Un skippeur à Francfort

Par Eric Chol, rédacteur en chef à La Tribune.
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En mars 2005, Arjun N. Murti, analyste chez Goldman Sachs, pariait sur un prix du baril à 105 dollars en 2009, soit le double de sa valeur de l'époque. Son seul tort était sa trop grande prudence, puisque le prix du brut a fini par tangenter les 150 dollars au début de l'été 2008. Une hausse qui ne devait avoir aucun impact sur l'économie réelle, fredonnaient alors les experts, assurant que nos pays étaient moins dépendants du pétrole que par le passé.

A les écouter, la flambée du baril risquait certes de faire valser (un peu) les étiquettes, mais une (petite) inflation ne pouvait que mettre de l'huile dans les rouages du système. Les pays ont payé pour voir... et ils ont vu la consommation des ménages ralentir partout dans le monde dès le début de l'année 2008. Trois ans plus tard, le même scénario est en train de se reproduire. Le prix du baril flambe de nouveau, l'inflation fait son retour et l'économie mondiale, frappée d'amnésie, replonge dans ses illusions.

A Francfort, Jean-Claude Trichet, lui, n'a rien oublié. Conscient de la tempête en préparation, il s'apprête, tel un capitaine vigilant, à rabaisser la grand-voile du crédit en resserrant les taux, pour éviter d'être happé par les vents mauvais de l'inflation. Le président de la Banque centrale européenne n'a pas la partie facile. Au pire de la crise, n'est-ce pas à un certain laxisme monétaire que les économies ont dû leur salut ? L'homme fort de la BCE le sait si bien, qu'il avait été l'un des premiers à opérer le virage de l'assouplissement. Aujourd'hui, les yeux rivés sur la courbe des prix, le skippeur de l'euro continue à créer la surprise, en prenant le contre-pied de la Banque d'Angleterre et de la Réserve fédérale américaine.

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