Prix 10.000 startups 2021 : GenesInk, des nanoparticules pour remplacer les métaux rares de l'industrie

Ses encres à base de nanoparticules, destinées essentiellement au marché de l’électronique imprimée, visent à remplacer l'utilisation de certains métaux rares pour rendre l'industrie plus propre et plus performante. GenesInk est le grand gagnant 2021 du prix "10.000 startups pour changer le monde", organisé par La Tribune, dans la catégorie "Industrie du futur".
Corinne Versini, la fondatrice et CEO de GenesInk, grand gagnant 2021 du prix 10.000 startups pour changer le monde dans la catégorie Industrie du futur, le 29 mars 2021 au Grand Rex de Paris.
Corinne Versini, la fondatrice et CEO de GenesInk, grand gagnant 2021 du prix "10.000 startups pour changer le monde" dans la catégorie Industrie du futur, le 29 mars 2021 au Grand Rex de Paris. (Crédits : DR)

Il est souvent intéressant de s'attarder sur le déclencheur, ce petit moment d'apparence insignifiant ou sans conséquence qui va, pourtant, chambouler le futur inventeur au point de le mener, parfois malgré lui, vers la route de l'innovation.

Dans le cas de Corinne Versini, c'est un événement malheureux - un incident industriel - qui va travailler l'esprit de cette ingénieure, qui cumule les expertises en chimie, en électronique et en informatique. Passée par IBM et STMicroelectronics notamment, c'est son envie de montrer que l'on peut faire de l'industrie proprement qui la décide à créer sa propre entreprise pour montrer dit-elle, que « les industriels ne sont pas des bad boys ».

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Servir l'industrie, proprement

Ainsi naît Genes'Ink en 2010. Son idée est de concevoir et fabriquer des nanoparticules intégrées à des formules d'encres uniques. Des encres aux propriétés conductrices et semi-conductrices, s'adressant aux marchés de l'électronique imprimée, du photovoltaïque ou encore de la cosmétique. Leur particularité : elles permettent de remplacer des métaux rares, qui sont à la fois très coûteux, très nocifs pour l'environnement et extraits souvent dans des conditions déplorables pour la dignité humaine. La technologie unique au monde de GenesInk, protégée par une vingtaine de brevets internationaux, a nécessité plus d'une décennie de R&D. En plus de son fort impact environnemental -il s'agit d'une alternative aux métaux rares-, elle vise à séduire les industriels grâce à son efficacité : ces encres de nouvelle génération répondent notamment aux problématiques de souplesse et d'adaptabilité des objets connectés, l'un des domaines que vise particulièrement la jeune pousse.

« Nous nous sommes posés la question de ce que nous pouvions faire pour être utile à la planète », indique Corinne Versini, lassée de voir les grands industriels réaliser des chips, sans autre but. « Je trouvais que c'était vain ». Alors Genes'Ink « sert l'industrie 4.0 et le fait proprement ».

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S'affranchir des contraintes du design

Si la startup attaque le marché avec deux produits, elle en dispose aujourd'hui de quatre, à base d'oxyde de zinc, d'argent, d'oxyde de tungstène et aussi de platine. « Nous les déclinons ensuite en fonction des besoins », explique Corinne Versini. « L'idée est de faire des briques », qui trouvent ensuite leur applicatif en fonction du besoin du client ciblé. Comme toute entreprise innovante, Genes'Ink a besoin de temps pour aboutir à un produit, chacun nécessitant entre 3 et 5 ans de développement pour arriver à la phase d'industrialisation.

Les clients - ciblés par un réseau de distributeurs - sont généralement des grands de l'industrie, plus précisément de l'électronique, parfois du consumer. Des clients qui peuvent mettre du temps pour qualifier Genes'Ink mais une fois ce passage obligé réalisé, c'est plutôt une relation au long cours qui s'installe, car explique Corinne Versini, « il est très compliqué pour eux de changer de fournisseur ». Ne serait-ce, dit aussi la directrice générale de la startup, que parce que la spécificité de Genes'Ink en termes de souplesse et d'adaptabilité aux usages, rend son savoir-faire quasi unique. « Nos produits permettent à nos clients de s'affranchir des contraintes du design et de laisser place à leur créativité ».

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Une levée de 3 millions d'euros pour s'internationaliser

Si elle reconnaît que Genes'Ink a été trop en avance sur son marché - en 2016, le concept d'industrie 4.0 ou même les préoccupations environnementales n'étaient pas aussi majeurs qu'ils le sont aujourd'hui, Corinne Versini sait que la startup - qui emploie 22 salariés - est désormais la clé pour de nombreux industriels.

Et que son avenir se joue du côté de Taïwan, là où un bureau a été ouvert avant de devenir filiale. Taïwan, moins impacté par la crise sanitaire et ses conséquences que la Chine. « Nous devons aller à Taïwan pour saturer le marché. Si les utilisateurs sont en Chine ou en Inde, les sièges sociaux sont à Taïwan ». Une levée de fonds, qui devrait être concrétisée d'ici l'été, pour un montant de 3 millions d'euros, constitue l'une des clés pour permettre le développement d'une entreprise au chiffre d'affaires stable - de l'ordre de 200 000 euros - mais aux ambitions affirmées.

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Le prix "10.000 startups pour changer le monde" est le plus grand concours de startups en France. Il est organisé par La Tribune en partenariat avec BNP Paribas, la Mission French Tech, Bpifrance, Business France, le cabinet de conseil en propriété intellectuelle Germain Moreau, Enedis, le secrétariat d'Etat à l'Economie Sociale et Solidaire et le ministère de l'Outre-Mer.

"10.000 startups pour changer le monde" récompense depuis 9 ans les startups françaises les plus prometteuses dans six catégories qui incarnent les défis de demain : Environnement & Energie, Industrie du futur, Data & IA, Smart tech -innovations d'usage-, Santé et Start -pépites en phase d'amorçage. Lors d'un tour de France entre janvier et mars dans 8 métropoles françaises (Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Paris, Strasbourg et Lille), son jury d'experts et de journalistes a récompensé dans chaque région 6 startups, une par catégorie, soit 48 lauréats régionaux.

Ces gagnants se sont affrontés en finale le 15 mars en Paris, pour désigner parmi eux 8 grand prix nationaux : un par catégorie, ainsi qu'un prix Coup de Coeur et un prix Impact. Un 9è prix a également été décerné à une startup des Outre-Mer, parmi quatre finalistes primés à La Réunion et en Guadeloupe. Les 9 prix ont été remis le 29 mars 2021 au Grand Rex de Paris. Après sa victoire lors de la sélection régionale de Marseille, GenesInk est le grand lauréat national dans la catégorie "Industrie du futur".

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Commentaires 2
à écrit le 02/04/2021 à 13:17
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Attention aux nanoparticules qu'il faut utiliser de manière très encadrée et pas faire du n'importe quoi avec ce qui peut devenir un super polluant industriel bien plus dangereux que les micros-plastiques...

à écrit le 02/04/2021 à 9:43
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Merci beaucoup à la Tribune, ce sont ces gens que nous devrions voir et entendre à la télé et non tout ces experts qui nous demandent de ne pas réfléchir et de nous taire.

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