Santé et innovation : les entreprises des Pays de la Loire se fédèrent sous la bannière du coq blanc

La filière santé se structure autour de l’innovation dans les Pays de la Loire. Deux ans après son lancement par BPIFrance, la French Care s’installe dans les Pays de la Loire sous le symbole du coq blanc. Objectif : fédérer, expérimenter et dynamiser une filière public-privée éclatée sur cinq départements où les problématiques de foncier et de logistique seront déterminantes. D’ores et déjà, la métropole nantaise a réservé près de 130.000 m² pour accueillir de nouveaux acteurs des biotech d’ici à 2030.
Selon Philippe El Saïr, directeur général du CHU de Nantes, les CHU doivent réinventer leur mission pour devenir des points d'entrée et de rencontres des acteurs de la santé et de l'innovation.  Sur Nantes Métropole, le secteur de la santé réunit 35 entreprises et 35000 salariés.
Selon Philippe El Saïr, directeur général du CHU de Nantes, les CHU doivent réinventer leur mission pour devenir des points d'entrée et de rencontres des acteurs de la santé et de l'innovation. Sur Nantes Métropole, le secteur de la santé réunit 35 entreprises et 35000 salariés. (Crédits : Frédéric Thual)

A l'occasion du salon du numérique et de la santé City Healthcare qui se tenait pour la première fois à Nantes, les 21 et 22 septembre, les acteurs régionaux de la santé ont officiellement lancé la French Care Pays de la Loire. Fondée à l'initiative de BPIFrance en février 2022, la démarche, symbolisée par un coq blanc, veut faire naitre une communauté et des synergies à l'instar des écosystèmes initiés par le coq rouge de la French Tech, le coq bleu dans l'industrie ou le coq vert pour la transition écologique. Pris à bras le corps par Emmanuelle Gaudemer, directrice associée de l'agence d'architecture AIA Life Designers (santé, bien-être...), et ambassadrice de French Care Pays de la Loire, le projet réunit une cinquantaine d'entreprises fondatrices (Doctolib, Valneva...), compte une centaine d'adhérents et ambitionne de promouvoir l'innovation, favoriser les synergies entre acteurs publics et privés de la santé et multiplier les croisements avec les communautés de la tech, de l'industrie, etc.

Les champions nés dans les années 70 ne suffisent plus

Constituée sous la forme d'une association dont la gouvernance doit être précisée dans les prochaines semaines, la French Care Pays de la Loire a, d'ores et déjà, signé une convention avec la Conférence des Directeurs Généraux des Hôpitaux, présidée par Philippe El Saïr, directeur général du CHU de Nantes. « Les CHU doivent réinventer leur mission. Nous sommes à un point de bascule où les résultats obtenus par les grands champions industriels nés depuis les années soixante-dix ne sont plus suffisants pour passer à la réindustrialisation des territoires. Les CHU qui sont des plateformes de compétences doivent porter cette création de valeur, créer un point d'entrée et de rencontre au niveau local », justifie-t-il. Sans plus attendre, dès le 6 octobre, la French Care Pays de la Loire sera dans les locaux de BPIFrance à Nantes pour discuter Alimentation et santé globale d'une part et Parcours de soins-Urbanisme et santé d'autre part. « Avant d'aborder des thématiques structurantes dès 2024, comme la data, la logistique ou le parcours santé... », promet Emmanuelle Gaudemer.

Produire local et rayonner en France et en Europe

« C'est une initiative de désilotage pour dégager de la valeur ajoutée », résume Thierry Rolando, directeur de l'agence de développement économique Solution & Co, qui a contribué à l'atterrissage du Coq blanc dans la région. « Ce qui a fonctionné pour la tech et l'industrie, doit réussir dans la santé, et ce malgré un paysage très transversal allant des startups aux CHU, de la logistique aux biotechs en passant le textile pour la santé, la fabrication de lits orthopédiques, la santé animale, la silver économie... », ajoute Eric Grellier, vice-président du conseil régional Pays de la Loire, délégué aux entreprises.

