Télécoms : les grandes manœuvres s’accélèrent chez Vodafone

Entre la tentative de fusion avec son rival Three au Royaume-Uni, son désengagement dans les tours télécoms, ou encore la cession de ses activités en Hongrie, le géant britannique du mobile s’est lancé dans une profonde réorganisation.
Pierre Manière
Nick Read, le directeur général de Vodafone.
Nick Read, le directeur général de Vodafone. (Crédits : Reuters)

Vodafone est en chantier. Le mastodonte britannique du mobile - présent au Royaume-Uni, mais aussi en Espagne, en Italie ou en Allemagne - est en pleine réorganisation. Nick Read, son chef de file, est sur tous les fronts. La semaine dernière, le groupe a annoncé qu'il comptait se séparer de la moitié de sa participation de près de 82% dans Vantage Towers, sa filiale de tours télécoms, auprès de fonds d'investissements. L'objectif est clair : faire remonter du cash - jusqu'à 3,2 milliards d'euros -, qui sera consacré à la réduction de sa dette qui dépasse aujourd'hui 41 milliards d'euros.

La cession de tours télécoms est devenue un classique chez les opérateurs européens qui ont besoin de liquidités. En France, SFR, Bouygues Telecom et Free ont déjà tous cédé tout ou partie de leurs tours télécoms. Orange, de son côté, a logé ses tours en France et en Espagne dans une filiale, Totem, dont il reste, à ce jour du moins, propriétaire à 100%.

Vers une consolidation au Royaume-Uni ?

En parallèle, Vodafone cherche à fusionner avec son rival Three UK au Royaume-Uni. Son ambition ? Réduire la concurrence - qui permet généralement de faire remonter les prix -, mais aussi disposer de davantage de moyens pour investir dans les réseaux, et notamment dans la 5G. En Allemagne, où le coûteux déploiement de la fibre en est à ses balbutiements, Vodafone cherche par tous les moyens à réduire la facture des déploiements. C'est la raison pour laquelle le groupe britannique s'est récemment allié avec Altice (la maison-mère de SFR en France). Le mois dernier, les deux géants des télécoms ont fondé une coentreprise pour déployer quelque 7 millions de prises fibre en six ans, pour un investissement total estimé à 7 milliards d'euros.

Vodafone entend aussi se recentrer sur ses marchés les plus stratégiques. Et donc se séparer de ceux qui ne le sont plus. En août dernier, le groupe s'est séparé de sa filiale en Hongrie pour 1,8 milliard d'euros. Là encore, Vodafone a affirmé que le produit de cette vente serait consacré à son désendettement.

Une forte pression des actionnaires

Ces restructurations, menées tambour-battant, Vodafone les pilote sous la pression de ses actionnaires. Ceux-ci râlent depuis des mois sur les performances du groupe, dont le cours de Bourse dégringole depuis cinq ans. En juillet dernier, Vodafone a dévoilé un chiffre d'affaires en légère hausse pour son premier trimestre décalé. Il a ainsi progressé de 1,6% par rapport à la même période l'an dernier, à 11,3 milliards d'euros. Mais Vodafone a toutefois accusé une baisse de 0,5% en Allemagne, reflétant une perte de clients internet haut débit et télévision. Cette baisse a néanmoins été compensée par une hausse des prix au Royaume-Uni, tirée notamment par l'inflation.

 Les actionnaires de Vodafone appellent le groupe à ne plus se disperser, et surtout à consolider ses positions dans ses marchés importants. Beaucoup estiment que Vodafone a laissé passer des opportunités. En Espagne, par exemple, sa filiale devrait prochainement bénéficier d'une concurrence moins féroce, alors qu'Orange Espagne s'apprête à fusionner avec MasMovil. Mais certains regrettent que Vodafone n'ait pas été acteur de cette consolidation... Au début d'année en Italie, Vodafone a aussi rejeté les avances d'Iliad Italia, l'opérateur transalpin de Xavier Niel, qui était prêt à le racheter pour 11,25 milliards d'euros.

Pierre Manière

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