La France a le marché de l'emploi le plus rigide

OPINION. La France a le marché de l'emploi le moins flexible des pays de l'OCDE et de l'Union européenne. Mais ce résultat ne tient pas compte des ordonnances réformant le code du travail qui n'ont pas encore produit tous leurs effets. En toute logique, notre pays pourrait donc être mieux classé l'année prochaine. Mais, ce n'est pas certain si l'on se fie au rapport du comité d'évaluation des ordonnances. Par Patrick Coquart, Institut économique Molinari
Un an après la mise en œuvre des réformes du code du travail engagées par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, le comité d'évaluation des ordonnances a remis son premier rapport d'étape. Et le bilan dressé est plutôt mitigé.
Un an après la mise en œuvre des réformes du code du travail engagées par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, le comité d'évaluation des ordonnances a remis son premier rapport d'étape. Et le bilan dressé est plutôt mitigé. (Crédits : Reuters)

Le Lithuanian Free Market Institute (LFMI) a publié, il y a quelques semaines, son étude sur la flexibilité de l'emploi dans les pays de l'OCDE et de l'Union européenne (UE). La France y figure à la 41e et dernière place. Avec un indice de 38,4 sur 100, elle est devancée par le Luxembourg (43,6), le Mexique (45,1), le Portugal (45,5), la Turquie (48,3) ou encore la Grèce (50,6). Tous ces pays sont loin derrière les premiers du classement : Danemark (96,9),États-Unis (92,4), Japon (91), Royaume-Uni (83,2) ou Canada (82,6).

Très différents les uns des autres, les pays qui occupent la tête du classement ont fait le choix d'un marché du travail flexible. Comme le précise le think tank lituanien, cela « favorise l'emploi, la productivité globale et la mobilité de la main d'œuvre dans tous les secteurs en réduisant les coûts et les risques liés à la modification des emplois. De plus, un marché du travail flexible permet de réagir rapidement aux fluctuations du marché, d'accroître la réactivité des salaires aux changements de la conjoncture économique et de fournir les mécanismes d'incitation appropriés pour les employeurs et les employés ».

Quatre facteurs

À l'inverse, une réglementation excessive empêche la bonne réallocation de la main d'œuvre vers des activités plus productives et motrices pour la croissance. Ainsi, des politiques de protection excessive de l'emploi diminuent celui-ci.

La position de la France, qui est la même que l'année dernière, est due principalement à quatre facteurs : les restrictions sur l'emploi des contrats à durée déterminée (CDD), tant au niveau de leurs conditions d'utilisation que de leur durée ; le coût du travail supplémentaire ou en horaires atypiques (nuit, dimanche) ; le nombre de jours de congé et enfin la réglementation sur les licenciements, et leur coût.

On voit que les réformes conduites par François Rebsamen, et surtout par Myriam El Khomri, tous deux ministres du Travail de François Hollande, et qui ont provoqué l'ire des syndicats, n'ont pas permis à notre pays de sortir des profondeurs du classement.

Les réformes engagées par Muriel Pénicaud le permettront-elles ? Un an après leur mise en œuvre, le comité d'évaluation des ordonnances a remis son premier rapport d'étape. Et le bilan dressé est plutôt mitigé.

Par exemple, sur la création du comité social et économique (CSE), en lieu et place des CE, DP et CHSCT, le rapport indique que les employeurs voient là « une possibilité de simplifier et de diminuer les coûts ». Cependant, dans la pratique, « on peut craindre que la mise en place du CSE ne se fasse a minima, avec une reconduction des pratiques antérieures adaptées au nouveau cadre ». De fait, seuls 10.500 CSE ont été créés alors que le gouvernement en attendait 50.000 à 60.000.

Un sujet capital, le temps de temps de travail

Autre sujet emblématique, celui du référendum d'entreprise. Dans les entreprises de 1 à 10 salariés, 400 textes ont été validés par référendum, et 125 dans les unités de 11 à 20 salariés. Des chiffres modestes au regard des deux millions et quelques entreprises potentiellement concernées. Le rapport contient cependant sur ce sujet une information intéressante : 84 % de ces accords validés par référendum portent sur le temps de travail. Comme quoi le sujet est capital pour les TPE-PME. Il aurait sans doute mérité un traitement plus radical.

