Campagne de Brousse : Le « Candidat » a donc un programme !

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. En cette année présidentielle, il tient dans La Tribune une revue de la crise politique et sanitaire, intitulée comme il se doit Campagne de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

Le « Candidat » a donc un programme ! Qui en doutait ? Il aura bien voulu participer au « Grand Oral » organisé par TF1, véritable concours Lépine de mesures face aux enjeux cruciaux du moment. Mais, surtout, pendant de longues heures, aux « Docks de Paris », à Aubervilliers, devant quelques trois cents journalistes, il détaille son projet, un catalogue précis soigneusement powerpointé : travail, pouvoir d'achat, baisses d'impôts, éducation, recherche, écologie, santé, sécurité, et la retraite à soixante-cinq ans.

Surveillons nos boites à lettre, nous en recevrons l'essentiel par courrier. Les  concurrents s'empressent de signaler qu'il les a copiés, eux-mêmes qui lui avaient sournoisement emprunté quelques idées. Après tout, pourquoi pas, si elles sont bonnes pour le pays !

En chapeau, une vision : face au «retour du tragique ... trois convictions philosophiques», la «confiance dans le progrès ... l'humanisme», et surtout le «retour de la souveraineté populaire ». Evidemment, la « verticalité » jacobine innée lui a joué quelques tours, mais il ne suffira plus d'organiser des « grands débats » et autres « conventions citoyennes » sans tenir clairement compte de leurs conclusions.

Attention : chassez le naturel et il risque de revenir, au galop ou pas. Evitons le « discutons et faisons comme Je le sens ». Peut-il en tenir compte ? Voilà de quoi nourrir une campagne sérieusement étouffée à l'ombre de sondages insensibles et tristement têtus. Les « Poulidor » de la compétition s'évertuent à sortir de l'intervalle de confiance pour conquérir une seconde place très disputée. Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, championnes des deux « grands partis de gouvernement », attendent avec frénésie l'onction enthousiaste de leurs anciens présidents, Nicolas et François, pour le moins timides.


Pendant ce temps, le Président, après le sommet européen du « sursaut » envoie Castex présenter un ènième le plan de « résilience », l'innovation sémantique n'a pas de limites. Il garde avec ténacité le lien avec Vladimir Poutine, qui se rapproche dangereusement de Marioupol, d'Odessa et de Kiev. Il semble que des débuts de commencement de négociation soient envisagés. Le Tsar shakespearien en appelle à l' « autopurification » de la Russie et provoque l'envol depuis Moscou des jets privés oligarquiens partant s'autopurifier au soleil. La guerre apporte quelques surprises : on ne sait toujours pas combien de victimes ont péri dans le théâtre de Marioupol où s'étaient réfugiés près de mille civils. Le maire de Maritopol enlevé par les militaires russes a été soudainement libéré. Marina Ovsiannikova, l'égérie russe promise à 15 ans de  prison pour avoir « discrédité l'utilisation des forces armées russes » en brandissant son panneau « NOWAR » sur la chaine pro-Kremlin Pervy Kanal n'aura finalement écopé - pour l'instant- que de deux cent cinquante euros d'amende !

C'est à n'y rien comprendre, la guerre contemporaine de l'information s'intensifie. La station spatiale tombera-t-elle vraiment ? Le spectre des  menaces bactériologiques ou nucléaires rode. Au même moment des ex-généraux surdécorés continuent de rationnaliser sur les chaines d'infos les mouvements des armées russes dont les soldats seuls savent peut-être sur le terrain qui est le méchant. Joe Biden hausse le ton. Les femmes et les enfants ukrainiens fuient. Les peuples européens sont inquiets.
Omicron, provisoirement oublié en Russie, tente une percée en Chine, vers Shenzhen, où des millions d'habitants sont à nouveau confinés. Chez nous, la grippe apparaît. Les camélias, les rosiers du Japon, les crocus et les primevères irisent les jardins. La pêche est enfin ouverte. Les eaux sont encore un peu froides, mais les truites et les ombres se préparent à l'assaut des moucheurs du printemps. Qu'ils n'oublient pas d'aller voter, dans trois semaines.

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Commentaires 3
à écrit le 22/03/2022 à 11:37
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Et son programme c'est... le réel ! :D Quand je dis qu'il veut pas y retourner...

à écrit le 22/03/2022 à 11:05
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"soigneusement powerpointé" Pas d'accord sur l'allure des bourrins : C'est plutôt : chassez le naturel il revient au petit trot :

à écrit le 20/03/2022 à 18:34
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Avait il un programme en 2017? Non, simplement "le projet" de Bruxelles pour la France, qu'il n'a même pas réussit a mettre en place! On comprend sa recherche d'excuse permanente!... Rebelote? Pas le choix pour l'UE!

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