Vivendi, « au milieu du gué », espère remettre en selle SFR

Le conglomérat abaisse les perspectives de ses principales filiales, SFR, Canal Plus et GVT, sauf Universal Music, en attendant de finaliser la cession d'Activision et de Maroc Telecom. L'opérateur télécom accuse encore une forte baisse de ses résultats mais se redresse commercialement.
Delphine Cuny

Pas de conférence de presse pour la première fois, juste une conférence téléphonique en anglais pour les analystes et un objectif martelé : « notre priorité reste la création de valeur pour les actionnaires »... Vivendi se comporte de plus en plus comme une holding en liquidation. En attendant de finaliser les cessions en cours (Maroc Télécom pour 4,2 milliards d'euros et Activision Blizzard pour 8,2 milliards de dollars), le conglomérat a présenté des résultats semestriels mitigés et a même abaissé les perspectives de toutes ses filiales encore dans le périmètre, SFR, Canal Plus, GVT, à l'exception d'Universal Music, du fait d'un « environnement économique difficile » et de « marchés fortement concurrentiels. » Toutes affichent des résultats en repli sur le semestre, y compris dans les médias. Canal Plus en particulier a déçu du fait d'un « marché publicitaire moins favorable », pour ses chaînes en clair.

« Maximisation de la valeur » chez SFR

Concernant SFR, qui reste sa principale filiale (47% du chiffre d'affaires semestriel et 50,7% du résultat opérationnel ajusté), l'heure est à la « maximisation de la valeur », ce qui passe par l'accord de mutualisation d'une partie du réseau mobile en discussion avec Bouygues Telecom ainsi qu'un nouveau « plan de transformation à l'étude suite à la nomination d'un nouveau management. » Jean-Yves Charlier a en effet remplacé Stéphane Roussel, reparti à la maison-mère, comme PDG de l'opérateur. Pas de déatil à ce stade, alors que le plan de départs volontaires en cours sera clos officiellement dans deux jours. Si la nouvelle directrice financière de SFR, Sandrine Dufour, a fait état d'une « amélioration des tendances » et d'une « bonne dynamique commerciale » au deuxième trimestre, les résultats ne sont pas très bons : le chiffre d'affaires recule de 17,4% dans le mobile à 3,2 milliards, exactement comme au premier trimestre, et le bénéfice opérationnel (Ebita) chute de 36,6% (léger mieux à comparer au -41,5% à fin mars). L'opérateur reste cependant fortement rentable avec une marge d'Ebitda de 28,7%.

Ses performances sont en fait en ligne avec les attentes mais Vivendi a abaissé de 100 millions la prévision de résultat annuel (2,8 milliards d'Ebitda) pour une raison pour le moins surprenante : la validation par la Cour de justice européenne de la taxe dite « Copé » (0,9% du chiffre d'affaires des opérateurs pour financer la fin de la publicité en soirée sur l'audiovisuel public), que la Commission jugeait incompatible avec le droit de l'UE. Le directeur financier de Vivendi, Philippe Capron, a expliqué que « SFR ne s'attendait pas à payer cette année » cette taxe et devait donc ajuster ses objectifs en conséquence…

Pas de nouveau sur un éventuel « spin-off »

Sur le plan commercial, SFR a repris du poil de la bête, en gagnant 809.000 abonnés mobiles sur le semestre (dont 552.000 sur le seul deuxième trimestre), même si le revenu moyen par abonné (ARPU) a continué de baisser fortement (-14%). Les offres low-cost sans engagement Red comptent désormais 1,4 million de clients (300.000 de plus qu'à la fin mars), soit moins que B&You de Bouygues (1,6 million). Dans le fixe, SFR a conquis 32.000 nouveaux clients (89.000 sur le semestre), dont un tiers dans le très haut débit, l'opérateur revendiquant 125.000 abonnés à la fibre. Quant à l'avenir, Vivendi se fixe comme « priorité à court terme d'adapter SFR aux conditions actuelles du marché et de remettre en selle l'entreprise » a déclaré Jean-François Dubos, le président du directoire. Le groupe ne veut pas en dire plus à ce stade sur le projet de « spin-off » passant par une introduction en Bourse de SFR : ce sera une des questions que « le conseil de surveillance va examiner », tout comme un éventuel retour de cash aux actionnaires après la finalisation des cessions d'actifs. Mais en attendant le produit de ces ventes, la dette de Vivendi a paradoxalement augmenté, à 17,4 milliards d'euros (contre 13,4 milliards à fin 2012) car le conglomérat a dû à la fois déconsolider la dette de Maroc Télécom mais aussi les liquidités d'Activision, sortis du périmètre. Une fois ces deux transactions conclues, au mieux à la fin de l'année, la dette du groupe retombera à 6,5 milliards d'euros. Vivendi se trouve « au milieu du gué » a reconnu Philippe Capron, tout en annonçant « d'autres transformations à venir… »

>> Voir le détail des résultats semestriels de Vivendi

Delphine Cuny

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