
La pression monte autour du projet ferroviaire Lyon-Turin. Vieux de plusieurs décennies, ce chantier et son tunnel de 57,5 km est toujours en cours mais la question des voies d'accès de 150 km entre Lyon et Saint-Jean-de-Maurienne -qui passeront par des tunnels sous les massifs montagneux de la Chartreuse et de Belledonne-, n'est toujours pas tranchée. Alors que le gouvernement doit prendre une décision, une grande majorité des maires de la métropole de Lyon (42 sur 59), principalement de droite et du centre, a appelé mardi à « l'union sacrée » pour défendre le projet, en dénonçant l'attitude de l'exécutif de l'agglomération et en exhortant le gouvernement à respecter ses engagements.
« Nous refusons de tourner le dos à l'Italie », a lancé mardi Gilles Gascon, maire de Saint-Priest, à l'occasion d'une conférence de presse consacrée à cet « appel solennel »
L'attitude de l'exécutif de la Métropole de Lyon dénoncée
Le texte accuse l'exécutif métropolitain, dominé par EELV et LFI, de vouloir « faire dérailler le projet » en le présentant « comme un danger pour la planète ». En septembre dernier, la métropole de Lyon avait annoncé se retirer du Comité pour la Transalpine, qui réunit des partisans ardents du chantier colossal. Son président Bruno Bernard avait alors assuré que ce retrait ne remettait « pas en cause le soutien de la Métropole au développement du transport ferroviaire entre la France et l'Italie ».
« L'achèvement nécessite un engagement urgent et résolu de l'Etat », a plaidé Gilles Gascon.
Les maires s'inquiètent de voir le projet transformé en un « Dijon-Turin », en lien avec le rapport du Conseil d'orientation des infrastructures, dont l'une des options préconise un report du projet au-delà de 2045 pour privilégier la ligne historique Dijon-Modane. Venu en soutien, le sénateur (LR) Etienne Blanc a également tancé une attitude selon lui contradictoire des défenseurs de l'environnement.
« Développer le train sans développer les voies ferrées, c'est une équation compliquée », a-t-il ironisé.
Plusieurs associations, dont les Soulèvements de la terre et les No-Tav italiens ont prévu de manifester le 17 juin dans la vallée de Maurienne, pour dénoncer les impacts de ce chantier « inutile ».
Le risque que le projet n'ait plus de base légale en 2028
En avril, soixante parlementaires avaient lancé un appel à Emmanuel Macron pour accélérer les travaux. Signé par des députés et sénateurs de gauche comme de droite à l'instar de Bruno Retailleau (LR) ou André Chassaigne (PCF), cet appel transpartisan réclamait au chef de l'Etat de « lancer au plus vite les études d'avant-projet détaillé (APD) de la section française ». Sans cela, au-delà de 2028, le projet n'aura plus de base légale. « La déclaration d'utilité publique ne sera pas prolongée » et cela rendra constructible des pans entiers de l'itinéraire reliant Lyon à Saint-Jean-de-Maurienne, l'entrée du tunnel, « soumis à une forte pression foncière ».
« Cela anéantirait les objectifs d'un report modal massif sur le rail des trafics de voyageurs et de marchandises dans les Alpes », alertaient les parlementaires.
Le tunnel, en cours de creusement, doit être livré en 2032. « L'Italie a pris les décisions pour livrer ses voies d'accès à l'ouvrage en même temps », faisaient valoir les élus. Côté italien, la construction des voies pour relier Turin au tunnel doivent débuter en juin et le gouvernement a déjà débloqué 750 millions d'euros de financement.
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