Bientôt, l’heure de la maturité pour l’IA

Au fur et à mesure que l’intelligence artificielle se banalise et devient une composante parmi d’autres des logiciels, la société et les entreprises y voient plus clair sur son potentiel, mais aussi sur ses limites.
François Manens
Photo d'illustration. Les derniers modèles de « deep learning » pourraient optimiser les coûts et les ressources, prédire les crises ou comprendre le comportement des acheteurs;
Photo d'illustration. Les derniers modèles de « deep learning » pourraient optimiser les coûts et les ressources, prédire les crises ou comprendre le comportement des acheteurs; (Crédits : Intel)

En 2020, l'intelligence artificielle deviendra-t-elle carrément banale ? On s'en rapproche. La « magie » autour de la technologie semble laisser de plus en plus le pas au pragmatisme et à la démystification. Désormais, l'intelligence artificielle devient une composante presque banale des logiciels. Le secteur a explosé durant la décennie passée, porté par l'arrivée d'une nouvelle génération de composants informatiques.

Cette nouvelle puissance de calcul a permis de faire tourner des modèles de deep learning (apprentissage profond) sur lesquels les chercheurs travaillaient depuis les années 1990. Alimentés avec de nombreuses données de qualité, ils font émerger de nouveaux moyens d'optimiser les coûts et les ressources, de prédire les crises ou encore de comprendre le comportement des acheteurs. Le tout, de façon automatisée, offrant ainsi des gains de temps et de ressources inédits.

Les premiers à s'en saisir, Amazon, Google, Microsoft ou encore Facebook, ont conforté leur place parmi les entreprises les plus puissantes du monde grâce à cette nouvelle arme technologique. Pour ne pas manquer la révolution en cours, qui a touché tous les secteurs, les entreprises ont lancé leurs projets d'IA. Si bien qu'aujourd'hui, signe d'une certaine arrivée à maturité technologique, ses limites apparaissent aussi clairement que ses bénéfices.

Les chatbots n'ont plus la cote

Ainsi, la « hype » autour des chatbots, ces agents conversationnels qui devaient révolutionner le service client tout en diminuant les coûts, se dégonfle. Toutefois, de nombreuses entreprises dans tous les secteurs, et notamment dans la banque et l'assurance, veulent leur propre chatbot. Une étude menée par Oracle affirme que 80 % des entreprises auront un chatbot en 2020. Seulement, de nombreux projets lancés autour de 2015 ont abouti à des outils imparfaits, quand ils n'ont pas pris la direction du placard.

Lire aussi : IA : Mindsay (ex Destygo) lève 8,9 millions d'euros pour imposer ses chatbots partout

Les entreprises s'étaient alors engagées sur des contrats de maintenance de trois ou quatre ans, qui arrivent aujourd'hui à terme, parfois sans satisfaction. D'après eMarketer, 47,5 % des utilisateurs américains se plaignent de recevoir « trop de réponses inutiles » dans leurs discussions avec des chatbots. La faute à des promesses trop ambitieuses, et à des cahiers des charges mal définis. Et un verdict implacable : les chatbots sont très loin de pouvoir tenir une discussion comme un humain. « En revanche, ils trouvent leur utilité lorsque leur usage est bien cadré », nuance le consultant Thomas Gouritin, expert en chatbots et en IA. La notion de pragmatisme revient donc sur la table, alors que les entreprises apprennent de leurs erreurs.

Un usage encore mal maîtrisé

Ce raisonnement s'applique aussi au deep learning, trop souvent utilisé de façon systématique. Car, dans de nombreux cas, des techniques d'IA plus rudimentaires, connues depuis longtemps et moins consommatrices de données et de puissance de calcul, peuvent très bien suffire. De simples modèles statistiques ou des modèles de machine learning (apprentissage machine) plus légers, loin d'être aussi multitâches que le deep learning, peuvent être excellents pour effectuer des tâches bien précises. Et surtout, leur usage est maîtrisé, loin de la « boîte noire » que l'on craint tant.

« L'évolution des mentalités se ressent aussi du côté des vendeurs et des prestataires, qui arrêtent de promettre une IA magique. Et c'est pour le mieux : cela génère moins de frustration pour le client qui sait à quoi s'attendre en termes de performances, ainsi que pour l'utilisateur qui va avoir un outil qui fonctionne », se réjouit Thomas Gouritin.

La décennie 2020 pourrait marquer un tournant vers un meilleur usage de l'IA, plus fonctionnel mais aussi plus éthique.

Lire aussi : Pas d'intelligence artificielle éthique sans humains éthiques

François Manens

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Commentaires 4
à écrit le 25/12/2019 à 11:51
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Parlons plutôt d'algorithmes fort utiles et de mieux en mieux élaborés qui singent l'intelligence, en restant très éloignés de la conscience d'une IA. Mais cela fait rêver les dingues, et remplit les poches des autres, alors si cela peut faire plaisi...

le 25/12/2019 à 18:56
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l'AI actuelle n'a aucune conscience c'est du calcul au passage, et n'en deplaise aux elements intolerants de la secte AI, une grosse partie de l'ai a ete formalisee par les statisticiens pour la simple et bonne raison que ca fait la meme chose, ave...

à écrit le 25/12/2019 à 9:05
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l'AI peut faire bcp de choses au passage il y a avait avant l'ai des methodes qui permettaient deja de le faire ( et qui etaient parfois utilisees) le pb c'est qu'on croit que l'ai va faire dans son coin tout ce que l'homme ne sait pas, alors que l...

à écrit le 24/12/2019 à 14:23
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L'intelligence artificielle n'existe pas, c'est un concept marketing reposant sur un vocabulaire mensonger, on en est encore très loin, possible que pas un seul humain vivant actuellement sur cette planète ne la connaisse d'ailleurs.

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