Le meilleur déchet est celui qu'on ne produit pas dit l'adage. Dans ce domaine, la Bretagne a encore des progrès à accomplir. Si la région se présente comme une bonne élève en matière de réduction des ordures ménagères résiduelles (poubelle grise qui échappe au tri), en baisse de 54 kilos par habitant sur neuf ans à 196 kilos (- 21% depuis 2010), elle « présente un profil atypique en matière de déchets ménagers et assimilés (DMA) ».
Selon la quatrième édition des Chiffres clés des déchets en Bretagne, produite par l'Observatoire de l'Environnement en Bretagne (OEB) et publiée début décembre, la production de DMA est plus forte en zone littorale et le volume des déchets végétaux grimpe.
Fondé sur des données 2019, cet état des lieux 2021 montre, qu'il y a deux ans, un Breton produisait en moyenne 696 kilos de déchets ménagers et assimilés. Emballages, papier, verre, déchets fermentescibles produits par les ménages et les entreprises, ces déchets collectés et traités par le service public de gestion des déchets s'élevaient à 2,3 millions de tonnes et dépassaient de 110 kilos la moyenne nationale, établie à 580 kilos par habitant en 2017.
Deux fois plus de déchets végétaux qu'au niveau national
« Alors que la quantité de déchets ménagers et assimilés doit baisser d'ici à 2030 (objectif de la loi AGEC anti-gaspillage de -15%), elle a plutôt tendance à augmenter en Bretagne et présente même une hausse de +5% entre 2010 et 2019 », déclare l'OEB, estimant l'augmentation à 35 kilos par habitant et par an.
Les sites de traitement des déchets captent ainsi certains flux non comptabilisés auparavant et polluants tels que les décharges sauvages ou le brûlage et davantage de déchets végétaux. 500.000 tonnes de tonte de pelouse et de tailles d'arbustes sont emportées chaque année vers les déchetteries.
Ces déchets verts représentent 23% des déchets ménagers et assimilés contre 7% au niveau national. Avec 162 kilos par habitant en 2019 pour un ratio national de 82 kilos par habitant en 2017, la Bretagne produit donc deux fois plus de déchets végétaux par habitant que le reste du pays. Entre 2010 et 2019, la quantité de déchets végétaux collectés en déchetterie a augmenté de 32 kilos par habitant et représente 42% des tonnages des sites.
L'OEB explique ce phénomène par les conditions météorologiques bretonnes favorables à la pousse rapide des végétaux et, paradoxalement, par les pratiques de tri.
« Cette hausse s'explique par une évolution des comportements des Bretons. La quantité d'ordures ménagères résiduelles a baissé mais le dépôt en déchetterie a augmenté. Les Bretons ont acquis des réflexes déchetteries, désormais bien ancrés », remarque l'Observatoire.
60% de recyclage, 48% d'enfouissement hors région
Globalement bien dotée en installations de tri et de traitement, la Bretagne dispose de 11 sites pour le tri des recyclables secs et 13 sites sont identifiés pour le tri d'autres déchets.
La gestion des déchets par les acteurs publics pousse les collectivités à se regrouper, note l'OEB, qui comptait 65 collectivités exerçant une compétence déchets en 2020 contre 107 en 2012. 640 acteurs privés de la gestion des déchets sont également implantés dans la région.
« La transition vers une économie circulaire commence à se traduire dans les chiffres », ajoute l'Observatoire, qui fait état de 65% de valorisation matière des déchets non dangereux et non inertes et d'un taux de réutilisation et de recyclage de 60%.
En 2019, 684.900 tonnes ont été envoyées sur des incinérateurs bretons et 683.900 tonnes de déchets produits en Bretagne ont été enfouies, dont 48% dans les départements voisins comme la Mayenne.
Alors que la production des déchets dangereux tend à se stabiliser, le Conseil régional se fixe un objectif de zéro enfouissement en 2030.
Comment Saint-Malo et Brest optimisent leur collecte
Afin de limiter les coûts opérationnels de leur collecte, des collectivités et entreprises ont de plus en plus recours à la data pour analyser les performances de leurs parcs de contenants (quand ils sont vides ou remplis) et adapter le calendrier de leurs tournées.
L'agglomération de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), Brest Métropole et le département du Finistère ainsi qu'une trentaine d'autres clients publics et privés, se sont, par exemple, abonnés à la solution développée par la startup rennaise Heyliot, spécialisée dans l'Internet des objet (IoT).
Baptisé Heywaste, son service combine des capteurs connectés et l'accès à une plateforme informatique. De petite taille et fabriqués en Bretagne, ces capteurs sont installés à l'intérieur des contenants et poubelles (verre, emballages, composts...) et détectent, grâce à un laser, l'état de remplissage de la cuve. La plateforme à laquelle ils sont reliés analyse les données et les habitudes des usagers.
« Nous ne géolocalisons pas les camions, mais nous leur disons s'il est nécessaire de s'arrêter ou pas. En moyenne, nos clients réalisent 20% d'économie sur leurs collectes de déchets », revendique Cyril Pradel, président d'Heyliot.
Soutenue par la Région Bretagne et par l'Ademe, qui lui a accordé une subvention de 100.000 euros dans le cadre du Plan de relance, la jeune pousse de seize salariés est en croissance et en phase de levée de fonds. Outre un déploiement en France et en Europe, Heyliot souhaite développer l'activité autour des données.
« Nous avons collecté quatre millions de données en un an grâce à 1.500 capteurs installés. Notre autre objectif est de construire une stratégie de valorisation de la donnée afin de mieux comprendre la production de déchets et d'apporter une aide réelle à la décision publique », indique Cyril Pradel.
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