"J'ai trouvé des pépites ! Beaucoup de pépites" (Emmanuel Chiva, Agence Innovation Défense)

ENTRETIEN. Le directeur de l'Agence de l'innovation de défense, Emmanuel Chiva, dresse un premier bilan un an après la création de l'Agence sur les enjeux cruciaux de demain pour les armées : intelligence artificielle, informatique quantique, hyper-vélocité, neuroscience... Il explique également son projet Red Team et défend enfin le programme flyboard.
Nous finalisons la mise en œuvre opérationnelle du guichet unique pour traiter le plus efficacement le flux de projets entrant, soit à terme environ 400 projets annuels, sur lesquels 15 à 20 seront finalement retenus (Emmanuel Chiva).
"Nous finalisons la mise en œuvre opérationnelle du guichet unique pour traiter le plus efficacement le flux de projets entrant, soit à terme environ 400 projets annuels, sur lesquels 15 à 20 seront finalement retenus" (Emmanuel Chiva). (Crédits : Agence de l'Innovation de Défense)

LA TRIBUNE - Un an après la création de l'Agence Innovation Défense, quel bilan dressez-vous ?
EMMANUEL CHIVA - L'Agence produit d'ores et déjà des résultats concrets, tangibles, en ligne avec la stratégie de la ministre des Armées, Florence Parly. Elle offre de nouvelles opportunités et n'a d'ailleurs pas d'équivalent en Europe. L'Agence de l'innovation de défense (AID) est arrivée dans un paysage complexe où des structures existaient avant sa création et portaient déjà une multitude de projets innovants. Pour autant, il existait un besoin de pilotage ou de chef d'orchestre pour coordonner la politique d'innovation de la défense. Aujourd'hui l'agence est ce chef d'orchestre et doit compter sur le soutien des structures existantes - la direction générale de l'armement (DGA) et les armées, notamment - pour mettre en musique l'innovation. C'est d'ailleurs pour cela que la ministre des Armées a créé l'agence sous la forme d'un service à compétence nationale. L'agence est rattachée au délégué général pour l'armement et bénéficie ainsi de l'expertise de la DGA, tout en restant une agence au profit de l'ensemble du ministère. Lors de cette première année, si nous avons beaucoup communiqué pour ancrer notre image dans l'écosystème, un véritable travail de fond a été conduit.

Quels étaient les défis de cette première année ?
L'AID avait deux défis à relever : se coordonner avec les structures existantes et assurer la continuité des activités pour le développement sur le temps long au profit des programmes d'armement d'une part, et organiser la détection et la capture d'innovation ouverte issue de l'écosystème civil d'autre part. Il y avait un risque que nous avons, je le crois, réussi à limiter : celui d'une agence "gadget" qui ne s'intéresserait uniquement qu'aux petits projets, qu'aux start-up ou aux sujets à la mode... Durant la première année, l'agence s'est attachée à concilier ces deux approches et à se positionner comme un acteur crédible de l'innovation dans ces deux univers.

Qu'est ce qui a été le plus difficile à mettre en œuvre ou à lancer durant cette première année pour l'AID?
Le plus difficile a été de mettre en place les conditions pour capter et détecter l'innovation. Heureusement cette mission n'incombe pas aux seules 100 personnes constituant le personnel de l'agence. D'autres acteurs, en contact avec les start-up, les "lab", les clusters techniques viennent démultiplier les moyens de captation. Actuellement, nous finalisons la mise en œuvre opérationnelle du guichet unique pour traiter le plus efficacement le flux de projets entrant, soit à terme environ 400 projets annuels, sur lesquels 15 à 20 seront finalement retenus. Le passage à l'échelle est une autre difficulté, nécessitant de concevoir de bout en bout les étapes pour faire aboutir les meilleurs projets. Pour ce faire, des processus sont mis en place. Ils se doivent d'être rapides et efficaces, avec la réalisation de maquettes ou de prototypes. Mon ambition est de passer le plus rapidement possible d'une situation de première expérimentation à une phase de production.

Avez-vous le sentiment que l'Agence s'est bien intégrée dans l'écosystème de la défense et que vous avez évité l'écueil de passer pour une agence gadget ?
La question de l'intégration de l'Agence dans l'écosystème de défense est cruciale. Cette intégration passe par différents leviers. Un levier financier : l'Agence orchestre toute l'innovation de défense. En ce qui concerne les études amont et les dispositifs de soutien à l'innovation, l'Agence gère un budget de 720 millions d'euros aujourd'hui qui passera à 1 milliard d'euros à compter de 2022 selon la trajectoire de la loi de programmation militaire (LPM). Un levier lié à la gouvernance : l'Agence bénéficie du soutien plein et entier de la DGA, des armées et du SGA (secrétariat général pour l'administration, ndlr) et d'autres directions et services, siégeant au comité de pilotage de l'Agence. Cette gouvernance démontre que l'agence n'a pas échoué à s'insérer au sein de l'écosystème de défense préexistant.

