Fabio Ferrari a le même nom qu'une célèbre marque de voiture de sport, mais lui veut propulser les véhicules électriques grâce à l'hydrogène. Couplé à un apport d'air et introduit dans une pile à combustible, l'hydrogène permet de produire de l'électricité en ne rejetant que de l'eau. Créée en 2010, Symbio vise à faire avancer la mobilité durable. « La technologie permet deux choses : prolonger l'autonomie et la facilité d'usage des véhicules électriques (VE) existants, ce que nous avons fait avec le Kangoo de Renault en doublant voire triplant son autonomie, et produire des systèmes de forte puissance pour les poids-lourds » explique le CEO de Symbio.
Après l'arrivée de Michelin puis Engie au capital de la PME, Symbio devient un équipementier de rang 1 (qui a des relations contractuelles directes avec les constructeurs) via une joint-venture entre Michelin et Faurecia. L'entreprise vise d'abord les flottes professionnelles car, contrairement aux véhicules particuliers, elles n'ont pas besoin de disposer de stations à hydrogène partout. « Les utilitaires de livraison ou les taxis ont besoin d'une infrastructure plus limitée avec des trajets relativement fixes sur des axes dédiés » précise Fabio Ferrari, qui parie qu'une fois ces VE utilitaires répandus, le marché grand public pourra décoller à partir de 2025. Confiant sur le potentiel de sa technologie, le co-fondateur de Symbio vise 1,5 milliard de chiffre d'affaires d'ici 2030 et veut devenir un des leaders mondiaux de l'hydrogène.
Des véhicules zéro émission
L'entreprise va bientôt inaugurer une usine près de Lyon pour commencer la production à destination des clients européens. Symbio propose aux constructeurs des systèmes pré-intégrés prêts à être installés dans un véhicule électrique. La gamme de produits couvre les petits véhicules utilitaires jusqu'aux bus et aux camions. Ces véhicules zéro émission pourraient révolutionner le transport automobile. « Ça s'utilise comme une voiture à essence. Vous allez à la station, vous faites le plein et vous repartez » décrit Fabio Ferrari. À condition que ces stations existent, ce qui n'est pas encore vraiment le cas. Dans le Green Deal de la Commission Européenne, 10 milliards d'euros seront consacrés dans les dix ans au développement de cette technologie.
Par ailleurs, l'Europe a lancé la Clean Hydrogen Alliance pour industrialiser la production et le déploiement de l'hydrogène d'ici 2030. En France, 100 millions d'euros ont été débloqués pour la filière. A comparer aux 16 milliards mobilisés par la Chine et les 9 milliards que vient d'annoncer l'Allemagne... « On espère avoir un coup de pouce de la part du gouvernement pour que le leader soit en France plutôt qu'en Chine » alerte le co-fondateur de Symbio. Pour lui, les entreprises françaises et le CEA disposent d'un savoir-faire qu'il faut maintenant industrialiser. D'où cette approche d'écosystème, comme la Zéro Émission Valley en région Rhône-Alpes (fief de Michelin), qui commence à déployer des stations tout en vendant les véhicules. Ce qui permet d'avoir des stations économiquement viables et des clients qui achètent un véhicule à hydrogène car ils savent qu'ils vont pouvoir faire le plein. « L'hydrogène fait partie des technologies clés qui vont assurer la pérennité de l'industrie automobile » conclut Fabio Ferrari.
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