Essence, gaz, alimentation... Tout augmente. Et les télécoms ne font pas exception. Les grands opérateurs français révisent leurs tarifs à la hausse. Ces derniers jours, Bouygues Telecom s'est fendu d'un message à certains de ses abonnés Internet fixe Bbox. La nouvelle a fait grincé des dents: l'opérateur de Martin Bouygues les a averti d'une hausse de prix. Celle-ci s'élève à 4 euros par mois. En échange, Bouygues Telecom propose les appels illimités vers les téléphones mobiles en Europe, ainsi que des accès au service de replay TF1 Max, et à la plateforme de podcast Majelan. Il en va de même pour les abonnés mobiles B&You. Certains ont été avertis que leur forfait allait augmenter de 3 euros par mois, en échange de plus de data. Ces hausses tarifaires sont automatiques. A moins que l'abonné ne précise, dans les quatre mois suivant la notification, qu'il souhaite conserver son offre actuelle.
Bouygues Telecom n'est pas le seul opérateur à faire grimper les factures. SFR est aussi un adepte du « payer plus pour plus de services ». En début d'année, l'opérateur au carré rouge a décidé d'augmenter le prix des abonnements de ses clients Red de 3 euros, contre davantage d'espace de stockage dans le cloud. Orange a, de son côté, présenté au début du mois sa nouvelle box, la Livebox 6, avec un Wi-Fi amélioré. Celle-ci est commercialisée avec des abonnements sensiblement plus chers, de 5 euros, par rapport aux offres précédentes.
Une tendance de fond
Ces augmentations s'inscrivent dans une tendance de fond. Cela fait un peu plus d'un an, maintenant, que les prix grimpent. En 2021, la facture moyenne des abonnés Internet fixe a progressé de 30 centimes, à 33,5 euros par mois, selon l'Arcep, le régulateur des télécoms. Idem pour celle des clients mobiles, qui a augmenté de 50 centimes, à 14,9 euros. Ces hausses tarifaires suscitent régulièrement la colère des abonnés, dans un contexte où disposer d'une bonne connexion Internet est devenu essentiel. Elles interviennent à un moment de fortes tensions sur le pouvoir d'achat. Mais rappelons, tout de même, que la France bénéficie encore de prix parmi les plus bas d'Europe en matière de télécoms.
Chez Orange, SFR ou Bouygues Telecom, cette situation ne peut pas durer. « Cela n'est pas raisonnable et cohérent avec les investissements, l'innovation, et le chemin que nous devons emprunter ces prochaines années », a déclaré Arthur Dreyfuss, le président de la Fédération française des télécoms (FFT) et secrétaire général d'Altice France (SFR), en décembre dernier. Comme ses concurrents, il juge que le secteur ne peut pas continuer à maintenir des prix aussi bas tout en investissant massivement dans les réseaux. En 2020, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont dépensé quelque 11,5 milliards d'euros dans la fibre, la 4G et la nouvelle 5G. Un record, sachant que leurs investissements n'étaient « que » de 8 milliards d'euros en 2015.
Monétiser « l'explosion des usages numériques »
Or, le contexte est aujourd'hui favorable, au regard des opérateurs, à des hausses de prix. La crise sanitaire y est pour beaucoup. Le Covid-19 et les confinements ont permis l'essor du télétravail et d'une myriade d'usages numériques allant de la visio, aux achats en ligne, en passant par le streaming. Particulièrement gourmands en bande passante, ces pratiques nécessitent des connexions plus puissantes. Elles justifient, pour beaucoup de Français, l'abandon du vieil ADSL pour passer à la fibre. « 61% des Français ont annoncé avoir découvert de nouveaux usages lors de ces deux dernières années », affirmait Fabienne Dulac, la patronne d'Orange France, lors de la présentation de la nouvelle Livebox 6 à Paris. Selon elle, cette « explosion des usages » s'inscrit « dans la durée ».
Elle s'accompagne, selon la dirigeante, d'une « exigence de performance » accrue... qu'Orange, comme ses concurrents, compte bien transformer en espèces sonnantes et trébuchantes. Citant une étude OpinionWay commandée par l'opérateur historique, Fabienne Dulac affirme que 39% des Français se disent « prêts à payer plus » pour une connexion plus rapide, fiable et sûre. Va-t-on, dès lors, voir les prix crever le plafond dans les prochains mois ? Beaucoup d'observateurs n'y croient guère, estimant que la concurrence à quatre opérateurs constitue, encore, un rempart solide.
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