Streaming : Easylive.io lève des fonds pour devenir la régie de la télé de demain

Easylive.io veut devenir la régie vidéo du marché émergent de la vidéo en direct. Son outil permet de gérer plusieurs flux vidéo et de diffuser sur toutes les plateformes du marché. Présent dans plusieurs "verticales", la startup veut se renforcer du côté du sport électronique (eSport) et lève 2,6 millions d'euros auprès de Trust Esport et de Bpifrance.
François Manens
Easylive.io peut diriger un flux vidéo vers toutes les plateformes de diffusion en simultané.
Easylive.io peut diriger un flux vidéo vers toutes les plateformes de diffusion en simultané. (Crédits : easylive.io)

Si vous suivez les entraînements de football de l'Olympique de Marseille ou du Paris Saint-Germain en direct sur les réseaux sociaux, vous avez vu à l'oeuvre le service de Easylive.io. L'outil permet à ces clubs de réunir et d'articuler leurs différents flux vidéo, puis de les diffuser simultanément sur toutes les plateformes qu'ils souhaitent, par exemple Facebook Live, Twitter (via Periscope) ou encore YouTube.

"Pour les diffusions en direct sur Internet, nous sommes l'équivalent du camion de régie en télévision", résume Clément Sanchez, directeur financier de l'entreprise.

Si les clubs de sport représentent une bonne partie de la clientèle de la startup (FC Nantes, AS Roma), elle s'adresse aussi aux médias (Brut., Vox, Buzzfeed), à des entreprises d'événementiel, et surtout au sport électronique, qui représente environ 40% de son activité. Pour développer cette dernière verticale et gagner de nouveaux clients en Europe et aux États-Unis, la startup lève 2,6 millions d'euros auprès du fonds spécialisé Trust Esport et de Bpifrance.

Présence sur toutes les plateformes, disponibilité dans le cloud

Plusieurs logiciels se partagent le marché de la diffusion en direct, parmi lesquels le logiciel gratuit OBS (Open Broadcaster Software) ou le payant xSplit. Ils permettent de gérer plusieurs caméras, et de créer différentes "scènes". Les diffuseurs peuvent par exemple afficher sur leur écran un compteur d'abonnés, les noms de leurs sponsors, ou encore un flux de messages lié à un mot-dièse sur Twitter. Mais à l'inverse de Easylive, disponible dans le cloud, ces logiciels nécessitent une installation sur un ordinateur. Clément Sanchez considère la facilité d'accès de Easylive comme son principal avantage compétitif.

La startup a réalisé une première levée de fonds en 2015 pour effectuer ce passage technologique, et propose une offre SaaS (service sur abonnement) depuis 2018. Si elle concurrence directement OBS ou xSplit, elle peut aussi venir en complément. Un diffuseur peut utiliser OBS pour sa régie, mais diffuser son flux vidéo via easylive.io qui permet de diffuser sur plusieurs plateformes à la fois. La startup peut diffuser sur Facebook, Twitter, Twitch, Mixer, YouTube...

"Nous adaptons le flux vidéo selon la plateforme. Par exemple, les spectateurs ont plutôt tendance à regarder sur smartphone dans le cas de Twitter, alors qu'ils regarderont Twitch sur ordinateur. Nous diffuserons donc un flux haute définition sur Twitch et un flux d'une qualité plus basse, adaptée au smartphone, sur Twitter", résume le dirigeant.

Grâce à sa technologie, Easylive.io peut également synchroniser un même flux vidéo avec des commentaires dans différentes langues. Une fonctionnalité utile pour les compétitions à portée internationale.

Lire aussi : Le fonds Trust Esport prêt à investir 15 millions d'euros dans les startups du sport électronique

Cap sur l'eSport

Easylive.io répond à un axe attendu par le fonds Trust Esport : l'amélioration de l'expérience spectateur. Déjà partenaire de la principale plateforme de diffusion de sport électronique Twitch, la startup souhaite désormais développer de nouvelles fonctionnalités particulières à ce marché. Elle s'appuiera pour cela sur l'expertise et le réseau de son nouvel investisseur.

La régie des compétitions eSportives n'est pas toujours simple. Sur le jeu Fortnite par exemple, 100 joueurs s'affrontent en même temps. Difficile alors pour l'oeil humain de détecter et de prioriser les actions assez rapidement pour choisir le point de vue le plus pertinent en permanence. La coupe du monde avait d'ailleurs été l'occasion d'observer ce défaut de mise en scène. Pour contourner ces problèmes, Easylive compte renforcer sa R&D.

"Nous voulons automatiser la production vidéo en intégrant les API du jeu. Notre plateforme serait ainsi capable de détecter automatiquement où se déroule l'action principale, et d'adapter le point de vue de la caméra", se projette Clément Sanchez.

Aujourd'hui, la jeune pousse compte parmi ses clients Tencent Games, CapCom ou le jeu Super Smash Bros., mais doit encore convaincre de nombreux géants du secteur. En Europe, elle vise notamment Ubisoft, l'organisateur de compétition ESL, ou le géant multi-casquettes Webedia. Grâce à sa levée de fonds, Easylive compte élargir son équipe de 10 salariés avec des développeurs commerciaux en Europe, mais aussi aux États-Unis et au Canada, deux grands marchés.

Des millions de spectateurs pour les compétitions d'eSport

La diffusion d'événements de compétition d'eSport attire des millions de spectateurs.  La coupe du monde du jeu Fortnite a par exemple réuni 2 millions de spectateurs. Et encore, ces chiffres sont fondés sur les audiences de Twitch et de YouTube, et ne prennent pas en compte leurs équivalents chinois. En tout, le marché de l'eSport est estimé à 1 milliard d'euros et grossit de plus de 40% par an. Même si certains analystes pointent la constitution d'une bulle, la scène grossit. Côté diffusion, tous les géants de la Tech se sont placés : Google avec YouTube, Amazon avec Twitch, Microsoft avec Mixer et Facebook avec Facebook Live.

François Manens

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