Tout avait pourtant si bien commencé entre le conseil régional d'Île-de-France et la ville de Paris sur la boucle de 35 kilomètres inaugurée en 1973. Dès mai 2018, aux côtés de l'Etat, de la métropole et des départements, les deux collectivités co-finançaient, chacune à hauteur de 1 million d'euros, une consultation internationale sur le devenir des autoroutes, du boulevard périphérique et des voies rapides dans le cadre du Forum métropolitain du Grand Paris.
L'infrastructure est propriété de la ville de Paris, mais elle est utilisée quotidiennement par près d'un million de Franciliens. 40% des trajets vont de banlieue à banlieue, et seuls 20% des usagers sont Parisiens, a l'habitude de répéter le conseil régional. Les uns veulent la réaménager, les derniers la conserver telle quelle. A quelques mois de l'élection présidentielle, les deux collectivités vont se retrouver au tribunal administratif de Paris.
D'un côté, à l'approche des Jeux olympiques de Paris, la capitale souhaite en réserver une voie aux participants, avant de la dédier aux transports en commun, aux véhicules électriques et à l'autopartage. De l'autre, Valérie Pécresse a lancé une consultation, entre le 10 et le 30 novembre, pour inviter les Franciliens à se prononcer « pour » ou « contre » le retrait d'une voie ouverte à tous sur le périph'.
"Question biaisée" ou "conception particulière du débat public" ?
Il en ressort que 78.746 personnes - sur 12.213.447 Franciliens recensés par l'Insee - ont rejeté à 90,2% la suppression d'une voie de circulation. Forte de ce résultat, la désormais finaliste du congrès des Républicains espère désormais que la boucle parisienne devienne une infrastructure régionale. Une "question biaisée" pour sa rivale à l'élection présidentielle qui s'apprête à déposer un recours devant la justice.
"Il s'agit d'une propagation de fake news dans le but de faire pression sur la décision de la Ville qui est compétente sur cette infrastructure", explique l'Hôtel de Ville à La Tribune.
"De la part de gens qui n'arrêtent pas de parler de démocratie participative, c'est très étonnant. Cela montre une conception très particulière du débat public", rétorque à La Tribune Othman Nasrou, le porte-parole de Valérie Pécresse.
Posture "anti-écologique et anti-sociale" ou choix "invraisemblable" ?
L'entourage d'Anne Hidalgo accuse encore la rivale francilienne d'adopter une "position conservatrice anti-écologique et anti-sociale". L'entourage de la présidente (Libres) du conseil régional juge cela "invraisemblable": "Où sont les études d'impact ? Sur l'environnement ? Sur le report de trafic ? Elle ne peut pas décider pour toute la région".
En réponse, l'équipe de la maire de Paris pointe les "incohérences" de Valérie Pécresse, expliquant que la région n'a été présente qu'au premier des "ateliers du périphérique" depuis leur lancement en juillet 2019. "Ils essaient de passer en force. Cela a été voté de manière unilatérale au Conseil de Paris", réplique Othman Nasrou qui dit avoir participé à un atelier sur les portes du périphérique.
La capitale renvoie également à la mission d'information et d'évaluation du périphérique transpartisane qui avait planché sur le sujet au premier semestre 2019. Son rapporteur Éric Azière, alors président du groupe d'opposition UDI-MoDem, confiait en effet à La Tribune la volonté des élus de gauche et de droite d'"en finir" avec une infrastructure "source de pollutions multiples".
"La transformation du périphérique est un sujet sur lequel la Ville de Paris avance de façon concertée avec l'ensemble des collectivités riveraines depuis plusieurs années", conclut-on chez Anne Hidalgo. Reste que la consultation internationale lancée par l'Etat, la région, la capitale, la métropole et les départements n'a pu aboutir entre le décalage des élections municipales, le changement de préfet et la dissolution du syndicat mixte le 7 décembre prochain.
Sujets les + commentés