« Israël est une startup en elle-même, une idée improbable » (Saul Singer)

Il y a un an, devant les entrepreneurs et les chefs d'entreprise, le président Emmanuel Macron promettait la « startup nation ». « Une startup nation est une nation où chacun peut se dire qu'il pourra créer une startup. Je veux que la France en soit une », annonçait-il. Mais c'est d'abord un concept développé par les auteurs israéliens Saul Singer et Dan Senor dans le livre du même nom, en 2009. La Tribune a rencontré fin mars, à Jérusalem, l'un des auteurs.
Saul Singer, coauteur avec Dan Senor de Startup Nation (2009).
Saul Singer, coauteur avec Dan Senor de "Startup Nation" (2009). (Crédits : DR)

Dans "Startup Nation", les deux auteurs expliquent les mécanismes économiques et sociétaux qui ont permis la création exponentielle de sociétés technologiques en Israël. Près de dix ans plus tard, alors que de nombreux dirigeants se sont rendus en Israël pour s'inspirer du modèle, la France est-elle sur la voie de la startup nation ? La French Tech des régions va-t-elle céder la place au carrefour des licornes, ces sociétés valorisées plus d'un milliard de dollars ?

LA TRIBUNE - Quels sont les ingrédients de la startup nation ?

SAUL SINGER - Nous avons 6.000 startups en Israël. C'est aussi là où il y a le plus de fonds de capital-risque par habitant au monde. Il y en a dix fois plus qu'en Europe. De plus, les multinationales ne viennent pas pour le marché, mais pour l'innovation. Israël est un peu l'usine à solutions. Du reste, chaque année, 4,5% du PIB israélien est investi dans la R&D. Mais c'est l'effet, non la cause ; la majorité provient de l'investissement privé. Seul bémol, la high-tech est ici déconnectée du reste de l'économie. La question est donc de savoir comment appliquer le succès de la high-tech dans les autres secteurs - en appliquant les mêmes ingrédients, soit une faible taxation, une forte compétition, une faible régulation. Mais c'est malheureusement l'inverse pour l'instant dans les autres secteurs.

Un message pour Emmanuel Macron, qui veut faire de même en France ?

L'une des choses importantes que vous pouvez faire est de connecter de manière combative votre écosystème de startups aux autres en Europe, mais aussi avec Israël. Car plus l'écosystème est connecté, plus il grandit rapidement. Donc il ne s'agit pas de penser l'écosystème uniquement pour son propre pays. Je suis toutefois convaincu que c'est ce que vous êtes en train d'essayer de faire. Enfin, les startups grandissent de manière organique ; c'est très difficile de les promouvoir. À minima vous pouvez essayer de réduire leurs charges, les taxes, la régulation, mais, finalement, elles le font par elles-mêmes. Je pense que vous allez leur faciliter la vie.

Et la France ?

Je pense que la France est l'un des leaders, à un deuxième niveau, quand Londres est dans sa propre catégorie, mais la France est définitivement présente avec d'autres écosystèmes européens de premier plan.

Votre prochain livre ?

Il portera sur des pays ou des villes où le poids des institutions pèse moins que dans les grands. Les petits pays comme l'Estonie ou certains États d'Amérique latine ont un avantage intéressant. On y trouve moins de résistances institutionnelles.

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+ Et lire aussi "À Jérusalem, la ruée vers la tech sainte", le reportage de La Tribune du 19 avril 2018.

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Commentaires 4
à écrit le 15/05/2018 à 15:13
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une start-up, c'est risqué

à écrit le 15/05/2018 à 11:57
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La startup d Israël la couleur préférer c est le rouges ?

à écrit le 15/05/2018 à 9:40
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pour mémoire : l'article de Bloomberg du 14 février dernier sur la réalité de l'économie israélienne derrière l'image high-tech (https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-02-14/israel-s-low-tech-economy-belies-reputation-as-global-tech-hub) ; l'...

à écrit le 15/05/2018 à 8:55
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Une blague qui a rapidement prit de l'ampleur sur internet: C'est brigitte et manu qui visitent une usine et brigitte dit à son mari "oh regarde chéri, des ouvriers !" "Non mon amour ce sont des pauvres trop feignants pour monter leur start up !"

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