Le document d'orientation de l'innovation de défense (DOID), dont la rédaction a été coordonnée par l'AID, est ainsi la preuve que nous avons impliqué l'ensemble des acteurs. Il matérialise cette intégration. Enfin, un levier lié à l'organisation : l'Agence est constituée de personnels de la DGA, de l'EMA et des Armées et du SGA. En outre, son fonctionnement est très intégré à celui de la DGA pour les fonctions "achats", "expertise technique" et "finances". Sur le volet "achats", la direction des opérations de la DGA a d'ailleurs dédié une équipe à l'Agence.

L'Agence a-t-elle également su trouver sa place auprès du CNES, de l'ONERA, de l'Institut Saint-Louis, du CEA etc... Est-ce que tout le monde travaille en bonne intelligence ?
La réponse est oui. L'Agence a consolidé les relations avec ses différents partenaires et organismes sous tutelle. Ces organismes d'excellence nous permettent d'aller voir plus loin, d'imaginer après-demain dans tous les domaines, dont l'hyper vélocité, les armes à énergie dirigée, l'informatique quantique... Cet écosystème concourt à garder l'autonomie stratégique de la France car il détient de nombreuses compétences uniques, sur le plan international. Notre rôle est aussi d'assurer que cette excellence est bien prise en compte dans les études que nous soutenons. Ce qui change également aujourd'hui : l'orientation affichée des efforts technologiques et scientifiques via des feuilles de route construites avec ces organismes de recherche, et une prise en compte volontariste des nouvelles priorités comme le spatial ou l'intelligence artificielle.

Avez-vous l'intention de continuer à faire bouger les lignes ?
Dans le domaine des études amont, il y avait une segmentation par domaine depuis 2013 : aéronautique, naval, terrestre.... L'agence a souhaité mettre en place une segmentation plus transverse en créant des domaines d'innovation nouveaux tels que "espace", "armes non cinétiques", "supériorité informationnelle". En outre, les autres domaines d'innovation ont été structurés selon une approche capacitaire : "Combat aérien et frappe air-sol"» ou encore "Aéromobilité". Cette nouvelle segmentation est le fruit d'une réflexion commune avec la DGA, également construite avec l'état-major des armées.

L'avenir non prévisible trouvera naturellement sa place dans cette nouvelle segmentation, typiquement dans le cas des technologies émergentes de défense dont on ne sait pas encore si elles nécessiteront des études. En outre, tout ce qui pourra être mutualisé le sera. Cela permettra la transposition des résultats des études d'un milieu au profit des autres. L'arrivée de l'agence permet de repenser la façon dont une nouvelle technologie s'insère. Nous n'avons pas imposé ces changements, ils ont été discutés avec les états-majors, la DGA et ont également impliqué nos partenaires industriels.

La richesse de la recherche française vous a-t-elle surpris ?
J'ai trouvé des pépites ! Beaucoup de pépites à la fois dans la recherche publique et dans l'industrie. Les capteurs quantiques en font partie ! Il y a une réelle force de la recherche française, qui doit être davantage mise en valeur. Il y a des niveaux de développement scientifique dont nous n'avons pas à rougir.

Quel est le rang de la France en termes d'innovation de défense ?
Nous sommes sans doute derrière les Etats-Unis, mais parmi les premiers en Europe. J'ai effectué des déplacements aux Etats-Unis, au Royaume Uni, à Singapour et en Corée du sud. Tous ces pays veulent travailler avec la France. Je me suis rendu compte que le modèle de l'Agence les intéresse beaucoup. Il est relativement unique. En effet nous travaillons aussi bien sur des niveaux de maturité très bas qu'au profit des programmes d'armement. J'ai constaté que le niveau scientifique de la France est reconnu. Nous ne sommes pas ridicules. Il faut le faire savoir.

Mais des organismes comme l'ONERA sont plus reconnus à l'étranger qu'au niveau national...
Cela va changer. Nous avons la volonté de mettre en avant les pépites existantes aussi bien dans la défense que dans l'écosystème civil français. C'est notre volonté en travaillant et en communiquant avec ces organismes d'excellence sur les sujets de demain. C'est pour cette raison que lors du 14 juillet nous avons mis en lumière le robot Stamina de l'institut Saint-Louis avec les drapeaux français et allemand.

