L'entreprise Picoty mise sur la mobilité hydrogène en Vendée

C’est dans ce département de l'Ouest de la France que le groupe pétrolier Picoty (La Creuse) a ouvert sa toute première station hydrogène privée. Une installation qui marque le début d’un futur essaimage national pour impulser le déploiement de cette énergie dans la mobilité lourde.
Pour cette première station vendéenne d'hydrogène, l'investissement capté par le groupe Picoty est 100% privé, et s'élève à 3 millions d'euros.
Pour cette première station vendéenne d'hydrogène, l'investissement capté par le groupe Picoty est 100% privé, et s'élève à 3 millions d'euros. (Crédits : Picoty)

Direction Maché en Vendée. C'est sur la zone de Bel-Air, sur l'axe reliant Challans et La-Roche-sur-Yon, que Picoty a ouvert sa première station hydrogène vert, sous la marque AVIA. En service depuis février 2023, elle a été inaugurée en septembre dernier et compte actuellement une dizaine de clients (collectivités, communautés de communes et entreprises privées), d'après Caroline Schildt, directrice de la transition et du développement durable chez Picoty SAS depuis deux ans.

Depuis 2018, le groupe creusois (2 milliards d'euros de chiffre d'affaires majoritairement dans le pétrole) s'est ouvert aux nouveaux métiers de l'hydrogène. « Nous avions alors répondu à l'appel à projets ''Ecosystèmes de mobilité hydrogène'' dans le cadre du projet LUZO (Logistique Urbaine Zéro Carbone), qui vise à valoriser une partie de la production photovoltaïque de l'éco-quartier Atlantech sous forme d'hydrogène pour alimenter des véhicules utilitaires, ainsi que des triporteurs. »

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Aujourd'hui, Picoty est présent sur tout l'Ouest du territoire national grâce à plus de 280 stations-service AVIA (il y a en tout 800 stations AVIA en France), dont 18 qui distribuent du gaz naturel. Pour cette première station vendéenne, l'investissement est 100% privé, à hauteur de 3 millions d'euros. Destinée aux entreprises et aux particuliers, elle dispose d'une capacité de distribution « parmi les plus importantes de France », qui peut atteindre 800 kilos d'hydrogène vert par jour (contre 200 kg/jour pour la plupart des stations existantes), à 350 et 700 bars.

« Nous croyons beaucoup à la mobilité lourde pour l'hydrogène »

Selon Caroline Schildt, « l'hydrogène est un levier de décarbonation de la mobilité lourde important ». Mais « la complexité est la maturité de cette énergie. Nous tablons sur une rentabilité de cette filière à horizon 2028 ».

Car, pour l'heure, il n'y a quasiment aucun véhicule à hydrogène sur les routes. Le secteur du transport teste les premiers prototypes de camions à piles à combustible alimentés à l'hydrogène, mais il n'a encore aucune offre sur le marché.  De même, la voiture à hydrogène ne possède qu'une offre limitée en France.

« Picoty attend qu'il y ait des usages pour ouvrir des stations et les entreprises attendent qu'il y ait des camions pour investir. C'est l'histoire de la poule et de l'œuf. Il faut donc démarrer pour mailler le territoire. Certes, la rentabilité à court terme de cette première station vendéenne n'est pas éprouvée. Mais elle a pour objectif de valider le modèle économique afin de voir si l'on peut pousser les usages sur un territoire qui a de fortes ambitions politiques sur l'hydrogène. »

D'ailleurs, des sociétés de transport vendéennes qui envisagent de faire passer leur flotte de véhicules à l'hydrogène se seraient engagées à utiliser à l'avenir cette nouvelle station. « Chez Picoty, nous croyons beaucoup à la mobilité lourde pour l'hydrogène car il y a aujourd'hui peu de solutions de décarbonation dans ce domaine, hormis l'électrique dont l'autonomie et les temps de recharge posent questions. »

La Vendée, « territoire le plus avancé » sur l'hydrogène

Le choix de la Vendée n'est pas un hasard pour Picoty, selon qui la dynamique de l'écosystème territorial aurait motivé ce choix géographique, le département étant « le plus avancé » dans l'hydrogène. Le territoire a en effet l'avantage de compter sur la présence de l'usine Lhyfe de Bouin, située à une quarantaine de kilomètres de la station, qui produit localement de l'hydrogène selon un procédé d'électrolyse de l'eau. La station de Maché est ainsi alimentée en circuit court. Le territoire abrite également Brétéché, filiale locale du groupe Picoty dont le siège est implanté aux Achards.

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Avec cette nouvelle station, le département compte désormais quatre installations qui servent de l'hydrogène, les trois autres dédiées au grand public, étant situées à La Roche-sur-Yon (depuis 2021), aux Sables-d'Olonne (depuis mai 2023) et à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (station mobile en service depuis le printemps 2023). Elles ont été déployées par Vendée Energie, la société d'économie mixte (Sem) créée par le syndicat départemental d'énergie de la Vendée (Sydev).

Quel déploiement ?

« Picoty développe son expertise dans l'hydrogène en intégrant des écosystèmes territoriaux et leurs usages avec une production locale. L'ambition est de déployer un réseau qui puisse amorcer le développement de la circulation des poids lourds hydrogène en France, le long des grands axes du réseau routier », indique de son côté Mathias Schildt, membre du directoire et directeur des filiales de Picoty.

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En 2024, Brétéché ouvrira une deuxième station hydrogène en Vendée, située à proximité de son siège social aux Achards. De même, « mi-2024, une première station autoroutière ouvrira près de Toulouse », poursuit Caroline Schildt.

Mais Picoty ne compte pas s'arrêter là. Sa volonté est clairement de mailler le territoire national. Ainsi, « dans le cadre d'un appel à projets européen Corridor H2, sept de ses projets dédiés à l'ouverture de stations, dont les investissements sont compris entre 15 millions d'euros et 38 millions d'euros, ont remporté un accueil favorable pour être subventionnés ».

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