Changement climatique : Face à la rareté du foncier, datacenter et habitats flottants émergent

Face au réchauffement climatique et à la potentielle montée des eaux sur le littoral, les jeunes entreprises nantaises Denv-R et Ty-Nid imaginent des solutions flottantes, autonomes, économes en énergies et écologiques. L’une pour stocker et sécuriser des données, l’autre pour se loger dans de l'habitat transportable et réversible permettant de s'installer sur des zones inondables.
Le prototype de Datacentrer créé par Denv-R devait être arrimé le long du quai Wilson, sur la Loire à Nantes, en septembre prochain et connecté au réseau d'énergie.Long de 6 à 8 mètres, ce dataenter dispose d'un tirant d'eau de deux mètres, un tirant d'air de 2,50 mètres, une surface de 100 m² et une puissance de 200 Kw. Le recours à IA a permis d'optimiser les capacités de stockage (plusieurs téraoctets) grâce à la puissance de calcul.
Le prototype de Datacentrer créé par Denv-R devait être arrimé le long du quai Wilson, sur la Loire à Nantes, en septembre prochain et connecté au réseau d'énergie.Long de 6 à 8 mètres, ce dataenter dispose d'un tirant d'eau de deux mètres, un tirant d'air de 2,50 mètres, une surface de 100 m² et une puissance de 200 Kw. Le recours à IA a permis d'optimiser les capacités de stockage (plusieurs téraoctets) grâce à la puissance de calcul. (Crédits : Denv-R)

Ce sera une véritable première étape après trois ans de R&D. Le datacenter flottant imaginé par Vincent Le Breton et Maxime Rozier, fondateurs de la startup guérandaise Denv-R devrait flotter sur la Loire, à Nantes, quai Wilson, en septembre prochain.

« Notre vocation n'est pas de produire des datacenters, mais ce prototype doit démontrer que la solution a le mérite d'exister et prouver que les impacts sont minimes sur l'environnement pour permettre le développement du premier réseau de datacenters flottants », explique Vincent Le Breton, CEO de Denv-R, fondée en 2021, sans levée de fonds.

La startup a, en revanche, depuis fait entrer au capital l'industriel nazairien Geps Techno, spécialisée depuis dix ans dans la conception et la fabrication de bouées offshore pour Meta, Arkocean, Ifremer, Lhyfe ou encore l'industrie pétrolière pour collecter des données en mer, surveiller la faune, contrôler des têtes de puits, décarboner des plateformes pétrolières, augmenter la capacité de câbles sous-marins ou produire de l'hydrogène... Un savoir-faire utile pour Denv-R dont la plateforme, insubmersible, est dotée de mécanismes de stabilisation et de systèmes de mesure permettant de protéger les équipements informatiques contre l'eau et l'air pollué. « Nos datacenters sont conçus pour résister aux intempéries et aux conditions météorologiques extrêmes sur les zones côtières ou des zones sujettes aux ouragans, aux tsunamis ou aux inondations », assure Vincent Le Breton. Mais c'est surtout la problématique de l'énergie qui a poussé les deux ingénieurs à fonder Denv-R.

Réduire de 40% la consommation d'énergie

 A l'image des usines qui utilisent l'eau pour se refroidir, Denv-R a développé et breveté une technologie capable de récupérer les frigories du liquide. Autrement dit, leur installation utilise la basse température de l'eau pour refroidir le datacenter.  « C'est l'intérêt majeur de notre système. En continu, un datacenter chauffe énormément. Et la chaleur peut provoquer de la casse de matériel. Alors pour les refroidir, on consomme énormément d'eau et de climatisation, qui sont énergivores », soulève le co-fondateur de Denv-R.

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Et cette solution, en plus d'être pensée pour ne pas perturber la faune et la flore ni rejeter de polluants dans l'eau, d'après ses créateurs, permettrait de réduire de 40% la consommation d'énergie pour le système de refroidissement. « Le but n'est pas juste d'être green mais de travailler sur les impacts pour moins consommer de ressources », souligne Vincent Le Breton, qui travaille à la mise à l'échelle de son datacenter pour déployer, dans un second temps, une version trois à quatre fois plus grande, déployable en mer et à proximité des parcs offshores, à l'horizon 2026.

