Le 26 juillet 2024, lors de la cérémonie d'ouverture, 600.000 spectateurs auront les yeux rivés sur la Seine. Depuis l'attribution des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris, le fleuve se trouve au centre de l'attention. Surtout, il devra se transformer en lieu d'accueil de plusieurs épreuves sportives.
Aussi, avec les Jeux, la Seine n'a jamais été autant chouchoutée par les acteurs locaux pour garantir sa future propreté. Contrairement aux années 1980 au cours desquelles, souligne la Ville de Paris, 20 millions de mètres cubes d'eaux usées y étaient déversés tous les ans.
A ce jour, 1,4 milliard d'euros - dont 700 millions de la part de l'État - ont été déboursés pour le nettoyage du cours d'eau. Environ 24.000 branchements d'eau supplémentaires ont été installés, pour l'assainissement. Coût de cette opération : 300 millions d'euros, avait indiqué fin 2023 Marc Guillaume, préfet de la région Île-de-France. Selon le préfet, 66 % de la Seine a déjà été dépolluée.
Une opération de grande ampleur qui rendra possible la baignade pour les athlètes, et plus tard pour tout le monde, tout en conservant un flux de navigation correct, assurent les organisateurs.
Des horaires de navigation spécifiques
Mais coordonner plusieurs activités simultanément sur l'eau, est-ce possible ? Un défi auquel Antoine Berbain, le directeur général d'Haropa Ports de Paris - établissement public d'Etat qui gère la partie basse des quais de Seine (la chaussée la plus proche de l'eau) - répond par la positive.
« Nous avons longtemps discuté avec les acteurs pour définir les conditions de baignade et pour identifier les endroits où elle ne pose pas de problème de sécurité », indique Antoine Berbain à La Tribune.
Malgré les préparatifs pour les Jeux, le développement du transport fluvial ne perd pas en vitesse, assure Haropa Ports de Paris. Récemment, certains commerçants ont mis en place des livraisons du dernier kilomètre grâce à la Seine. C'est le cas pour Ikea, par exemple, dont l'entrepôt se trouve vers Gennevilliers et qui décharge ses livraisons au niveau des quais au pied de Bercy, explique le directeur général.
« Il faut garder en tête que la Seine est le fleuve avec le trafic le plus important de France. C'est aussi le premier port fluvial de tourisme en Europe », rappelle Antoine Berbain à La Tribune.
En effet, les bateaux de la Seine sont empruntés par environ 8 millions de personnes à l'année selon Antoine Berbain. Pour ne pas pénaliser les usagers, le trafic sera interrompu uniquement le matin, jusqu'à onze heures, pendant la période des Jeux.
Les eaux usées des péniches d'habitation
L'une des difficultés rencontrées lors de l'assainissement du fleuve a été l'assainissement autour des péniches habitées.
« Pendant longtemps, les bateaux logements ont pollué, mais surtout à cause des phosphates contenus dans les produits de ménage », explique l'architecte et urbaniste, Michel Cantal-Dupart, en charge des plans du Grand Paris, sollicité pour les JO 2024, et également en tant que résident sur la Seine.
Le chantier a donc consisté à raccorder les péniches au système des égouts de Paris. Un enjeu bien pris en compte par Haropa Port, qui a installé quelque 10.000 branchements vers des stations d'épuration afin de supprimer les rejets d'eaux usées directement dans la Seine.
« Si nous voulons développer le trafic fluvial, tout en gardant une eau propre, il faut que les gros bateaux aient des cuves de stockage et restituent ensuite le contenu aux égouts. Et si un bateau ne trouve pas de branchement disponible, d'autres navires peuvent partager leur système d'évacuation, ça ne coûte rien », affirme Michel Cantal-Dupart à La Tribune.
La promesse d'une flotte écoresponsable
En plus d'assurer que les ports parisiens soient équipés d'un réseau d'assainissement des eaux, selon le directeur général d'Haropa Port de Paris, l'établissement public vise à obtenir la flotte la plus décarbonée possible.
« Tous les nouveaux projets doivent être zéro émission. Il y a une véritable transformation et revalorisation des équipements. Les Vedettes de Paris (entreprise de tourisme fluvial, ndlr), par exemple, a été la première compagnie à introduire des bateaux électriques », insiste Antoine Berbain auprès de La Tribune.
Ainsi, Haropa Port souhaite développer un trafic plus important avec moins de rejets de CO2, mais qui réduirait aussi la pollution sonore, selon lui.
Mais, d'après le DG, beaucoup de projets n'arrivent pas encore à respecter ces critères environnementaux. C'est le cas par exemple de l'entreprise Rivercat qui souhaite développer quatre lignes de navettes fluviales reliant la petite couronne francilienne par l'eau. « Le projet se heurte à la réalité », à cause de ses bateaux qui ne respectent pas le seuil de décarbonation souhaité, observe le gestionnaire des ports.
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