Charles Znaty : « Paris reste un sujet plus important que le reste de la France »

PORTRAIT. Le cofondateur de Pierre Hermé Paris a pris la présidence du Medef Paris au lendemain du second tour des élections municipales. Une prise de fonction accélérée par la crise du Covid-19.
César Armand
Le président du Medef Paris Charles Znaty craint que les plus fragiles, comme les TPE ou les artisans, souffrent beaucoup, du fait de l'absence des 50 millions de touristes annuels alors qu'ils sont l'âme de la ville.
Le président du Medef Paris Charles Znaty "craint que les plus fragiles, comme les TPE ou les artisans, souffrent beaucoup, du fait de l'absence des 50 millions de touristes annuels" alors qu'ils "sont l'âme de la ville". (Crédits : Medef Paris)

C'était en août dernier. Il venait de vendre sa participation dans le leader des macarons, Pierre Hermé Paris, au groupe Occitane et envisageait de prendre une année sabbatique « pour se poser et réfléchir à un autre projet ». Tout en commençant à revêtir doucement son nouveau costume de gestionnaire de patrimoine, Charles Znaty a été happé par le Medef Paris.

« Le mandat de Jean-Louis Schilansky arrivait à terme en
décembre et il m'a demandé de prendre sa succession »,
raconte-t-il, aujourd'hui lesté de ses anciens habits de vice-président et de trésorier.

« Je l'ai soutenu », nuance son prédécesseur. « Homme de consensus et représentatif d'une nouvelle génération d'entrepreneurs, il attache beaucoup d'importance à la communication. C'est essentiel dans le monde dans lequel nous vivons », déclare Jean- Louis Schilansky.

Ensemble, ils conviennent de prolonger le mandat du premier jusqu'à fin mars au lendemain du second tour des élections municipales. Mais dès la fin février, ayant des attaches « très importantes » en Chine, au Japon, à Singapour ou à Hong Kong, Charles Znaty « sent » que la crise sanitaire va arriver en France.

Achat de plus de 2 millions de masques

Le 9 mars, il place ses équipes en télétravail, si bien que dès le 16, elles publient une lettre d'information sur l'activité partielle, le prêt garanti par l'État et les différentes mesures annoncées. Elles ne chôment pas et rédigent aussi avec l'Afnor un guide, « Pandémie : les clés de la reprise ». « Cela a demandé un énorme travail à nos services administratifs et réglementaires », commente-t-il. Dans le même temps, le mouvement est mobilisé pour acheter plus de 2 millions de masques. « Nous avons travaillé 7 jours sur 7 », insiste-t-il.

Dès le retour de son premier voyage à Tokyo en février 1997 pour Pierre Hermé, il se rend en effet à la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Paris pour se renseigner sur le Japon. « Vous tombez bien ! Il y a un club pour ceux qui font du business. Signez là, c'est 300 francs », lui explique-t-on. Après en avoir été le troisième adhérent, il en est resté le vice-président.

Son président Pierre Kuchly « l'adore » : « son seul défaut est d'être au Medef », s'amuse-t-il. « Charles va apporter un véritable dynamisme ainsi que le regard d'un patron de terrain », poursuit celui qui est vice-président de la CPME et de la CCI IDF et patron de la CCI 95.

Un bilan à l'automne

Znaty, lui, regarde déjà vers l'automne. « Nous ferons le bilan de tout ce qui s'est passé », annonce-t-il. Capitale politique, économique et culturelle, destination de tourisme d'affaires et de loisir, « Paris reste un sujet plus important que le reste de la France », ajoute-t-il. Outre les aéroports et les gares, toutes les activités de conventions et de salons, les événements, les spectacles, vont mettre du temps à redémarrer.

« Cela aura un impact économique majeur. Je crains que les plus fragiles, comme les TPE ou les artisans, souffrent beaucoup, du fait de l'absence des 50 millions de touristes annuels. Ils sont l'âme de la ville », dit-il encore.

Sans parler du télétravail et de tous ces salariés qui habitent en petite et grande couronnes. « C'est tout le visage de la ville qui risque de se trouver transformé. Raison pour laquelle je pense qu'il faudra des mesures de relance de l'activité qui soient spécifiques à Paris », estime Charles Znaty.

« Les entreprises ont bénéficié de reports, d'annulations de créances, d'un accès facilité à la dette, mais ce ne sera pas suffisant pour assurer une reprise vigoureuse de l'économie. Avec un cadre réglementaire adapté, l'économie pourra repartir vite et fort et rapprocher nos concitoyens des entreprises », complète-t-il.

"Le pays doit se mobiliser pour investir dans ses entreprises"

Pour le patron du Medef Paris, en plus de l'épargne des Français et des fonds disponibles dans les banques, assurances, mutuelles et sociétés de gestion, l'État doit encourager les sociétés à renforcer leurs fonds propres. « C'est une opportunité historique de renforcer notre compétitivité, de créer des emplois et de générer la rentabilité qui profitera à tous », considère-t-il.

« L'État ne doit pas manquer cette occasion, d'autant que le budget de la France a besoin de reconstituer ses recettes. C'est tout le pays qui doit se mobiliser pour investir dans ses entreprises et l'avenir des générations futures », exhorte-t-il.

En attendant, le président du Conseil économique, social et environnemental d'Île-de-France ne doute pas de sa volonté.

« C'est quelqu'un d'entreprenant, qui a la volonté d'animer, de créer et de rassembler », confie Éric Berger. « Il ne regarde pas que son pré carré et est de ceux qui se bonifient à travailler avec les autres en les écoutant », conclut l'ex-président du Medef IDF.

Lire aussi : Au lendemain de sa réélection à Paris, le patronat adresse un message à Anne Hidalgo

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 23/07/2020 à 9:12
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Les patrons déploraient déjà que le MEDEF ne s'intéressait qu'aux grosses entreprises... bref encore un personnage des médias totalement déconnectés des réalités pour s'occuper d'une pièce maitresse de l'économie. Le déclin c'est sans fin.

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