Mais la DGA, l'ONERA ont semble-t-il des problèmes d'attractivité et de fidélisation des jeunes chercheurs. Que préconisez-vous ?
C'est un réel problème. Charge à nous de les attirer, de les fidéliser, de booster leur carrière. Nous menons une réflexion importante sur ces sujets-là. Sur l'attractivité notamment. Nous sommes en compétition avec des écosystèmes civils extrêmement dynamiques. Par exemple, un profil de chercheur en cyberdéfense ou en aéronautique dans une entreprise privée est extrêmement recherché du fait de perspectives de carrière et de rémunérations supérieures à celles du domaine public. Je crois beaucoup aux échanges de chercheurs, qui pourraient travailler quelques temps au profit du ministère des Armées, pour revenir ensuite dans leur entreprise d'origine. Il faut encourager les ingénieurs à faire des allers retours dans le domaine public et privé. Mais l'attractivité passe également par une revalorisation des parcours et des carrières. Nous en discutons.

Jusqu'où pouvez-vous aller pour attirer de jeunes chercheurs ?
Il y a quand même un changement de culture : faire de la recherche au profit de l'Etat attire les jeunes parce que c'est une recherche de sens. Il faut également raisonner différemment d'il y a 20 ans. Les jeunes chercheurs ne souhaitent plus absolument faire carrière au même endroit. Je ne serais pas choqué qu'ils veuillent travailler trois ans chez nous avant de rejoindre un autre organisme, public ou privé. Je sais bien qu'il y a des problèmes réglementaires et de déontologie compliqués à régler, mais nous avons lancé un chantier RH (Ressources humaines, ndlr) pour les parcours scientifiques d'excellence.

Des jeunes chercheurs sont prêts à gagner moins pour s'offrir une carte de visite et une expérience grâce à la recherche dans la défense. Nous recevons d'ailleurs des jeunes extrêmement motivés et notre objectif sera de valoriser leurs travaux et de leur offrir une visibilité sur leur parcours professionnel. Quand ils sont performants, on ne doit pas forcément les nommer directeur pour les valoriser. Il faut pouvoir proposer des parcours professionnels différents et valoriser financièrement un expert technique au même titre qu'un directeur. Dans l'industrie, cette valorisation de l'expertise technologique est depuis une dizaine d'années une réalité.

Sur le plan budgétaire, avez-vous des inquiétudes sur la trajectoire financière de la LPM pour l'innovation ?
La ministre des Armées Florence Parly a la volonté de faire respecter l'exécution de la LPM et je n'ai donc pas d'inquiétude sur ce point. Dans ce cadre, et en ce qui concerne l'innovation, il est nécessaire de disposer de capacités d'adaptation et de marges de manœuvre pour faire face aux nouvelles thématiques d'intérêt. L'exercice est difficile et nécessite agilité et adaptation pour se reconfigurer rapidement face aux nouveaux enjeux dans un monde en perpétuelle évolution.

La création de l'Agence correspond avec la montée en puissance de nouveaux enjeux cruciaux pour les armées comme l'intelligence artificielle, la cyberdéfense, le spatial militaire, les armes à énergie dirigée, l'hypervélocité, la cryptographie, les capteurs quantiques ainsi que les questions environnementales. Que fait l'AID ?
Tous ces enjeux sont décrits dans le DOID dont j'ai déjà parlé, et qui est d'ailleurs, pour une grande partie, public et publié sur le site du ministère. Ces sujets font d'ores et déjà l'objets d'études, de recherches, coordonnées par l'Agence et menées par la DGA, par les laboratoires ou constituent des sujets de recherche plus fondamentale (pour mémoire, outre les programmes d'études, le ministère des armées finance plus de 130 doctorats chaque année). Ces nouvelles priorités sont donc prises en compte préférentiellement dans les études que nous finançons.

Où en est-on la France dans l'IA ?
Le ministère des Armées a créé une cellule de coordination de l'IA de défense, logée dans l'Agence, dont le directeur nommé en juillet est le Professeur Michaël Krajecki, spécialiste IA et du calcul haute performance. Comment faire pour que la France reste dans ce peloton de tête ? L'IA repose sur deux piliers : l'un logiciel, l'autre matériel. Pour la partie matérielle, une initiative européenne, EPI (European Processor Initiative) a retenu notre attention et sera suivie par cette cellule. De façon générale, La France n'est pas en retard et on peut voir l'IA comme les télécommunications il y a 20 ans. Certains pays n'ont pas su se doter de toutes les infrastructures, mais sont cependant performants dans le domaine du numérique et de ses applications. Les Etats-Unis et les pays Anglo-saxons ont pris une avance importante (notamment sur les approches de type deep learning), en ayant recours non seulement aux données produites sur internet mais aussi grâce à des chercheurs français.

