Dans une semaine, le 15 mars, ce sera la fin officielle du Grand débat national imaginé par Emmanuel Macron. pour sortir de la crise des "Gilets jaunes". Nul ne sait ce qui va émerger de cet exercice démocratique inédit à cette échelle, de démocratie participative. A l'image des cahiers de doléances de 1789, plus de 15.000 cahiers citoyens ont été archivés à la Bibliothèque nationale de France, qui va les numériser pour la postérité.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a déjà prévenu les députés de la majorité : « le risque déceptif est important... Il faut préparer nos concitoyens à ce que les propositions à la sortie de soient pas les réponses à toutes les remontées des débats » On ne saurait être plus clair, d'autant que le tiers du 1,2 million de contributions a comme priorité la baisse des impôts et la hausse de la dépense publique ! A Bercy, on regarde, non sans crainte, l'issue du Grand débat : il faudra en effet financer en 2020 les 11 milliards et quelques du plan d'urgence de décembre, le remplacement de la taxe carbone (10 milliards de manque à gagner annuel à l'horizon 2020). Ou bien son rétablissement, mais alors l'argent devra être redistribué aux ménages et aux entreprises : on ne fait pas deux fois la même erreur.... Le casse-tête fiscal risque de rendre le poste de ministre du Budget plus impossible que jamais.
Conscient que son calendrier de réformes en France est sérieusement menacé, Emmanuel Macron est déjà passé à autre chose. Avec son grand discours adressé directement à chacun des citoyens de l'UE dans sa langue, une première, le président français a lancé la campagne pour les européennes du 26 mai en proposant d'étendre à toute l'Europe la méthode du Grand débat. Il souhaite que soit organisé une « conférence pour l'Europe » associant des panels de citoyens, des universitaires, les partenaires sociaux, des représentants religieux et spirituels : l'ambition est de proposer «sans tabou» «tous les changements nécessaires à notre projet politique».
Pour le chef de l'État, il faut réformer l'Europe pour transformer la France. Ce qu'il propose ressemble à «l'Europe qui protège» de Nicolas Sarkozy. Qu'on en juge : Emmanuel Macron veut remettre à plat l'espace Schengen, créer un conseil européen de sécurité intérieure, réguler les plateformes numériques (la France vient de voter la taxe Gafa), installer une «banque européenne du climat», imposer la préférence européenne pour les marchés publics, réformer la politique de la concurrence et instaurer un «bouclier social» avec un salaire minimum européen pour tous les travailleurs. Rien de moins. Seul hic : la France d'Emmanuel Macron a-t-elle encore le crédit pour convaincre ses partenaires d'adopter un tel programme ? Peut-être, si le chef de l'État parvient à se sortir, par le haut, de la crise des «Gilets jaunes».
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