Un réseau de datacenters flottants et de l'habitat flottant

Pour asseoir son modèle économique, Denv-R a développé un système de baies informatiques, une offre de cloud computing et un ensemble de services annexes accessibles en ligne, déjà sollicités par des PME et agences Web. Incubé par l'école d'ingénieurs IMT Atlantique et soutenu par la région, BPIFrance, l'Ademe ou encore la Banque des Territoires, Denv-R a investi 900.000 euros dans la mise au point de cette nouvelle architecture de datacenter. D'ici 2030, la startup espère louer une centaine de datacenters pour développer « le premier réseau de centres de données de proximité, flottants, à haute efficacité énergétique et à faible empreinte carbone. Parce que c'est aussi une réponse à la problématique de foncier et du Zéro Artificialisation Net (Zan) », argumente Vincent Le Breton.

C'est aussi pour cet objectif d'économie de terre, qu'un autre entrepreneur, Yann Hoccry, a créé Ty-Nid en 2020, à Couëron, près de Nantes. Le but de sa startup est de développer des micro-habitats (9 à 18 m²) passifs, confortables, économes en ressources, en énergies, transportables, peu impactant pour l'environnement, et selon les options choisies, amphibies. « Dès l'étude du projet Ty-nid, j'ai étudié la faisabilité d'y adjoindre des flotteurs. Aller sur l'eau, est une fonctionnalité que l'on peut accessoiriser avec des pieux, des vérins ou des flotteurs qui permet de répondre à la problématique de la montée des eaux, à la rareté du foncier ou d'aller dans des zones qui ne peuvent pas être urbanisées pour respecter la nature», explique l'ex-charpentier, formé chez les compagnons du Tour de France, devenu constructeur d'habitats réversibles.

 Une niche à structurer

Formalisé aux Etats-Unis suite à la crise de 2008 le concept de maisons flottantes commence à faire des émules en France au point d'avoir vu l'émergence d'une fédération de l'habitat réversible en 2020.

« Le développement du flottant est lent en France et le marché est très bridé par la législation, mais la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer de la Loire-Atlantique) et certaines villes sont en quête de solutions et s'y intéressent de plus en plus. Des pays sont déjà dans cette mouvance. Si c'est pour pérenniser l'entreprise, je n'hésiterai pas à exporter notre concept », observe Yann Hoccry.

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Raccordables aux réseaux (énergie, eaux, tout à l'égout), ces tiny houses, conçues en ossature bois avec des matériaux biosourcés, peuvent être rendues complètement autonomes avec des panneaux solaires, un système de récupération des eaux de pluie intégré dans les cloisons, ou un dispositif de phyto-épuration pour compenser les rejets vers le tout à l'égout. Au final, le coût de ces constructions modulaires varie de 50.000 à 160.000 euros.

 Une expérimentation à Nantes

 Au-delà des particuliers, c'est une solution de plus en plus regardée par les collectivités pour l'aménagement de marchés flottants ou d'éco-hameaux, ou encore à l'instar d'un appel à projets Uniboat en cours de réflexion à la commune du Pouliguen (44) pour revitaliser une zone inondable en arrière du port de plaisance vieillissants. « La solution de l'habitat flottant pourrait permettre d'amener à la fois de l'habitat, de la restauration et des services. On sent qu'il y a un besoin. Lequel ? c'est encore difficile à dire... C'est comme lors de l'apparition de la première ampoule électrique, on n'imaginait pas ce qu'il y avait derrière », étudie Yann Hoccry, constructeurs d'une vingtaine de Tiny houses dont l'une des réalisations, flottante, devrait être installée à l'automne prochain, à Nantes, le long des quais de l'Erdre dans le cadre du Nantes City Lab, dispositif mis en œuvre par Nantes Métropole pour expérimenter sur son territoire des projets innovants pour inventer la ville de demain.

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Commentaire 1
à écrit le 08/06/2023 à 17:03
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Surtout réduire de 50% la population Le dérèglement climatique va s’encharger

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