Nick Read, le patron de Vodafone, rend son tablier

Le départ surprise du directeur général du géant britannique des télécoms intervient sur fond de vives critiques des actionnaires concernant la gestion de l’entreprise.
Pierre Manière
« Ce fut un privilège de passer plus de 20 ans chez Vodafone, et je suis fier de ce que nous avons fourni aux clients et à la société à travers l'Europe et l'Afrique », a déclaré Nick Read.
« Ce fut un privilège de passer plus de 20 ans chez Vodafone, et je suis fier de ce que nous avons fourni aux clients et à la société à travers l'Europe et l'Afrique », a déclaré Nick Read. (Crédits : SERGIO PEREZ)

C'est par un communiqué un brin lapidaire que Vodafone a annoncé, ce lundi matin, la démission de son directeur général. Le géant britannique du mobile a précisé qu'après quatre années passées à sa tête, Nick Read allait quitter le groupe. « Ce fut un privilège de passer plus de 20 ans chez Vodafone, et je suis fier de ce que nous avons fourni aux clients et à la société à travers l'Europe et l'Afrique », a déclaré l'intéressé dans le communiqué, sans s'épancher sur les raisons de son départ. « Je suis d'accord avec le conseil d'administration sur le fait que c'est le bon moment de passer la main à un nouveau dirigeant pour bâtir sur les atouts de Vodafone et saisir les opportunités futures », a-t-il poursuivi.

Si son départ constitue une surprise, sa gestion de Vodafone ne faisait guère l'unanimité. Cela fait des mois que plusieurs actionnaires tirent ouvertement à boulet à rouge sur la stratégie de l'entreprise, dont le cours de Bourse s'est effondré de 20% depuis le début de l'année. Certains estiment notamment que Vodafone a laissé passer trop d'opportunités de consolidation, notamment en Espagne ou en Italie.

Sous l'impulsion de Nick Read, Vodafone a amorcé de profondes restructurations, avec l'objectif de se renforcer dans ses principaux marchés, quitte à en abandonner certains. L'opérateur cherche aujourd'hui à fusionner avec son rival Three UK au Royaume-Uni, et il s'est séparé, en août dernier, de sa filiale hongroise pour 1,8 milliard d'euros. Vodafone entend surtout tirer entre 3,2 et 7,1 milliards d'euros de la création d'une coentreprise avec les fonds américains KKR et GIP, qui vont lui racheter une partie de Vantage Towers, sa filiale d'antennes-relais. Nick Read avait annoncé que cette opération permettrait de diminuer l'endettement du groupe, qui dépasse les 41 milliards d'euros.

Ces opérations doivent permettre à l'opérateur de rebondir, alors qu'il souffre de l'inflation et d'une forte concurrence sur ses principaux marchés que sont le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Pour son premier semestre décalé, Vodafone avait vu son bénéfice reculer légèrement. L'opérateur a notamment été pénalisé par une « contre-performance », a-t-il lui-même convenu, en Allemagne, son plus gros marché sur le Vieux Continent.

Xavier Niel critique à l'égard de certaines décisions

Il n'empêche que certaines décisions récentes de Vodafone ont déçu des actionnaires. Lors d'une conférence de presse à Paris, le 22 novembre dernier, Xavier Niel, qui s'est offert au mois de septembre 2,5% de Vodafone, s'était notamment montré critique à l'égard d'une alliance récente de l'opérateur avec Altice pour déployer la fibre en Allemagne.

Nick Read, qui démissionne également du conseil d'administration de Vodafone, restera conseiller jusqu'au 31 mars prochain. Il sera remplacé en intérim par Margherita Della Valle, la directrice financière du groupe, qui gardera ses fonctions actuelles le temps que le groupe se trouve un nouveau dirigeant permanent.

Pierre Manière

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