Si la région ne compte pas de locomotive comme Mérieux à Lyon ou Pierre Fabre à Toulouse, le territoire recense, en revanche, 220 entreprises de production industrielle (santé humaine et animale, e-santé, nutrition, dispositifs médicaux...) employant quelque 8200 salariés, réparties sur cinq départements. La santé est le troisième employeur derrière l'agroalimentaire et l'industrie. « Avec deux cents membres dont cent-quarante entreprises, nous sommes le deuxième territoire français le plus dense en termes d'entreprise de la healthtech, selon le dernier baromètre de France Biotech », rappelle Franck Grimaud, PDG de Valnéva et président de d'Atlanpole biothérapies, la branche santé du pôle de compétitivité d'Atlanpole, rayonnant sur les Pays de la Loire et récemment élargi au centre-val de Loire et à la Bretagne. « C'est le moment d'accroître cette dynamique et d'ouvrir Atlanpole Biothérapies au niveau national et Européen pour éviter de voir partir la recherche à l'étranger. Il est essentiel que les concepts puissent être développés en un produit et eux-mêmes industrialisés, ici» mentionne Maryvonne Hiance, vice-présidente de la biotech Ose Immunotherapeutics et présidente du Fonds de dotation HealthTech for Care, créé par France Biotech.

Du concept à l'industrialisation

Si le territoire ligérien concentre de belles pépites, «les réussites sont à géométrie variables », reconnaît Thierry Rolandeau. Parmi les plus remarquées, Ose Immunotherapeutics, qui a tout récemment annoncé succès d'un essai clinique de phase III de son vaccin thérapeutique, à base de protéine, contre le cancer du poumon, Hera-mi, une startup nantaise tournée vers l'imagerie médicale pour lutter contre le cancer du sein, et qui rayonne à l'international ou encore Valneva et Xenothera, candidats malheureux dans la course aux vaccins pour lutter contre le Covid, la société biopharmaceutique AbolerIS, spécialisée traitement des maladies chroniques auto-immunes et inflammatoires qui vient de lever 27,3 millions d'euros ou encore le fabricant de produits à usage unique Kolmi-Hopen, qui a, tout récemment, réindustrialisé la fabrication de gants en nitrile (ManiKeir) en Pays de la Loire. C'est cette démarche que les acteurs publics cherchent aujourd'hui à reproduire dans une région où les planètes ont tendance à s'aligner dans l'univers de la santé. Aussi bien à l'Université de Nantes, récemment labellisée I-Site Next qui a réussi à faire venir seize talents d'envergure internationale ou de la Chambre de Commerce et d'Industrie qui, après avoir mis en œuvre un dispositif d'accompagnement des conjoints et de la famille, cherche aujourd'hui à attirer des fonds d'investissements pour accélérer les projets nantais. « Et accroître la fertilisation du territoire », indique Yann Trichard, président de CCI de Nantes.

Près de 130.000 m² de réserves foncières à Nantes

Dans un contexte où la clé du succès dépendra pour beaucoup du foncier disponible pour industrialiser, Nantes Métropole a pris les devants. La collectivité a d'ores et déjà réservé 30.000 m² de terrain pour créer un campus de l'innovation et un incubateur Station S, sur le site du futur CHU de Nantes (220.000 m²), livrable en 2026-2027. La construction d'un premier bâtiment de 4500 m² doit démarrer dans les prochaines semaines pour une livraison en 2025. Un deuxième de 10.000 m² est programmé pour 2029. Au nord de Nantes, encore, sur le site de l'hôpital Laennec, la métropole a aussi réservé 96.000 m² de terrains pour accueillir des entreprises de biotechnologies, autour du cyclotron Arronax. «Notre capacité d'innovation doit contribuer au rayonnement des acteurs de la santé à l'échelle nationale et européenne. C'est bien à ce niveau que les démarches s'inscrivent. C'est un puzzle où tous les morceaux se mettent en place », souligne Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole où, « plus qu'un CHU, s'élèvera, d'ici à 2030, sur l'île de Nantes, l'un des plus grands projets de santé européens », selon les termes de Philippe El Saïr. La somme des projets est estimée à plus de 1,5 milliard d'euros.

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