Uber serait-elle la seule plateforme de voitures de transport avec chauffeur (VTC) à même de survivre à la proposition de loi (PPL) du député socialiste de Côte d'Or Laurent Grandguillaume, visant à réguler le secteur du transport à la demande (taxis et VTC) ? La question se pose alors que le texte devrait passer en commission développement durable transport le 5 juillet.
Et pour cause. D'un côté, le parlementaire nommé médiateur en début d'année pour résoudre le conflit du secteur du transport de personnes à la demande, estime celle-ci en adéquation avec la feuille de route du gouvernement. Selon lui, les chauffeurs, qu'ils soient taxis, VTC ou Loti, seraient d'ailleurs "globalement en accord avec le texte".
La regrettée loi Thévenoud ?
De l'autre, plusieurs plateformes de VTC - notamment les membres de la FFTPR - dénoncent un texte, selon elles, clairement favorable aux taxis.
"On regrette la loi Thévenoud, qui était bien plus équilibrée", confie ainsi Yves Weisselberger président de la FFTPR et fondateur de SnapCar.
Et il y aurait de quoi, selon lui, car la PPL de Laurent Grandguillaume signerait purement et simplement l'arrêt de mort des plateformes françaises de VTC.
Pour rappel, la PPL prévoit d'interdire le statut de Loti pour le transport à la demande dans les métropoles, alors que beaucoup de plateformes et de chauffeurs y ont recours actuellement. Ce qui était d'ailleurs pointé du doigt par les taxis ainsi que certains chauffeurs VTC. Il n'y aura donc désormais plus que deux statuts : celui de taxi ou de VTC.
Cela pourrait ne pas représenter de souci en soi, comme l'expliquait Joseph François, le président de l'association mobilité transport (AMT) en février : les chauffeurs Loti se reconvertiraient alors aisément en VTC par équivalence. Oui, mais voilà. Cela règlerait le problème - celui des milliers de Loti menacés de se retrouver sur le carreau - en partie seulement.
VTC : la voie est bouchée
Car "aujourd'hui le secteur est bouché. Il est impossible de devenir chauffeur VTC avec cette loi régressive qui rentre dans une logique de numerus clausus", s'insurge Yves Weisselberger.
En effet, le taux de réussite de l'examen de VTC serait actuellement sur une tendance baissière, avec un taux évalué à 10% à la dernière session du mois de juin (il ne s'agit toutefois que de l'estimation communiquée par un centre - les résultats officiels seront connus début juillet), contre 25% en mai et 80% en avril... Conséquence inéluctable pour le chef d'entreprise: s'il n'y a plus de chauffeurs, les entreprises seront obligées de mettre la clef sous la porte les unes après les autres.
Car selon lui, seul un concurrent sera capable de résister:
"Uber ne va pas mourir. Ils ont les reins pour résister ! Ils sont trop forts, trop puissants ! Ils ne seront donc pas les plus touchés. Il suffit qu'Uber paye ses chauffeurs un peu plus que les autres et il aspirera toute l'offre de chauffeurs."
Et de poursuivre :
"Si l'offre de chauffeurs est asséchée, on meurt tous. Laurent Grandguillaume aura fait place nette en éliminant les startups françaises."
Alors pour éviter le pire, il souhaite "arrêter le train en marche". Mais il n'y croit guère:
"Il faudrait un miracle..."
Surtout que Laurent Grandguillaume explique que le gouvernement a décidé d'engager la procédure accélérée sur la proposition de loi...
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