Campagne de Brousse : la « journée des trois sommets »

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. En cette année présidentielle, il tient dans La Tribune une revue de la crise politique et sanitaire, intitulée comme il se doit Campagne de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

Omicron, le retour ! Dans sa version BA.2, le virus que nous avions oublié se rappelle à notre bon souvenir au point de frapper y compris une candidate à l'élection présidentielle, Valérie Pécresse, condamnée à une campagne sur Zoom de vidéo-meetings. Jean-Luc Mélenchon pourrait lui opposer son hologramme sorti du magasin des accessoires. Drôle de campagne décidément, où le Président retenu par la guerre éclipse le « Candidat » soupçonné par ses concurrents de se distraire des obligations de l'exercice et de fuir les « vrais sujets ».

Pourtant, les questions de défense et de diplomatie sont le domaine de compétence du Président et nous pourrions souhaiter les voir abordées par les aspirants au pouvoir. Ils ne sauraient en tous les cas justifier un procès en illégitimité que, quelles qu'en soient les circonstances, on instruirait envers le gagnant de la consultation quel qu'il soit.

Le « Candidat » domine toujours la course. Derrière, Marine le Pen avec le pouvoir d'achat et Jean-Luc Mélenchon avec son Union Populaire, deux vieux routiers de la présidentielle, chantres du « vote efficace » tentent une échappée et resserrent un écart toujours respectable avec lui. Le peloton lâché des poursuivants s'essouffle peu à peu, s'éloignant plus ou moins, selon les sondages, de « l'intervalle de confiance » qui n'aura jamais autant mérité son nom ! Ainsi, le paysage politique français se résumerait-il, hors les tenants de la reconduction du Président, à l'attractivité des extrêmes ? Macron 30%, extrêmes 40% ! Les partis dits de « gouvernement » n'attirent plus une société elle-même tourneboulée. Les commentateurs patentés interprètent dans le désarroi une situation qui les déstabilise. Pouvons-nous nous attendre encore à quelque heureuse surprise ?

Pendant ce temps le président a mené à Bruxelles la « journée des trois sommets », l'Otan, le G7 et l'Union européenne. Joe Biden soi-même fait acte de présence à quelques encablures des champs de bataille. La résistance ukrainienne semble contenir courageusement d'hétéroclites troupes russes dont on se plait à croire qu'elles patinent dans les neiges. Les « grands reporters » spécialistes des questions de défense et les « géo-politologues » spécialistes des questions internationales s'en donnent à cœur joie. Volodymyr Zelensky harangue avec conviction les parlements occidentaux.

Le recours aux armes chimiques ou biologiques nourrit la guerre des mots.
Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, déclare sur CNN International que Moscou n'utilisera l'arme nucléaire en Ukraine qu'en cas de «menace existentielle» contre la Russie. Existentielle ? Cette guerre a-t-elle une gueule d' « existentielle » ? Est existentiel ce qui « concerne l'existence en tant que réalité vécue personnellement et concrètement ». Or tout en ce moment concerne la seule réalité « vécue » du Tsar Vladimir Poutine, dans ses combats contre le nazisme et peut-être Omicron ! Envoyons vite Kierkegaard et Sartre négocier.

Selon le sondage IFOP publié par La Tribune le 24 mars, une forte majorité de Français craint une attaque nucléaire. La menace fait son effet et oblige les démocraties apparemment impuissantes à forcer leurs imaginations pour porter une parade efficace à la folie du Monde et protéger leurs ouailles. Le ciel encourageant du printemps naissant et l'arrivée de l'heure d'été n'y suffiront pas. Certes, les doudounes sont remisées et les terrasses ensoleillées des villes et des villages retrouvent doucement leur animation .

Mais l'impossible insouciance plombe une atmosphère pour le moins pesante.
Puisse le retour du masque et le bruit des canons ne pas fournir un alibi aux futurs abstentionnistes.

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Commentaire 1
à écrit le 26/03/2022 à 10:03
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Qu'est-ce que je l'ai trouvé en manque de confiance sur sa dernière émission campagne notre président, alors que ça fait 5 ans qu'il gouverne il aurait du acquérir cette confiance des personnages usés par la fonction puisque comme on le voit après 5 ...

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