Netflix dépasse les 200 millions d'abonnés mais garde la tête froide pour affronter 2021

Au quatrième trimestre 2020, la société californienne a dégagé un bénéfice net de 542 millions de dollars, inférieur de 40 millions à celui d'il y a un an, pour un chiffre d'affaires de 6,6 milliards, en hausse de 21,5%. La concurrence est loin derrière. Mais Netflix garde la tête froide : il sait que ses rivaux vont monter en puissance, que la télévision traditionnelle n'est pas morte, et que la concurrence se joue aussi avec les jeux vidéos et les réseaux sociaux.
Sylvain Rolland
Les analystes du secteur et Netflix lui-même s'attendent à voir l'entreprise poursuivre sa trajectoire de croissance en 2021, mais à un rythme moins élevé.
Les analystes du secteur et Netflix lui-même s'attendent à voir l'entreprise poursuivre sa trajectoire de croissance en 2021, mais à un rythme moins élevé. (Crédits : Mike Blake)

Netflix a le triomphe modeste. Le géant et leader mondial du streaming vidéo a achevé 2020 en passant un nouveau cap : celui des 200 millions d'abonnés dans le monde. D'après ses résultats financiers, publiés mardi 19 janvier au soir, le groupe dirigé par Reed Hastings et Ted Sarandos, Netflix revendique à fin décembre près de 204 millions d'abonnés (203,7), soit 37 millions de plus qu'il y a un an (+22%, dont 8,5 millions sur le seul quatrième trimestre. La performance est majuscule : en trois ans, le champion de la SVoD a quasiment doublé son nombre d'abonnés, qui est passé de 111 millions début 2018 à 203,7 millions fin 2020, tandis que le revenu moyen par abonnement a progressé de 9,88 dollars à 11,02 dollars, a indiqué l'entreprise.

Logiquement, Netflix bat encore des records de chiffres d'affaire. Au quatrième trimestre 2020, la plateforme a engrangé 6,64 milliards de dollars de revenus, en hausse de 21,5% sur un an. Son bénéfice net est la seule petite ombre au tableau : il s'établit à 542 millions de dollars, inférieur de 40 millions à celui d'il y a un an. Mais la situation financière du groupe s'est améliorée, au point que Reed Hastings, le patron du groupe, estime que l'entreprise est "très proche de parvenir à une trésorerie positive". "Nous pensons que nous n'avons désormais plus besoin d'investissements extérieurs pour financer nos opérations au quotidien", a -t-il assuré.

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2021, l'année du retour sur Terre ?

En 2020, comme de nombreux autres géants de la tech, Netflix a largement bénéficié des restrictions de déplacement imposées dans divers pays pour lutter contre la pandémie.

Netflix 2020

[L'effet confinement a été spectaculaire en 2020 pour Netflix, la courbe bleue montrant une explosion du nombre de nouveaux abonnés à partir de fin mars]

Mais l'année restera aussi comme celle de l'arrivée à maturité du secteur, avec l'arrivée de nombreux nouveaux concurrents directs venus des studios hollywoodiens. Dotés d'un catalogue bien rempli et d'une forte notoriété, ils représentent une menace sérieuse pour Netflix, à commencer par HBO Max (WarnerMedia) et Peacock (NBCUniversal), mais surtout Disney+, qui a dépassé les 85 millions d'abonnés en à peine un an.

"C'est très impressionnant ce que Disney a fait, l'exécution a été impeccable. C'est génial pour le monde entier que Disney et Netflix soient en compétition. Nous sommes à fond dans les dessins animés, nous allons essayer de les rattraper et même de les dépasser sur ce terrain, tout en gardant notre avance dans le divertissement en général. C'est très stimulant", a déclaré le CEO de Netflix Reed Hastings devant les analystes.

Logiquement, 2021 devrait être moins favorable. Les analystes du secteur et Netflix lui-même s'attendent à voir l'entreprise poursuivre sa trajectoire de croissance, mais à un rythme moins élevé. Pour le premier trimestre 2021, l'entreprise prévoit de gagner 6 millions de nouveaux abonnés dans le monde, une projection peu ambitieuse mais qui vise surtout à indiquer aux marchés qu'il ne faut pas s'habituer à voir Netflix gagner plus de 10 millions de nouveaux abonnés par trimestre, comme cela a été le cas sur deux des quatre trimestres de 2020.

D'où le ton très modeste de Reed Hastings face aux actionnaires. Alors qu'il y a trois ans le patron de Netflix regardait de haut ses concurrents en estimant que son vrai rival était "le sommeil", l'entreprise ne sous-estime plus ni la télévision traditionnelle -qui résiste-, ni les autres acteurs du streaming. Il rappelle que malgré sa très forte pénétration aux Etats-Unis, Netflix ne représente "que" 10% du temps passé devant la télévision -ce qui est déjà énorme. Surtout, Netflix ne sous-estime pas non plus la concurrence croissante des jeux vidéos et des réseaux sociaux, à commencer par Twitch, YouTube et TikTok. D'autant plus que la pandémie a consacré l'évolution "sociale" des jeux vidéos, avec le succès grandissant des plateformes de jeux vidéo en streaming, autrement dit la capacité des jeux vidéos à devenir eux aussi des réseaux sociaux, et donc capter beaucoup de temps chez l'un des publics cibles de Netflix, les jeunes.

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Les contenus avant tout

Pour maintenir son avance sur ses concurrents du streaming et engranger de nouveaux abonnés, Netflix sait que son son salut passe par les contenus. Pour 2021, la plateforme a prévu pas moins de 70 films avec de nombreuses vedettes, de Gal Gadot ("Wonder Woman 1984") à Dwayne "The Rock" Johnson ("Fast & Furious" ou "Jumanji"), en passant par Regina King, Adrien Brody, Meryl Streep, Sandra Bullock, Octavia Spencer, Jeremy Irons, mais aussi Leonardo DiCaprio ou Jennifer Lawrence. "Ce sera certainement plus que 70", a assuré Ted Sarandos, co-directeur exécutif du groupe, pendant la conférence. "L'appétit est là, et nous avons une audience mondiale avec des goûts très divers", a-t-il ajouté, poursuivant la stratégie de proposer tous types de contenus, pour tout le monde.

Evidemment, l'international restera un des axes de développement majeurs de Netflix en 2021. C'est hors des Etats-Unis que les perspectives de croissance du groupe sont les plus fortes, et c'est aussi à l'international que Netflix peut le mieux se distinguer par rapport à se concurrents hollywoodiens qui sont empêtrés dans des accords locaux sur les droits de leur catalogue. En 2020, plus de 80% des nouveaux abonnements l'ont été en dehors de l'Amérique du Nord.

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Sylvain Rolland

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Commentaires 2
à écrit le 20/01/2021 à 19:40
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Netflix est une coquille vide sans contenu et l'action de la concurrence (Disney+, HBO Max, etc) n'est pas étrangère à l'effondrement de sa rentabilité...

à écrit le 20/01/2021 à 11:32
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Auto analyse exposant qu'ils ne sont pas leader pour rien, c'est que yen a de la matière grise là dedans ! Encore une belle réussite américaine due encore une fois à l'intelligence, le truc éradiqué en UE parce que limitant la compromission politco-f...

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