Campagne de Brousse : Le Candidat

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. En cette année présidentielle, il tient dans La Tribune une revue de la crise politique et sanitaire, intitulée comme il se doit Campagne de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

Avez-vous vu la dernière série en vogue sur YouTube : « Le Candidat » ? Le héros, chemise blanche, sérieux mais amène, dans un bureau de cadre hyper supérieur, nous annonce qu'il vient poursuivre l'œuvre entamée par son frère jumeau, auquel il ressemble comme un frère, légitimement occupé à piloter depuis le Palais de l'Elysée les réponses fermes à l'odieuse attaque russe sur l'Ukraine.

Le Candidat annonce qu'il va annoncer son programme, « bâtir la France de nos enfants, pas ressasser la France de notre enfance », qu'il avait ébauché dans cette lettre que nous avons tous reçue vendredi : travail, santé, éducation, indépendance énergétique et technologique, inégalités, sécurité et défense. Et s'il reconnait les résultats notables atteints par le Président, le Candidat avoue qu'il n'avait pas tout réussi : « je ferais sans doute différemment».

C'est vrai qu'il aura tout vu, le frérot : Gilets jaunes, attentats terroristes, méchant coronavirus et maintenant la guerre ! « Je suis candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne singulière [J1] ». Son frère aurait voulu une autre campagne, mais je vous les promets, pendant ces quelques courtes semaines, les vrais débats démocratiques que les Français adorent, attendent et dont ils sont frustrés.

Les concurrents hurlent à l'imposture, dénoncent un déni de démocratie, accusent un vrai faux bilan, et reprochent vivement un sérieux mépris des Français ... Quoi de plus naturel : c'est leur boulot, après tout. Mais la guerre aux confins de l'Europe interdit de se concentrer égoïstement sur de « simples » considérations politiciennes et picrocholines. Lequel de ceux-là entretiendrait une ligne ouverte sans compromission avec Vladimir Poutine ?

Le Tsar en devenir - du moins en rêve-t-il sans doute - n'en a que faire de sa propre parole, ni des gens simples, de son propre peuple ou des Ukrainiens. Il assiège Marioupol et lorgne sur Odessa, histoire d'annexer la Mer Noire. Il incendie la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, histoire, dans un méticuleux gloubiboulga entre nucléaire civil et militaire, de confirmer au monde effrayé ses pires menaces. Ses tirs sont moins précis quand il touche malencontreusement ( ?) un hôpital ou une école. Il s'approche évidemment de Kiev, le berceau de la Sainte Russie, histoire d'asseoir tant qu'il est temps son idée absurde d'un pouvoir maléfique. La résistance ukrainienne est héroïque. Ukrainiens et Russes sont beaux-frères ou cousins. Quand le peuple russe se soulèvera-t-il ? Quel von Choltitz de l'armée du Tsar osera le convaincre de ne pas anéantir Kiev ?

Le jumeau Président est plus que jamais au travail, nul n'en doute. Le Candidat entre en campagne, une campagne pour le moins bizarre, mais il la fera avec soin. Et les incontournables chaines d'infos rassasiées de la Covid zappent elles-mêmes de la guerre à la campagne. Florence Parly et Jean-Yves le Drian ont remplacé Olivier Véran. Des généraux en retraite et des politologues confirmés ont remplacé des virologues en retraite. Les animateurs et les commentateurs avides d'audience, entre deux pubs pour Commej'aime.fr et Carglass.fr - surtout n'oubliez pas le .fr - attisent les angoisses des citoyens inquiets. La perspective d'une attaque atomique les y aide grandement.

Dommage, dans les campagnes, les vraies, les arbres commencent à mousser. Les genêts et les forsythias éclairent de jaune les bordures et les jardins encore endoloris. Dans quelques jours, nous pourrons « ôter » nos masques et ranger dans nos archives nos passes vaccinaux. Nous étions prêts à sourire à un nouveau printemps. La raison et l'espoir l'emporteront-t-ils un jour ?

Quand boirons nous tranquilles un demi bien frais à la terrasse du café du coin ?

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 11/03/2022 à 13:47
Signaler
J'en parlais recement avec Le general de Gaulle.......qui m'a dit : j'aime bien les gens qui portent des chemises blanches bien repassées et ont des chaussures bien cirées…PUISSANT ???

à écrit le 07/03/2022 à 12:42
Signaler
Il est toujours plus intelligent de parler des autres pour se faire oublier!

à écrit le 07/03/2022 à 8:28
Signaler
Visiblement ils ne veulent pas que nous soyons tranquille on peut juste prendre les paris sur leur futur nouveau chaos, Taiwan ? Là ça rigolerait encore moins car les taiwanais se battraient jusqu'aux derniers ils ne fuiraient pas leur pays.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.