La rémunération du Livret A va tomber le 1er août à un nouveau plancher historique, 1%, au lieu du taux de 1,25% en vigueur depuis l'été 2013, mais le gouvernement a choisi de limiter la chute du rendement de l'un des placements les plus populaires auprès des Français. Afin de justifier sa décision, Bercy a souligné sa volonté de "concilier la protection du pouvoir d'achat" des Français avec le besoin de relancer la construction de logements sociaux.
Mathématiquement, le taux du Livret A, calculé tous les six mois à partir de l'inflation hors tabac couplée à une majoration de 0,25 point, aurait dû baisser davantage, compte tenu de la baisse des prix à la consommation publiée jeudi par l'Insee. En juin, l'inflation hors tabac est ressortie à 0,3% seulement, sur un an, ce qui aurait dû déboucher sur une rémunération de 0,50% du Livret A, puisque le chiffre doit être arrondi au quart de point le plus proche.
Un placement détenu par 63 millions de particuliers
Invoquant, lui aussi, "la perspective de préserver globalement le pouvoir d'achat des épargnants", Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, avait, dans sa recommandation au gouvernement formulée jeudi matin, préconisé d'abaisser le taux du Livret A à 0,75%, et non à 0,50%. Mais la fixation de la rémunération de ce produit d'épargne, détenu par 63 millions de particuliers, répond à une mécanique complexe. En effet, si le gouverneur de la Banque de France choisit de respecter la formule, sa décision s'impose. S'il souhaite y déroger, il revient alors au gouvernement de trancher. C'est le scénario qui s'est déroulé jeudi matin.
A 1%, le taux du Livret A "reste bien au-dessus de l'inflation actuellement constatée" et "permettra donc à l'épargne des Français de continuer à être correctement rémunérée, tout en favorisant un financement moins coûteux et abondant du logement social", a souligné le ministère de l'Economie dans un communiqué. En effet, la baisse du taux du Livret A va notamment permettre à la Caisse des dépôts, qui centralise 65% des sommes versées, d'octroyer des prêts moins onéreux aux organismes HLM afin de permettre l'édification de logements sociaux.
Les taux du LDD et du LEP ramenés à 1% et à 1,50%
Les particuliers, de leur côté, scrutent tous les six mois la façon dont évolue la rémunération de leur livret. En février, elle aurait déjà dû mécaniquement baisser à 0,75% mais le gouvernement avait préféré la maintenir à 1,25%. Pour une majorité d'épargnants, une fluctuation de 0,25 point du taux n'a qu'un impact marginal sur les intérêts qu'ils perçoivent en fin d'année. Ainsi, fin 2013, un Livret A contenait en moyenne 4.063 euros. Avec un taux de 1,25%, un tel livret rapporte en année pleine 50.79 euros. A 1%, ce gain passe à 40,63 euros, soit une différence de 10,16 euros.
Par ricochet, la baisse de la rémunération du Livret A aura des conséquences sur les taux de plusieurs autres livrets d'épargne réglementée, le 1er août. Ainsi, celui du Livret de développement durable (LDD) passera lui aussi de 1,25% à 1% et celui du Livret d'épargne populaire (LEP), réservé aux ménages modestes, de 1,75% à 1,50%.
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