Conçue par l'équipe « Données massives en santé » de l'unité Inserm LTSI (Laboratoire du traitement du signal et de l'image) du centre hospitalier universitaire de Rennes, pilotée par le professeur Marc Cuggia, spécialiste de l'informatique médicale et de la biostatistique, la plateforme eHop vise à optimiser le parcours de soins du patient en facilitant le travail des professionnels de la santé et des chercheurs. Cet entrepôt numérique, qui permet le croisement, le traitement et l'analyse des données de santé collectées après consultation et résultat d'examens médicaux, est d'ores et déjà utilisé par les CHU de Brest, Angers, Tours, Nantes et Orléans, via le GCS Hugo (Groupement de coopération sanitaire des hôpitaux universitaires du Grand Ouest). En 2020, le démarrage de six autres sites est prévu, principalement dans le nord et l'est de la France.
Valorisation des données médicales et industrialisation
Ce passage d'un prototype testé initialement au CHU de Rennes à une exploitation plus industrielle, à l'échelle d'un territoire et de plusieurs établissements de santé, a été rendu possible par un partenariat avec Enovacom. Le CHU de Rennes, qui à lui seul compile plus de 27 millions de documents pour plus de 1,2 million de patients, souhaitait « depuis 2016 pouvoir s'appuyer sur un industriel pour commercialiser et industrialiser la solution eHop », précise François Decourcelle, directeur adjoint de l'innovation au sein de cette société éditrice de logiciels dédiés au monde de la santé, filiale d'Orange Business Services.
Vainqueur de l'appel d'offres, « Enovacom est chargé de la distribution, du déploiement et du maintien en conditions opérationnelles de la solution ». La société assure également toute la partie de l'intégration des données dans l'entrepôt eHop, qui consiste à installer les entrepôts des différents établissements et à gérer les flux. Quant aux investissements consentis par les établissements de santé, ils portent sur l'acquisition des licences logicielles de la solution eHop, mais également sur les coûts de structuration du centre de données cliniques.
Identifier les besoins du futur en matière de santé
En dix ans, l'idée de la numérisation du dossier médical et d'une approche territoriale du big data est passée d'un projet « considéré comme futuriste » à un potentiel à exploiter.
« L'ensemble de la chaîne de soins est bénéficiaire sur de nombreux plans. La veille sanitaire est facilitée, tout comme le repérage, entre autres, des cas rares ou des malformations congénitales. En bout de chaîne, le patient est le gagnant. Le chemin entre la recherche scientifique et le soin se raccourcit », affirme le CHU de Rennes.
Le big data et la valorisation des données de santé représentent d'ailleurs, selon les professionnels, l'un des grands enjeux de la médecine. Ce que François Decourcelle nomme « la médecine des 4P : prédictive, mais aussi participative, personnalisée et préventive ».
Le partenariat entre le centre hospitalier de Rennes et Enovacom s'est ainsi consolidé autour d'un laboratoire de recherche commun, baptisé LabCom, cofinancé par des fonds publics et industriels. Sa vocation : identifier les besoins du futur en matière de santé et inventer les technologies adéquates pour initier les nouveaux usages et guider les professionnels. Les usages de l'intelligence artificielle offrent des perspectives à eHop, en particulier avec des traitements sur les données à haute vélocité produites par les équipements biomédicaux, l'imagerie médicale ou encore les données génomiques.
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