Innovation : Vannina Bernard-Leoni fait de la résilience

FACE A LA CRISE - CORSE. Comment le fab lab de Corte a-t-il affronté la guerre sanitaire ? A la tête des projets Vannina Bernard-Leoni, la directrice du pôle innovation et développement de l'université auquel il est rattaché.
Vannina Bernard-Leoni, Directrice du pôle innovation et développement de l'Université de Corse
Vannina Bernard-Leoni, Directrice du pôle innovation et développement de l'Université de Corse (Crédits : DR)

« Concevoir, prototyper, produire ». Le credo du fab lab de Corte, l'un des bras numériques de l'université de Corse depuis cinq ans est passé, grâce au Covid, du virtuel au réel en orchestrant pendant deux mois la production d'un réseau de "makers" corses qui a contribué à l'effort de guerre sanitaire, fabriquant notamment 18.000 visières anti-projection à destination des soignants ou des commerçants sur le pont. Cheville ouvrière de cette initiative, Vannina Bernard-Leoni, la directrice du pôle innovation et développement de l'université insulaire, a fait faire un bond de géant à ce tiers-lieu dédié au numérique abrité dans les murs du Palazzu naziunale, siège historique de la Corse indépendante (1755-1768).

« Le matériel de première nécessité faisait défaut, alors, en échangeant avec des soignants qui avaient des besoins bien ciblés, je me suis rendu compte que nous avions la capacité de produire », détaille la jeune femme à l'énergie communicative et au regard cristallin, professeur d'italien de formation.

Élan de solidarité

Allier la créativité et le pragmatisme n'est pas une difficulté insurmontable pour l'enseignante qui milite pour une économie sociale et solidaire et a lancé en 2010 la revue print Fora, résolument novatrice, donnant la parole à une Corse tournée vers le monde.

Contact est pris avec d'autres fab labs, des entreprises comme les ajacciens Campusplex ou Icare, et une armée de particuliers éparpillés dans toute l'île, afin de produire des visières anti-projection en Plexiglas en mobilisant des imprimantes 3D.

Adhérant à l'élan de solidarité, une centaine de personnes gravitent bientôt autour du fab lab de Corte qui coordonne environ 50 unités de fabrication mobilisées pour distribuer gratuitement les visières.

Jusqu'à 900 visières fabriquées par jour

L'approvisionnement en matière première, les bobines, a été assuré par l'université en ce qui concerne le fab lab de Corte. Mais le plus souvent, l'approvisionnement a été le nerf de la guerre : le système D a fonctionné pour l'élastique ; « le plus urgent était d'acquérir des bobines de PLA [nécessaires à l'impression 3D] et des plaques de polypropylènes », souligne Vannina Bernard-Leoni. Sans compter la « casse » de certaines machines de makers qui tournaient à plein régime.

« Nous avons eu des contacts avec la collectivité de Corse qui pourrait prendre en charge certains frais », espère la jeune femme.

Le réseau, au plus fort de son activité, a été en mesure de fabriquer « 900 visières par jour ». Initialement destinées aux personnels soignant et aidant, les visières seront ensuite distribuées dans le secteur du BTP, où la reprise pointait le bout de son nez en avril, mais aussi dans le commerce, « toujours à titre gracieux ».

« Une quarantaine d'hygiaphones, 300 crochets ouvre-porte, mais aussi, via l'entreprise Icare, des valves adaptables aux masques de plongée Décathlon Easy breathing pour équiper des respirateurs dans les services de réanimation, ont été réalisés en un temps record », détaille Vannina Bernard-Leoni, preuve s'il en est de la « résilience du territoire ».

Cette agilité, qui a devancé les pouvoirs publics, constitue la première pierre d'un nouvel écosystème qui peine à exister dans l'île.

« Notre capacité à travailler en réseau a démontré que l'on est capables d'être autonomes sans organisation hiérarchique, et de rejoindre l'économie réelle », insiste la directrice.

Si certaines régions ont d'emblée soutenu leurs fab labs, la Corse a accusé un certain retard à l'allumage :

« Des politiques ont levé des fonds mais la logistique a parfois fait défaut.»

Par ailleurs, si la société insulaire a découvert concrètement l'existence de ce monde digital et de ses travailleurs de l'ombre, ces derniers sont toujours en quête de reconnaissance.

« Il faut accentuer l'éducation technologique et consolider ce réseau pour qu'il constitue un écosystème solide », plaide la directrice.

Tel est l'enjeu de la relocalisation.

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Commentaires 2
à écrit le 06/08/2020 à 12:02
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La Corse ferait un paradis fiscal bien plus attractif que la Suisse, le Luxembourg, les pays bas, la Belgique et-c... non ? Monaco est plein à craquer ! Sa géographie tourmentée ne permettra jamais à une industrie de s'y développer et les citoyen...

à écrit le 06/08/2020 à 11:51
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Vous croyez vraiment que nous croyons à ces balivernes ?

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