
Le cauchemar continue pour First Republic. La banque américaine a encore été laminée à Wall Street, lundi 20 mars. Son action, qui avait déjà perdu 80% de sa valeur en huit séances, a encore dégringolé de 47,11% alors même que les autres valeurs bancaires enregistraient des variations modérées.
La crise de confiance persiste à l'égard de cette banque. Fondée en 1985, elle est basée à San Francisco avec des agences principalement situées en Californie et dans des zones urbaines de la côte est. Elle était fin 2022 la 14e banque américaine, par la taille des actifs. Elle est actuellement considérée comme le nouveau maillon faible du système bancaire américain.
Des emprunts qui inquiètent
Selon l'agence S&P Global Ratings, 68% de l'argent déposé chez First Republic est au-dessus du montant maximal habituellement garanti par les autorités, soit 250.000 dollars. Après les défaillances rapprochées de trois banques aux États-Unis la semaine dernière - SVB, Signature Bank et Silvergate - investisseurs et analystes ont redouté que ses clients ne prennent peur et retirent en masse leur argent.
Ce que la banque régionale a implicitement confirmé jeudi dernier. Elle a indiqué avoir emprunté chaque jour des dizaines de milliards à la banque centrale américaine (Fed). Plus précisément entre 20 et 109 milliards de dollars entre le 10 et le 15 mars, à un taux au jour le jour de 4,75%.
Selon le Wall Street Journal, 70 milliards de dollars au total ont été retirés ces derniers jours, soit environ 40% de ce que la banque recensait fin 2022. « Entre les dépôts que la banque va probablement devoir plus rémunérer et les taux d'emprunts qui grimpent, sa rentabilité va forcément se contracter », remarquait ce lundi Alexander Yokum de CFRA.
« L'avenir de First Republic sera déterminé par sa capacité à faire revenir les déposants une fois la panique initiale passée, et il n'y a aucune garantie que cela se produise », avertissait déjà vendredi dans une note Eric Compton, analyse pour Morningstar.
Un sauvetage à 30 milliards peut-être pas suffisant
Face au plongeon de l'action, la banque a cherché à rassurer. Le 12 mars, First Republic a annoncé disposer de 70 milliards de dollars de liquidités, grâce à la Fed et à JPMorgan Chase.
La chute en Bourse se poursuivant, onze grandes banques américaines se sont engagées, jeudi 17 mars, à déposer au total 30 milliards de dollars de dépôts dans ses comptes. Un signe de confiance, selon elles, puisque ces dépôts ne sont pas assurés, et qu'elles peuvent donc perdre leur mise.
S&P, qui avait déjà placé la banque dans la catégorie des investissements spéculatifs, a encore dégradé sa note dimanche. L'agence estime que la main tendue par ses concurrents n'allait à long terme « peut-être pas » régler les problèmes de First Republic.
Des progrès à démontrer
L'agence de notation a aussi prévenu qu'elle pourrait encore abaisser bientôt la note de First Republic « si la banque n'est pas en mesure de démontrer des progrès dans la stabilisation des dépôts et la récupération de la valeur de la franchise qui, à (son) avis, s'est probablement érodée ».
Mais First Republic se veut confiante. Elle a assuré dimanche que grâce aux 30 milliards et à ses propres réserves, elle était « bien placée pour gérer » les retraits à court terme. Reste que « si vous êtes un client de la banque et que vous voyez sa note abaisser deux fois en quelques jours, vous n'avez pas forcément envie d'y garder votre argent », avance Alexander Yokum.
Incertitude à l'horizon
Reste que ces interventions des autorités et des plus représentants majeurs du secteur bancaire n'ont pas rassuré les investisseurs. Selon le Wall Street Journal, les patrons des grandes banques, emmenés par le PDG de JPMorgan Jamie Dimon, cherchent actuellement une façon de stabiliser First Republic.
L'une des hypothèses envisagées est de convertir tout ou partie des 30 milliards de dépôts apportés jeudi en capital, ce qui conduirait à une dilution des actions existantes. Une vente ou une injection de capital frais sont aussi des options sur la table, rapporte le quotidien. First Republic n'a de son côté pas souhaité faire de commentaires sur ces informations en ce début de semaine.
(Avec AFP)
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