Dans le Grand Paris, les banques se positionnent (aussi) sur la relance verte

La Société Générale a prévu une enveloppe de 3 milliards d'euros pour le financement du Grand Paris. A l'image d'autres entités, comme la Caisse d'Epargne Île-de-France ou le Crédit Mutuel Arkéa, la banque au logo rouge et noir entend participer à la construction d'une métropole-capitale qui réponde à l'impératif de transition écologique.
César Armand
(Crédits : Reuters)

Après avoir investi 2 milliards d'euros entre 2018 et aujourd'hui, la Société générale vient d'annoncer, ce 15 septembre 2020, le déblocage d'une enveloppe de 3 milliards d'euros d'ici à l'été 2024 pour le financement du Grand Paris pour "soutenir la relance et construire la métropole de demain".

D'un programme à l'autre, les axes stratégiques demeurent inchangés: soutien à l'économie publique, à l'image du chantier du Grand Paris Express ; crédits pour la promotion immobilière et le back-office urbain, tel un emprunt vert pour un centre de tri et de déchets ; et financements spécialisés, comme celui pour ériger le campus Condorcet d'Aubervilliers, le "Saclay des sciences humaines et sociales".

"Le projet du Grand Paris est l'illustration concrète de ce que l'immersion dans la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) permet de construire", a expliqué, lors d'une visioconférence, Eric Groven, sponsor du Grand Paris et directeur immobilier des réseaux France de la SocGen. "La ville durable à impact positif va devenir une exigence", a-t-il ajouté.

Des prêts à impact

La Société Générale n'est pas la seule banque à y penser. Sollicitée par La Tribune, la Caisse d'Epargne Île-de-France annonce qu'elle lancera le 1er octobre prochain des prêts à impact. "Une nouvelle formule très originale qui coche beaucoup de cases entre le soutien à l'environnement et l'économie sociale et solidaire", précise Pascal Chabot, membre du directoire, et cela en regard "d'une agence de notation spécialisée dans le développement durable et l'extra-financier".

Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels dit, elle, avoir déjà lancé ses "PACT", des prêts à impact dédiés tant aux PME et ETI déjà engagées dans une démarche RSE qu'à celles qui la démarrent et qui ont besoin d'outils pour la structurer. "Une démarche de financement qui vise à noter nos clients selon des critères extrafinanciers et de bonifier les conditions financières selon les progrès réalisés", déclare Benjamin Daheron, directeur adjoint marché immobilier social et aménagement, et responsable Grand Paris sur le marché des institutionnels. Là encore, un organisme indépendant, EthiFinance, mesure pendant cinq ans les progrès annuels réalisés par l'entreprise sur les questions RSE avant de remettre son rapport à la banque.

Dans les pas du plan de relance

La relance économique de la métropole-capitale ne se fera pas non plus sans répondre à l'impératif de transition écologique. Un tiers du plan de relance gouvernemental embrasse effectivement cette cause. Dans ce domaine, Arkéa Entreprises et Institutionnels a déjà lancé une filière baptisée Transition environnementale, "une démarche d'accompagnement et de structuration des projets d'énergies renouvelables, et d'efficacité énergétique", explicite Benjamin Dahéron. Il s'agit, complète-t-il, de répondre aux nouveaux besoins et d'être en capacité d'apporter la meilleure solution "quelles que soient la taille et la nature des projets et notamment ceux à dimension locale sur le territoire du Grand Paris".

De même que cette banque a investi 500 millions d'euros dans le programme gouvernemental Action Cœur de Ville, qui concerne 19 villes moyennes en Île-de-France. Ce dispositif vise à revitaliser les centres-villes, en luttant contre la vacance commerciale, en favorisant le développement de l'activité économique et en améliorant les habitats.

"En tant qu'acteur économique engagé en faveur du développement des territoires, nous intervenons aux côtés des investisseurs publics et privés pour accompagner les collectivités dans la réalisation de projets pour une meilleure qualité de vie des citoyens", relève Benjamin Dahéron. "La revitalisation des centres-villes est un élément déterminant du dynamisme des villes moyennes, elle en fait partie intégrante."

Priorité à la rénovation

En petite comme en grande couronne, la Societé Générale va, elle aussi, continuer à travailler sur "une métropole moins consommatrice d'énergie, moins polluante et qui réponde aux objectifs de transition écologique". Parmi ses priorités: la rénovation des bâtiments, ainsi que leur réversibilité. "Cette dernière est une façon d'anticiper la rénovation du parc tertiaire en lui permettant d'avoir des usages successifs. Un parking peut devenir un immeuble de bureaux puis des logements", détaille Eric Groven, qui est également président de Sogeprom, la filiale immobilière de la banque au logo rouge et noir.

La Caisse d'Epargne Île-de-France siège, pour sa part, au conseil d'administration de la société d'économie mixte Île-de-France Investissements et territoires. Cette SEM pourra aussi bien acquérir de l'immobilier neuf qu'acheter et rénover des bâtiments existants, avec une enveloppe de 10 millions d'euros de fonds propres baptisée "pack relocalisation" afin de devenir propriétaire d'une quarantaine d'actifs d'ici à 2024. "Ces biens ont vocation à être revendus entre 10 et 15 ans après leur acquisition afin de réalimenter les fonds propres de la structure et conforter la dynamique d'investissement sur le long terme", précisait la présidente (Libres) du conseil régional Valérie Pécresse lors de sa présentation à l'hiver dernier.

"Apporter du foncier, c'est un élément majeur pour les entrepreneurs et les entreprises pour qu'elles bénéficient de locaux", relève Pascal Chabot, membre du directoire de la CEIDF qui cite aussi un fonds géré par le leader de l'immobilier Nexity pour rendre constructible des terres (friches, sols pollués) qui ne le sont pas encore. "Avec ces investissements patients, nous sommes dans notre rôle d'inscription dans l'économie régionale", conclut-il.

César Armand

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 16/09/2020 à 13:46
Signaler
Il n'y a pas de relance verte, toute transition énergétique, n'est pas une relance, mais une dépense qui ruine petit à petit notre modèle économique . Si nous poursuivons unilatéralement ce nouveau caprice écolo, il faudra en payer le prix ,et même ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.