Enfin, dernier thème, celui du plafonnement des indemnités prud'homales. Les rapporteurs estiment qu'il est prématuré de vouloir en mesurer les effets sur l'activité des juridictions qui est en forte baisse depuis l'instauration de la rupture conventionnelle en 2009 (-50 %).

En présentant à la presse leurs projets d'ordonnances réformant le code du travail, le 31 août 2017, Édouard Philippe, Premier ministre, et Muriel Pénicaud, ministre du Travail, indiquaient qu'un des objectifs visés par les textes était de donner la capacité aux entreprises et aux salariés « d'anticiper et de s'adapter de façon simple, rapide et sécurisée ». Ils avaient même évoqué « un projet de transformation sociale d'une ampleur inégalée ».

Certes, il faut laisser aux réformes le temps de produire leurs effets. On peut cependant se demander si les ordonnances travail seront suffisantes pour remettre la France au niveau de ses principaux voisins et concurrents et assouplir significativement notre marché du travail. À cet égard, les travaux du comité d'évaluation des ordonnances, qui se poursuivront tout au long de l'année 2019, seront à suivre avec intérêt.

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Commentaires 14
à écrit le 23/01/2019 à 17:31
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L'objectif de la plupart des réformes sociales dans notre pays n'est pas d'adapter le monde des entreprises et des travailleurs au travail contemporain mais de changer le moins possible de chose, en gros trop peu, trop tard et trop lentement. Comment...

à écrit le 22/01/2019 à 17:49
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"On voit que les réformes conduites par François Rebsamen, et surtout par Myriam El Khomri" Souvenir : La loi El Khomri est un produit d'importation made in Union européenne .Les «Grandes orientations de politique économique» (GOPÉ), dont l'exi...

à écrit le 22/01/2019 à 17:12
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Et les dirigeants politiques les plus à gauche, cherchez l'erreur.

à écrit le 22/01/2019 à 15:03
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Qu'est ce que c'est cet "Institut Molinari" à la noix et cette "fake'' analyse Comment peut on diffuser de telle aneries en masse? ... Franchement .... "quand la solution c'est le problème " disait Paul Watzlawick et ça dure chez nous depluis le...

à écrit le 22/01/2019 à 11:58
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ite missa est ci-dessous m'a pris de court. :-) on peut mentionner aussi le pourcentage de travailleurs bas salaires : 24% en Lituanie contre 9% en France, d'après Eurostat. soldes naturel et migratoire négatifs (Eurostat) : on n'a pas vraiment en...

le 22/01/2019 à 12:44
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Mentionnons également pour que ce soit clair, que l'Institut Economique Molinari est une association privée dont le but est de de diffuser la doctrine du libéralisme économique. Des gens dont la devise est "nos profits valent mieux que leurs vies"...

à écrit le 22/01/2019 à 11:48
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Veut on généraliser la misère dans l'UE pour permettre son uniformisation? Grâce a l'immigration nous sommes en bonne voie! On oblige les peuples a devenir nomade!?

à écrit le 22/01/2019 à 11:41
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Si cela veut dire que l'on a moins de misère qu'ailleurs c'est un bon point!

à écrit le 22/01/2019 à 11:22
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Mieux classé par les services des marchés financiers mais pas de chômage en moins, ça sert à quoi svp ? A bavarder...

à écrit le 22/01/2019 à 11:16
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bref les grosses fortunes internationales s'empiffrent et demandent encore quelques efforts à leurs nationaux travailleurs encore un effort chers collaborateurs...... et cela sera le bout du tunnel "dixit r.barre" ou l'illusion de la lumière salvat...

à écrit le 22/01/2019 à 11:16
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Taux de pauvreté en France: 14% Taux de pauvreté en Lituanie: 23%, dans le top 3 des plus élevés d'Europe. Leur SMIC est le plus faible d'Europe (400€). Leur espérance de vie (73 ans) les place en 89eme position entre les Iles Tonga et la républ...

le 22/01/2019 à 12:21
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Quid du Danemark?

à écrit le 22/01/2019 à 11:03
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C'est justement la "rigidité" de notre marché du travail qui a fait toute ça force. Ce modèle nous a permis d'avoir une réputation d'excellence et de luxe dans le monde entier. Si on veut perdre cette étiquette, on peut effectivement s'aligner sur l'...

le 22/01/2019 à 12:22
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Vous racontez n'importe quoi soit, mais en avez-vous conscience?

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