Isabelle Autissier : "le littoral devient un enjeu stratégique"

Le Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges, consacré pour sa 20ème édition aux mers et océans, est devenu le rendez-vous incontournable des géographes. Entretien avec Isabelle Autissier, navigatrice, vice-présidente du groupe de travail littoral du Grenelle de la mer.

Le littoral n'est pas seulement un trait entre la mer et la terre. C'est un espace limité sur la carte mais il remonte loin en amont des rivières - 80% de la pollution des côtes vient de la terre - et descend bien en aval jusqu'à la haute mer. C'est cette "délicate rencontre" qu'il est impératif de prendre en compte. Car le littoral devient un enjeu stratégique. Il concentre de plus en plus de gens, les populations des communes littorales augmentent en effet deux fois et demie plus vite que les autres communes françaises. Il attire une forte activité économique, le tourisme bien sûr, mais aussi des activités industrielles, celles qui ont besoin d'eau ou de la proximité de navires de grande contenance, la pêche artisanale, celle qui assure le plus grand nombre d'emplois dans le secteur, l'ostréiculture, l'aquaculture et, demain, le développement des énergies nouvelles, comme les hydroliennes.

Le littoral, c'est également une réserve de biodiversité de plantes, de ressources marines, un fragile rempart aussi contre l'inexorable montée des eaux. La question du réchauffement climatique et de ses conséquences est déjà une urgence et les plans de gestion de nos côtes doivent dès maintenant intégrer cette nouvelle donne. Il faut donc travailler à de nouveaux plans de développement qui prennent en considération tous ces enjeux, réfléchir à un changement durable impliquant tous les acteurs, articuler une kyrielle d'autorités locales ou administratives, jusque dans l'arrière-pays, casser des habitudes, en finir avec l'éternelle opposition entre développement et préservation, bref entrer dans le "dur" !

C'est pourquoi j'ai répondu présent au Grenelle de la mer, qui a permis de réunir autour d'une table tous les acteurs, de faire des propositions concrètes, de soulever des pistes de réflexion. Toutes n'aboutiront évidemment pas. Difficile en effet de savoir en trois mois ce qu'il faudrait faire pour sauver notre littoral et nos mers pour les cinquante prochaines années ! Mais, déjà, la vision étriquée d'un littoral abordée par tranches d'utilisateurs - industriels, plaisanciers, touristes, habitants - commence à s'estomper au profit d'une vision plus globale, plus diversifiée. Le développement économique ne doit plus se regarder uniquement en termes financiers mais en termes de développement de toutes les activités humaines en harmonie avec son environnement.

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