Le véhicule d’entreprise, clé de la transition électrique

OPINION. L'avénement de la voiture électrique impose une réflexion sur le modèle économique qu'impose ce véhicule, beaucoup plus cher qu'une voiture thermique mais qui plus compétitif à l'usage. Les flottes d'entreprise, davantage sensible à ce critère, doivent être le levier pour promouvoir cette technologie écologiquement plus vertueuse. A condition que l'Etat adapte son cadre juridique et fiscale, explique Sandra Roling, directrice de EV100, une coalition d'entreprises engagée à verdir leur flotte sous l'égide de l'ONG The Climate Group.
Sandra Roling, directrice de la coalition EV100, une branche de l'ONG The Climate Group.
Sandra Roling, directrice de la coalition EV100, une branche de l'ONG The Climate Group. (Crédits : DR)

Alors que la fin des véhicules thermiques est annoncée en 2035 par l'Union Européenne, les véhicules électriques ne représentent aujourd'hui que 1% du parc automobile français.

L'accélération de la transition vers les véhicules zéro émission est donc un impératif : les véhicules individuels comptent pour 15% des émissions annuelles de CO2 en France.

La clé pour accélérer le verdissement du parc automobile français ? Une électrification massive et rapide des flottes de véhicules d'entreprise.

Les véhicules d'entreprise représentent chaque année plus de la moitié des ventes de véhicules neufs en France et les deux tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées au parc neuf, car leur utilisation est plus intensive. Ils ne sont conservés par les entreprises que quelques années, puis revendus à des particuliers. Au-delà de leur poids dans les émissions de GES nationales (2% du total), les véhicules d'entreprise constituent donc un accélérateur de transition : on les retrouvera plus tard, à des prix accessibles, sur le marché de l'occasion vers lequel se tournent un nombre croissant de Français.

Les entreprises ont donc un rôle majeur à jouer dans la réduction de ces émissions de CO2. Elles peuvent réduire des deux tiers les émissions de GES liées aux véhicules neufs en France, et sont le vecteur clé de propagation des technologies les moins polluantes sur le marché de l'occasion. Or celui-ci est central, puisqu'il se vend chaque année en France trois fois plus de véhicules d'occasion que de neufs, mais encore très peu de voitures électriques (1%).

Pour ces raisons, un engagement des entreprises françaises est nécessaire. Les entreprises leaders en matière de RSE ont vocation à montrer l'exemple.

Au niveau mondial, une centaine d'entreprises parmi les plus importantes ont déjà ouvert la voie en rejoignant la coalition EV100, qui les fédère dans leur engagement de convertir 100% de leur parc aux véhicules faibles émissions avant 2030.

Mais si les entreprises les plus volontaires peuvent montrer le chemin, la mise en place d'un cadre incitatif par l'État est nécessaire pour que les autres suivent. Il dispose d'une large palette de mesures à cet effet : réforme de la fiscalité sur les véhicules de société pour rendre plus attractifs les véhicules électriques (et moins attractifs les hybrides rechargeables), avec un suramortissement fiscal sur l'acquisition de ces véhicules, crédit d'impôt sur les frais d'installation de bornes de recharge, reconduction des primes à l'achat... et plus globalement accélération du déploiement des bornes publiques de recharge à travers le pays.

La puissance publique pourrait même aller au-delà de ce que la loi Climat impose déjà aux entreprises pour le « verdissement » de leurs véhicules.  Les managers de flotte d'entreprise y semblent prêts : les deux tiers d'entre eux pensent pouvoir atteindre 100% de véhicules électriques à horizon 2030, d'après un sondage réalisé par le WWF.

Parallèlement, c'est aussi sur le marché des véhicules d'occasion, où se retrouveront demain ces flottes d'entreprise, qu'il faut porter l'action publique. Si les véhicules électriques ne représentent actuellement que 1% des ventes d'occasion, ce n'est pas seulement parce que l'offre est trop faible. C'est aussi parce que leurs prix sont encore trop élevés.

La transition massive et rapide vers les véhicules zéro émission, encouragée par l'engagement des entreprises et de l'État, apportera aux constructeurs la visibilité nécessaire pour enclencher les investissements et la conversion de l'offre nationale.

À ces conditions, la France consolidera sa place de pays producteur d'automobiles et affirmera son leadership sur le développement des véhicules zéro émission.

Le challenge est de taille, mais la France a tous les atouts pour y arriver !

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Commentaire 1
à écrit le 04/03/2022 à 12:44
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En effet souvent des modèles simples et efficaces, robustes et à des prix presque corrects ils pourraient alimenter un marché d'occasion totalement affamé dans le secteur. Merci pour cette excellente idée même si on aurait là aussi pu espérer que nos...

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