L'IA s'appuie sur les mathématiques appliquées et l'informatique, deux domaines de recherche ou la France est reconnue, par son excellente école de mathématiques et ses organismes de recherche et universités. C'est pour cela que je reste optimiste. Il y a un défi lancé sur l'explicabilité de l'IA et de garantie de fonctionnement des systèmes critiques, car les nouvelles approches par apprentissage fonctionnent dans une certaine mesure comme une boite noire. C'est pourquoi il faut donc appuyer cette recherche pour lesquels des efforts conséquents ont été annoncés par la ministre.

Les armes autonomes sont-elles pour demain ?
La France a des systèmes d'arme automatisés, qui ne sont pas pour autant autonomes, car ils n'ont pas la possibilité de décider de changer de mission ou de s'en affecter une nouvelle : la décision d'engagement reste de la responsabilité de l'être humain.

Un responsable américain a déclaré pour justifier les programmes IA « ce qui serait inacceptable, c'est que des soldats américains soit tués par une patrouille de robots ». Allons-nous vers de tels théâtres d'opérations ?
Envoyer des robots vers des robots adverses ne veut pas dire que ce sont des robots autonomes, sans homme dans la boucle et capable de désigner eux-mêmes leurs objectifs. Lors de son discours du 5 avril dernier présentant la stratégie du ministère en matière d'IA de défense, la ministre a rappelé trois principes fondamentaux : le respect du droit international, une maîtrise suffisante par un opérateur humain et la permanence de la responsabilité du commandement. Les armes véritablement autonomes en matière décisionnelle, ce n'est donc pas le choix de la France.

Dans l'espace, avez-vous déjà fait les arbitrages pour caser les nouveaux programmes spatiaux ?
La France a la volonté de protéger ses capacités spatiales. Le ministère des Armées a dégagé une enveloppe budgétaire de 700 millions d'euros sur la LPM, qui viendra en supplément des 3,6 milliards d'euros déjà fléchés pour les programmes spatiaux. Ces financements permettront de mettre en œuvre la nouvelle politique spatiale décidée par la ministre des Armées.

Pouvez-vous expliquer le projet de Red Team ?
L'idée est d'imaginer le futur à horizon lointain (2050, 2080...) et d'anticiper les futures menaces. Par définition, nous sommes prisonniers de notre mental quotidien. Pour percer le mur de l'imaginaire, il faut faire appel à des personnes qui pensent en dehors du cadre : les auteurs de science fiction sont de ceux-là. Nous avons déjà fait une première expérimentation au festival des Utopiales avec des auteurs et des dessinateurs de Science-Fiction. Nous leurs avions demandé d'imaginer ce que serait un drone de surface naval en 2080. Ils ont réfléchi à des concepts auxquels nous n'avions pas pensé, comme un serpent de mer qui s'égrène en drones autonomes et se fondent dans la population marine. L'idée est de mettre leur créativité à notre service en nous challengeant. Nous réaliserons une première expérimentation de Red Team constituée de personnes externes à l'Agence. Puis nous analyserons si c'est pertinent de pérenniser cette structure. Pour cela, nous avons d'ores et déjà fait appel à Roland Lehoucq, astrophysicien et président du festival des Utopiales qui va l'animer et qui est l'une des quatre personnalités qualifiées accueillies dans le comité de pilotage de l'innovation de défense. Je ne doute pas de la réussite de cette Red Team.

Où en est le ministère des Armées dans le domaine des neurosciences ?
Le ministère a lancé le projet Man Machine Teaming, qui explore la possibilité de développer un système aérien cognitif. Les sociétés titulaires du marché, Dassault Aviation et Thales, s'intéressent notamment à la façon dont les pilotes pourront communiquer avec une intelligence artificielle dans le cockpit du futur. La charge mentale du pilote est prise en compte puisque ce n'est plus seulement le pilote qui dirige l'avion mais bien également l'avion qui l'assiste. Ce programme est important pour le SCAF où il faudra que le pilote gère une flotte de drones dans un contexte de mission adaptatif. Le différenciant de demain sera d'optimiser la relation entre le cerveau et l'IA. Il y a des programmes en cours sur cette thématique, notamment au sein du service de santé des armées.

