiqué fin novembre avoir alerté les pouvoirs publics quant aux difficultés liées à Alstom, qui toucheraient « de nombreuses collectivités et entreprises publiques françaises, à commencer par la SNCF et la RATP ». La Mel dénonce la position de « quasi-monopole » de l'entreprise.

Alstom connaît des difficultés financières et a annoncé mi-novembre un plan pour se désendetter qui passe par la suppression de 1.500 emplois dans le monde. La gouvernance de l'entreprise est également amenée à être modifiée puisque les fonctions de président du conseil d'administration et de directeur général vont être dissociées dès juillet 2024.

(Avec AFP)

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