Le brut craque

Question : Le pétrole poursuit sa chute. Hier, le prix du baril est passé, un moment, en dessous de 105 dollars, son plus bas depuis quatre mois. Il se payait 147 dollars au plus haut, à la mi-juillet. Une sacrée dégringolade, Erik Izraelewicz ?

Une sacrée bonne nouvelle pour notre économie d'abord. C'est si rare, ça mérite d'être relevé ! En ce moment, on ne pouvait espérer mieux. Ce qui plombe en France la croissance, c'est bien sûr un peu la crise du crédit immobilier américain, le niveau de l'euro et les rigidités de notre économie, c'est néanmoins d'abord et avant tout la flambée du brut. Le prix du pétrole a été multiplié par trois en trois ans. Un pétrole cher, c'est une sacrée ponction sur notre pouvoir d'achat collectif - on le sent bien quand on fait le plein à la pompe, qu'on remplit sa cuve pour l'hiver ou qu'on achète un billet d'avion pour ses vacances !

Cette baisse, elle va continuer ?

Elle est en tout cas spectaculaire. Le baril a perdu 40 dollars en sept semaines, 30% de sa valeur. Une sacrée chute. Les causes, quatre au moins. Un. Aux Etats-Unis, l'ouragan Gustav a fait pschitt...On craignait le pire. Beaucoup d'installations pétrolières américaines étaient menacées. On se souvenait des ravages de Katrina, en 2005. On y a échappé. Deux. La demande mondiale s'est brusquement ralentie. Aux prix actuels, les consommateurs se sont calmés, aux Etats-Unis comme en Chine. La fin des Jeux atténue d'ailleurs les tensions. Trois. La hausse du dollar, continue depuis six mois. Le pétrole a perdu sa qualité de valeur refuge. Quatre. Le dégonflement de la spéculation. Pétrole et les autres matières premières ne sont plus l'instrument préféré des marchés. La bulle se dégonfle. C'est elle qui avait contribué à 30 à 40% de la hausse récente.

Alors, la baisse va t elle se poursuivre ? Ce n'est pas exclu. D'abord, parce que l'offre est dans le monde plus généreuse - au Brésil, en Russie notamment. Ensuite parce les pays de l'Opep, le cartel des grands producteurs, ont compris qu'un prix trop élevé, c'est mauvais pour leurs clients, c'est mauvais pour eux aussi. Ils se satisferaient aujourd'hui, entend t on, d'un baril à 100 dollars.

A la pompe, le prix du litre n'a pas baissé de 30% depuis son sommet de la mi-juillet !

C'est vrai. Trois raisons à cela. Un. Le baril a baissé de 30% en dollars, pas en euros. En euros, la baisse est moindre. Deux. Dans le prix du litre, en France, il y a beaucoup de taxes, peu de brut. Le brut baisse, pas les taxes. Trois. Même si la pression est forte, les distributeurs ne se précipitent pas pour répercuter ces baisses dans leurs prix à la pompe. On voit la même chose dans les compagnies aériennes. Les surcharges carburant sont toujours là...

L'inflation devrait en tout cas se ralentir...

Oui, c'est cela la bonne nouvelle. C'est ce qui permet de penser que l'inflation a atteint, cet été, son pic, qu'elle va commencer à refluer. Et moins d'inflation, c'est plus de pouvoir d'achat, des taux d'intérêt moins élevés, un crédit moins cher, l'occasion d'une croissance plus forte donc. Comme quoi, dans ce monde de brut, il n'y a pas que des mauvaises nouvelles !

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