L’Olympiade culturelle raconte l'épopée des stades

Pour accompagner les Jeux, la Cité de l’architecture plonge dans l’histoire des grandes enceintes sportives françaises.
Solen Cherrier
L’Olympiade culturelle raconte l'épopée des stades
L’Olympiade culturelle raconte l'épopée des stades (Crédits : © LTD / REUTERS/Jason Lee (CHINA))

Les JO se jouent aussi sur des terrains inattendus. Portée par le Comité international olympique, l'Olympiade culturelle programme des événements qui mêlent culture sportive et pratique artistique. C'est dans ce cadre que, à partir de mercredi et jusqu'au 16 septembre, la Cité de l'architecture et du patrimoine (Paris 16ᵉ) s'immerge « au cœur des Jeux », en accueillant notamment une exposition assez habile pour séduire les amoureux du sport tout en captivant les passionnés de grands ouvrages.

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Pour brasser aussi large, « Il était une fois les stades » plonge dans une épopée faite de prouesses architecturales, de passions sportives et de changement de paradigmes sociaux et politiques. Un écran placé à l'entrée de l'exposition happe le spectateur et résume la richesse du sujet : il diffuse un film de huit minutes, en immersion avec les supporters du stade Maracanã de Rio. L'ambiance sonore ne cesse de monter en puissance, et s'achève en laissant le spectateur dans le doute : le stade était-il en train de plonger dans l'euphorie ou dans le chaos ? « Nous avons saisi l'opportunité des Jeux olympiques pour donner envie de détourner les yeux de la pelouse, de les lever vers les tribunes et tout ce qui constitue un stade », résume Émilie Regnault, commissaire de cette exposition, accueillie dans un lieu qui respire Paris 2024, avec sa vue imprenable sur la cérémonie d'ouverture, sur la Seine, la tour Eiffel et l'esplanade du Trocadéro.

Émilie Regnault se faufile au milieu des maquettes du stade Vélodrome de Marseille et du Matmut Atlantique de Bordeaux, deux des sept stades qui accueilleront les tournois olympiques féminin et masculin de football (tirage au sort mercredi). « Poser un toit comme cela a été récemment le cas au Vélodrome, c'est historiquement une façon de protéger toutes les classes sociales, et non les seuls détenteurs de billets coûteux. Le stade de Bordeaux, avec sa blancheur immaculée et ses colonnes, est le stade français qui se rapproche le plus du temple. » Derrière elle, alors que les techniciens installent des esquisses de projets spectaculaires de stades parisiens qui n'ont jamais vu le jour, un film retrace la construction du Parc des Princes, autre réceptacle de la lumière des JO cet été : « Ce stade a marqué une rupture esthétique dans l'Histoire, avec l'utilisation du béton armé. S'il était classé, nous n'aurions pas ces débats autour de son agrandissement. »

Le Colisée et les salles multifonctions

En France, seules trois enceintes sont classées monuments historiques : le stade Chaban-Delmas à Bordeaux, le stade Gerland à Lyon et le stade de Firminy-Vert, près de Saint-Étienne, réalisé par Le Corbusier. « Tout stade est pourtant un monument, estime la commissaire. Ce sont des monuments municipaux ou nationaux que toute collectivité se doit d'avoir pour représenter sa puissance. »

Si l'exposition laisse de côté les enceintes fermées, il est difficile de ne pas songer à l'Arena fraîchement inaugurée porte de la Chapelle (Paris 18ᵉ), devant une coupe du Colisée qui rappelle que la salle multifonctionnelle existe depuis près de deux mille ans. À Rome, le Colisée s'emplissait d'eau pour que les gladiateurs laissent place à des combats navals. « Ses travées, avec ses places en hauteur réservées à la plèbe et ses places protégées et mieux situées, préfigurent les virages et les loges », complète Émilie Regnault.

Les évolutions sociales et politiques sont omniprésentes. « On est passé du sport pour tous des années 1970-1980 à l'implication de l'État avec le financement des stades de l'Euro 84 puis à la financiarisation et à de nouveaux modèles économiques. Aujourd'hui, l'heure n'est plus aux grands stades, mais aux stades où l'on recherche à créer une ambiance. » Et pour ceux qui ne pourront pas vivre cette ambiance dans les stades de Paris 2024, une exposition adjacente, « Quand la ville se prend aux jeux », raconte la manière dont l'architecture urbaine est devenue un support de sport à travers le monde.

Solen Cherrier

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