L'informatique quantique fait-elle partie de vos priorités ?
C'est effectivement un sujet que nous regardons avec intérêt. Nous participons à une task force interministérielle sur le quantique. En ce qui concerne la défense, trois sous-thématiques nous intéressent tout particulièrement : la cryptographie quantique et post quantique, les capteurs (comme les gravimètres à atomes froids) et, enfin, le calcul et les ordinateurs quantiques. Ce sujet peut tout révolutionner, il s'agit d'une véritable rupture. Il est donc impératif de s'y intéresser, d'autant plus que la France dispose d'excellentes filières en mathématiques et en physique. Toutefois ces sujets d'innovation doivent être considérés dans une perspective de coopération avec nos partenaires européens.

Et l'hypervélocité ?
Le programme VMAX (véhicule manœuvrant expérimental) a été annoncé par la ministre en janvier dernier. Sous la maîtrise d'œuvre d'ArianeGroup, un démonstrateur de planeur hypersonique devrait voler d'ici fin 2021.

Le Flyboard Air de Franky Zapata est-il seulement un gadget spectaculaire... ?
Pas du tout, même si cela peut être perçu ainsi. C'est le premier dossier présenté à l'AID et porté par les forces spéciales qui y décelaient un potentiel opérationnel. Le 14 juillet a donné l'occasion de mettre en avant ce projet innovant mis au point par un autodidacte, Franky Zapata. L'agence soutient actuellement ce projet pour améliorer entre autres sa discrétion acoustique et son autonomie de vol. On peut imaginer de l'employer pour un assaut ou une extraction rapide dans un contexte de combat de haute intensité. Des versions dérivées sont à l'étude avec pour objectif de transporter des charges utiles allant du transport logistique de munitions ou de vivres à l'évacuation sanitaire en zone de combat. Le véhicule peut d'ailleurs être dronisé.

Pourquoi le fonds Definvest est-il dans votre budget ?
Bien qu'effectivement dans le périmètre du budget de l'agence, le fonds Definvest reste sous gestion de la DGA, en charge de la politique industrielle. Son objectif est de soutenir les entreprises critiques, mais pas nécessairement porteuses de projets innovants, même si ce n'est pas exclu. Le cas échéant, l'agence est de facto associée. De nouveaux modes d'investissement sont en cours d'étude au sein de l'agence et une réflexion est engagée notamment pour imaginer de nouveaux modes d'actions, qui pourraient aller jusqu'à des prises de participations. Cette politique globale de financement de l'innovation de défense sera présentée à la ministre d'ici la fin de l'année. Elle prendra en compte l'adaptation des dispositifs existants, dont le dispositif RAPID fort apprécié des PME, et qui fête d'ailleurs ses 10 ans.

Avez-vous mission de verdir les programmes d'armement ?
La question environnementale est omniprésente et systématiquement prise en compte dans les programmes mis en œuvre. Au-delà de cette prise en compte, les sujets de l'énergie et de l'environnement sont des sujets de recherche en tant que tels. Des travaux de recherche spécifiques sur l'hydrogène sont en cours, avec notamment un projet de station hydrogène pour drone, exposé à l'Université d'été de la défense. Pour mémoire, un kit énergie, particulièrement utile en OPEX, composé de panneaux solaires dépliables a été présenté au 14 juillet. L'AID ne méconnaît pas les enjeux climatiques et est impliqué au même titre que l'ensemble du ministère.

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Commentaires 6
à écrit le 11/09/2019 à 15:45
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"J'ai trouvé des pépites ! Beaucoup de pépites" Au chocolat apparemment.

le 12/09/2019 à 19:06
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+1000 J en chiale de rire. Tu m as fais journee avec ça !

à écrit le 11/09/2019 à 12:31
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Il fonce à 100 à l'heure attention a l'infarctus

à écrit le 11/09/2019 à 9:15
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Merci pour cet article qui nous éclaire sur l AID. Je ne comprends pas pourquoi on n a pas augmenté le budget de l ONERA ,du CNES ...etc ( bien faible par rapport à ceux de leur homologue allemand DLR,...) Mais pourquoi pas Le volet recherche dua...

à écrit le 11/09/2019 à 8:56
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L'utilisation de robots, de drones armés dans un conflit finira par justifier l'emploi de l'arme atomique. On comprend à cet éclairage que les puissances nucléaires qui sont aussi celles qui développent ces nouvelles armes dopées à l'IA ne voient pas...

à écrit le 11/09/2019 à 8:03
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Je suis heureux de voir Mr Chiva coordonner l'imagination , les concepts , le cognitif et les écosystèmes des individus dans une perspective de réalisations potentielles avec pour seul but une amélioration de la prise en compte de son environnement p...

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