VoltR, cette startup angevine qui donne une seconde vie aux batteries Lithium usagées

Avec la mise au point d’une IA (intelligence artificielle) capable de diagnostiquer l’état de santé d’une batterie et de prédire son vieillissement, la startup angevine VoltR développe un concept industriel pour leur donner une seconde vie dans de nouvelles applications. Une solution écoresponsable qui permettrait de réduire de 70% les émissions de Co2. À condition de réussir le défi de l'industrialisation.
La startup angevine VoltR a développé un IA pour prédire l'espérance de vie d'une batterie dans une seconde vie.
La startup angevine VoltR a développé un IA pour prédire l'espérance de vie d'une batterie dans une seconde vie. (Crédits : VoltR)

C'est une démarche qui veut s'inscrire dans la mouvance de la Loi Agec voulue pour lutter contre le gaspillage, favoriser le réemploi et la réparation des appareils électroménagers. « Les batteries ne sont pour l'instant pas concernées mais on espère bien qu'elles le seront un jour », observe Maxime Bleskine, l'un des quatre co-fondateurs de VoltR, une startup angevine fondée pour donner une seconde vie aux piles, accumulateurs et batteries lithium usagées provenant des smartphones, des ordinateurs portables et d'appareils électroniques divers et variés. « Tout sauf le secteur d'automobile », précise le CEO de VoltR.

Promises à la destruction ou au recyclage, ces batteries, une fois reconditionnées, pourraient se trouver un nouvel avenir. «Une batterie lithium usagée conserve en moyenne 80% de ses capacités. Et pour de nombreuses applications moins gourmandes, les puissances disponibles entre 60% et 80% suffisent pour alimenter des capteurs utilisés pour les smarts cities, des terminaux de mesures, des blocs autonomes de secours, des robots logistiques, du mobilier... ou des vélos », énumère le co-fondateur de Volt-R qui vise ce marché.

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S'adapter aux cahiers des charges des industriels

La startup ambitionne de lever trois millions d'euros pour industrialiser son process et offrir à la fois une alternative au recyclage des batteries et une solution écoresponsable et souveraine aux utilisateurs. « Une batterie reconditionnée n'est pas moins performante qu'une neuve. Il s'agit simplement de répondre aux cahiers des charges des industriels », indique Maxime Bleskine, dont l'équipe a mis au point une intelligence artificielle (IA) capable de mesurer l'état de santé d'une batterie et de prédire son vieillissement selon le type d'appareil où elle sera affectée. « On est capable d'évaluer le nombre de cycles de charge et décharge selon son application », dit-il, au regard d'un concept formalisé à l'issue d'un programme de R&D et d'une étude de faisabilité menés au sein de l'entreprise angevine de reconditionnement (Mac) Sens Technologies, présidée par Alban Regnier, co-fondateur et président de VoltR. C'est là, pour répondre à la problématique de stocks des batteries usagées du reconditionneur de Mac, que l'idée de VoltR a germé. Les entreprises n'ont cependant aucun lien capitalistique.

Un enjeu de souveraineté

Parmi les batteries collectées chez les reconditionneurs, les industriels et les éco-organismes, VoltR en écarte en moyenne 25%, celles incompatibles avec un process de reconditionnement dont les capacités ne dépassent pas 60%. Les autres (cylindrique et carré) sont diagnostiquées, et réassemblées selon leur homogénéité pour reconstituer des pack batteries, utilisables pour des applications moins exigeantes. « L'intérêt pour les entreprises, c'est de pouvoir trouver une solution écoresponsable comme le reconditionnement qui permet d'éviter 70% d'émission de gaz à effet de serre par rapport à la fabrication neuve. Pour certaines applications, c'est une solution moins coûteuse, qui permet de diversifier des catalogues en proposant plusieurs gammes de prix. Et c'est un process réalisé en France qui répond aux enjeux de souveraineté », défend Maxime Bleskine.

Mais, son procédé, bien que certifié, peine à s'industrialiser faute de financement. De même, les premières commandes qui se font encore attendre permettraient, elles, de déclencher...des financements. « Nous en sommes là. C'est le poisson qui se mord la queue », reconnaît le jeune entrepreneur, pourtant soutenu par l'incubateur Kedge Business School, les pôles de compétitivité S2E2 (Gestion de l'énergie) et TEAM2 (Technologies de l'environnement appliquées aux matériaux), suivi par BPIFrance, Angers French Tech, le cluster de l'électronique WEnetwork et en contact avec de grands industriels locaux attentifs aux vertus de l'économie circulaire.

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L'ambiguïté des startups industrielles

« On est vraiment dans une stratégie de Goto Market ( stratégie de mise sur le marché, ndlr) mais on est aussi clairement dans la problématique des startups industrielles qui doivent réussir à jongler entre l'acquisition de clients et le financement d'un outil de production » observe l'associé de VoltR. La start-up est venue s'implanter sur un marché récent disputé par une dizaine d'acteurs en Allemagne, au Luxembourg, en Italie et en France qui, à des stades plus ou moins avancés, se positionnent sur les questions du reconditionnement ou de la réparation. C'est notamment le cas de B-Volt, 12000-volts, Cycloboost, ER Batteries, Doctibike, ou encore du bordelais Gouach qui vient de lever 3,3 millions d'euros pour proposer des batteries électriques éco-conçues pour le secteur de la mobilité.

Dernier arrivé, l'angevin VoltR table, lui, sur un chiffre d'affaires de 200.000 euros pour 2023, qui pourrait surtout être l'année de l'industrialisation avec la mise en œuvre d'une ligne de production et une dizaine de personnes. « Pour atteindre un chiffre d'affaires de 2,5 millions d'euros en 2024, le double en 2025 pour un effectif de 100 à 150 personnes », dessine le business plan. Un objectif à transformer.

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