Modernisation du métro de Lille : la métropole attaque Alstom en justice suite à un « retard catastrophique »

La Métropole de Lille (MEL) a annoncé attaquer en justice le constructeur ferroviaire Alstom. Elle lui reproche d'être à l'origine d'un retard de 10 ans dans la modernisation du métro de la ville.
En 2012, la ville a conclu avec Alstom, pour un montant de 266 millions d'euros, l'implantation d'un nouveau pilote automatique ainsi que l'acquisition de 27 nouvelles rames « de 52 mètres ».
En 2012, la ville a conclu avec Alstom, pour un montant de 266 millions d'euros, l'implantation d'un nouveau pilote automatique ainsi que l'acquisition de 27 nouvelles rames « de 52 mètres ». (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

[Article publié le lundi 27 novembre 2023 à 19h11 et mis à jour à 15h57]

La Métropole Européenne de Lille (MEL) a annoncé décider d'attaquer en justice le géant des transports Alstom, ce lundi 27 novembre, à cause de retard dans des travaux de modernisation. « La MEL constate le nouvel échec des essais pour valider le nouveau pilote automatique du métro de Lille accusant désormais un retard prévisible d'au moins dix ans », indique la métropole dans son communiqué.

« Un premier recours en référé va être déposé dans les prochains jours devant le tribunal administratif de Lille », a-t-elle ensuite précisé. Mais déjà, la ville dénonce un « retard historique et catastrophique ». Auprès de l'AFP, Alstom, qui se dit « surpris » par ce retrait de la médiation de la Mel, « conteste les propos tenus » par la Métropole « au sujet de l'avancée du projet ». Le groupe « estime avoir fait la démonstration du fonctionnement de son système de métro automatique lors des derniers essais à Lille », a-t-il expliqué.

Le métro de Lille est le deuxième de France en termes de longueur, juste après Paris, et a la particularité d'être le premier au monde à avoir utiliser la technologie du pilotage automatique. En 2012, la ville a conclu avec Alstom, pour un montant de 266 millions d'euros, l'implantation d'un nouveau pilote automatique ainsi que l'acquisition de 27 nouvelles rames « de 52 mètres ». Le projet visait une mise en service en janvier 2016, le but étant de prévoir l'augmentation du trafic dans la région ainsi que les JO de 2024. Dans le détail, Lille voulait augmenter de 50% la capacité de sa ligne 1 et de 30% celle de la ligne 2.

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Des retards qui se sont accumulés

Mais les retards se sont accumulés pour l'entreprise, obligeant la métropole a engagé une première expertise en 2018, puis une médiation en 2019, « qui a abouti à un avenant en janvier 2020 », précise le communiqué. Alstom s'est alors engagé à terminer les travaux en « avril 2023 ». Les retards ont persisté et devant l'échec des essais du pilote automatique en octobre 2022, la métropole a engagé une seconde médiation en décembre de la même année.

Aujourd'hui, « la modernisation du métro de Lille se trouve toujours dans une profonde ornière ». La métropole indique que la mise en place des nouvelles rames et la mise en service du pilote automatique ne pourront être terminées avant « au mieux début 2026 ». Le constructeur ferroviaire aurait de nouveau échoué avec le nouveau pilote automatique en septembre 2023, avec 65 anomalies bloquantes. « Le dérapage du projet menace directement la continuité du service public des transports, en raison de l'obsolescence des rames VAL de 26 mètres qui débutera dès août 2025 », précise la métropole dans son communiqué.

Lille a désormais mis fin à la médiation ce lundi 27 novembre 2023, et a décidé de saisir la justice pour obtenir une indemnisation face aux préjudices subis, y compris environnementaux. Elle réclame également à Alstom qu'elle remplisse ses obligations, et qu'elle prenne les mesures adéquates afin de ne pas dégrader « la qualité et la continuité du service du métro ».

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Alstom en difficulté

Alstom connaît d'ores-et-déjà de graves difficultés financières et a même annoncé mi-novembre un plan pour se désendetter qui passe par la suppression de 1.500 emplois dans le monde. Depuis le début de l'année, l'action de l'entreprise a perdu 47% de sa valeur. Les commandes ont également chuté de 16% au premier semestre comparés à 2022. De nombreux contrats sont en retard : RER NG, TGV M ou encore Aventra au Royaume-Uni. La gouvernance de l'entreprise est également amenée à être modifiée puisque les fonctions de président du conseil d'administration et de directeur général vont être dissociés dès juillet 2024.

De son côté, la Métropole de Lille a indiqué avoir alerté les pouvoirs publics quant aux difficultés liées à Alstom, qui toucheraient « de nombreuses collectivités et entreprises publiques françaises, à commencer par la SNCF et la RATP ». Lille dénonce la position de « quasi-monopole » de l'entreprise.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 29/11/2023 à 14:19
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Et pendant ce temps là alstom vend à tours de bras, au moyen orient, au portugal confirmé hier pour la bagatelle que 800 000 M euros, fait du lobbing aux USA pour des méga chantiers, Alstom numéro 2 mondial vend partout dans le monde et a son carnet ...

à écrit le 28/11/2023 à 8:30
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Ah faut demander à Pecresse de faire pression elle en a un paquet d actions de plusieurs millions haha…

à écrit le 28/11/2023 à 7:57
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Encore une entreprise beaucoup trop proche du pouvoir pour être efficace et productive.

à écrit le 27/11/2023 à 20:21
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Si Bombardier a été absorber Alston il n'y aurait pas de problemes comme celui-ci

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