Armes françaises au Yémen et secret défense : la DGSI convoque trois journalistes

Dans le cadre d'une enquête pour "atteintes au secret de la défense nationale", deux des journalistes convoqués, Mathias Destal et Geoffrey Livolsi, sont des co-fondateurs du média d'investigation Disclose, qui a publié la semaine dernière un rapport émanant de la Direction du renseignement militaire sur l'utilisation d'armes de fabrication françaises dans la guerre du Yémen. Le troisième est Benoît Collombat, de la cellule investigation de Radio France, qui a publié l'enquête de Disclose avec quatre autres partenaires en France et à l'étranger.
Une enquête sur un rapport émanant de la Direction du renseignement militaire (classé secret défense), à propos de l'utilisation d'armes de fabrication française dans la guerre du Yémen, a été publiée la semaine dernière conjointement par le site Disclose et la cellule d'investigation de Radio France, en partenariat avec plusieurs autres médias d'investigation.
Une enquête sur un rapport émanant de la Direction du renseignement militaire (classé secret défense), à propos de l'utilisation d'armes de fabrication française dans la guerre du Yémen, a été publiée la semaine dernière conjointement par le site Disclose et la cellule d'investigation de Radio France, en partenariat avec plusieurs autres médias d'investigation. (Crédits : Disclose)

Trois journalistes sont convoqués le 14 mai par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dans le cadre d'une enquête pour "atteintes au secret de la défense nationale", a-t-on appris mercredi auprès d'un de leurs avocats.

Une enquête préliminaire sur des soupçons de "compromission par personne dépositaire et compromission par un tiers" a été ouverte dès le 13 décembre dernier et confiée à la DGSI à la suite d'une plainte du ministère des Armées, précise-t-on par ailleurs de source judiciaire.

"L'argument du secret défense ne peut plus suffire" (Amnesty)

Deux de ces journalistes, Mathias Destal et Geoffrey Livolsi, sont des co-fondateurs du média d'investigation Disclose, qui a publié la semaine dernière un rapport émanant de la Direction du renseignement militaire sur l'utilisation d'armes de fabrication françaises dans la guerre du Yémen.

| Lire aussi : "Made in France" (enquête du site Disclose, 15 avril 2019)

Le troisième est Benoît Collombat, de la cellule investigation de Radio France, qui a publié l'enquête de Disclose avec quatre autres partenaires en France et à l'étranger (Arte Info, Konbini, Mediapart et The Intercept, détaille Le Monde).

| Lire aussi : Des armes françaises sont bien utilisées au Yémen, selon une note "confidentiel Défense" (B. Collombat / Cellule investigation de Radio France, 15.04.2019)

"Nous estimons que ces journalistes ont fait leur travail et qu'on essaye de porter atteinte à leurs sources", a déclaré à Reuters Me Virginie Marquet, avocate de Disclose. "Nous serons très fermes sur la protection des sources de nos journalistes."

Pour Cécile Coudriou, présidente d'Amnesty International France, Paris "se cache trop derrière ce secret défense. La transparence devrait être enfin de mise."

"Disclose a montré des preuves irréfutables (...) qui montrent qu'il y a bel et bien une complicité indirecte avec des crimes de guerre. L'argument du secret défense ne peut plus suffire", a-t-elle déclaré à Reuters. "Nous sommes pour la protection des lanceurs d'alerte quand l'intérêt général est en cause, et là, c'est largement le cas."

La réponse de la ministre des Armées, jeudi dernier

A la suite de la publication de ce rapport lundi 15 avril, la ministre française des Armées, Florence Parly, avait déclaré le jeudi suivant (18 avril), ne pas avoir "d'éléments de preuve" montrant que des armes de fabrication française utilisées par l'Arabie saoudite auraient fait des victimes civiles dans la guerre au Yémen.

"A ma connaissance, ces armes ne sont pas utilisées de façon offensive dans cette guerre au Yémen et on ne peut donc pas, de façon mécanique, en tout cas, moi, je n'ai pas d'éléments de preuve permettant de dire cela, que des armes françaises sont à l'origine de victimes civiles au Yémen", a-t-elle déclaré sur Radio Classique.

Florence Parly réagissait là, notamment, à des informations du collectif d'investigation Disclose, qui a dévoilé lundi 15 avril un rapport de la Direction du renseignement militaire, classé secret défense.

A propos du Yémen, Florence Parly dénonçait "une guerre sale"

Selon ces documents, les armes exportées par la France, notamment des canons Caesar, seraient utilisées dans la guerre en cours, y compris dans des zones civiles.

"Tous nos efforts et tous les efforts de la communauté internationale sont orientés pour essayer d'arrêter ce conflit et de lui trouver une solution politique", a dit la ministre des Armées, dénonçant "une guerre sale".

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Commentaires 5
à écrit le 26/04/2019 à 11:44
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Pourquoi cette propension à vouloir toujours se flageller ? Encore une polémique pour pas grand-chose. La France comme d’autres pays dits vertueux, vend des armes depuis des lustres. Vendre de l’armement c’est, d’abord pour être engagé sur des confli...

le 28/04/2019 à 10:15
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Quel cynisme aveugle et irresponsable ! La France en qualité d'Etat de droit a pris des engagements internationaux quant à ses ventes d'armement, au travers notamment du TCA. Rappeler à nos actuels gouvernants ces engagements ne relève aucunement d'u...

à écrit le 26/04/2019 à 0:44
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Sensibilité démocratique à deux vitesses?

à écrit le 25/04/2019 à 14:37
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Histoire d'être précis, les documents concernés sont classés "secret défense" ou "confidentiel défense" ?

à écrit le 25/04/2019 à 13:02
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On vend des armes et on se scandalise qu'elles tuent. Bienvenu dans le monde des journalistes bisounours à savoir ceux qui à force de hurler à corps et à cris les petits délits ne voient plus les gros si tant est qu'ils en ont déjà vu bien entend...

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